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Sept idées reçues sur les langues d'outre-mer

Michel Feltin-Palas / L'express
Sept idées reçues sur les langues d'outre-mer

Les langues minoritaires de métropole sont mal connues ? C'est encore pire pour leurs cousines d'outre-mer. Voici une petite antisèche

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Outre-mer, on parle partout le créole. FAUX
En réalité, la situation diffère selon les territoires. En Nouvelle-Calédonie, à Wallis-et-Futuna, en Polynésie, à Mayotte, sont pratiquées des langues autochtones, c'est-à-dire les langues en usage avant la colonisation. A La Réunion, en Martinique, en Guadeloupe, on parle en effet créole, mais, si tous sont à base française, ils diffèrent selon le lieu.
A noter deux situations particulières. En Guyane cohabitent plusieurs créoles et des langues amérindiennes. A Saint-Pierre-et-Miquelon, seul le français est en usage, après l'éradication totale des populations locales et la disparition des langues régionales parlées originellement par les colons.
Outre-mer, on parle partout français. FAUX
Le français est partout la langue officielle ; il n'est pas pour autant systématiquement la langue d'usage. Certes, beaucoup d'Ultramarins sont bilingues, mais certains ne parlent pas du tout français. "La proportion de francophones varie énormément d'un territoire à l'autre, indique la sociolinguiste Valelia Muni Toke. Elle est évaluée à 100 % à Saint-Pierre-et-Miquelon, à environ 75 % à Wallis-et-Futuna et autour de 50 % à Mayotte." L'Etat rechigne à en tirer les conséquences. S'il est tenu de prévoir des interprètes dans les tribunaux (à défaut, les procédures courraient le risque d'être invalidées), tel n'est pas le cas des trésoreries, des écoles ou des hôpitaux, ce qui pose souvent des problèmes. "Certains malades ne comprennent pas les prescriptions des médecins !", reprend Valelia Muni Toke. Heureusement, le bon sens domine parfois. En Guadeloupe, en Guyane ou ailleurs, les usagers et les agents recourent spontanément aux langues locales.
Ces langues sont moins en danger que les langues de métropole. VRAI
Globalement, c'est exact, car le taux de locuteurs est beaucoup plus élevé outre-mer qu'en métropole. Il est ainsi estimé à 90 % pour le wallisien (les 10 % restants étant des métropolitains). Pour autant, ces langues présentent des signes de fragilité dans la mesure où aucune ne dispose d'un statut officiel, celui-ci étant systématiquement réservé en français. Par ailleurs, il s'agit souvent de langues pratiquées par des communautés réduites. Plusieurs des vingt-huit langues recensées en Nouvelle-Calédonie sont ainsi menacées.
Ce ne sont pas des langues écrites. FAUX
Si la plupart se pratiquaient uniquement à l'oral avant l'arrivée des missionnaires, elles sont passées à l'écrit depuis deux siècles au moins. Il faut noter par ailleurs que les deux langues autochtones de Mayotte, le shimaore et le kibushi, sont écrites depuis au moins cinq siècles (avec une graphie arabe).
Ces langues ne servent à rien. FAUX.
D'une part, certaines d'entre elles jouent un rôle religieux et coutumier majeur, notamment dans le Pacifique Sud. Elles pourraient même jouer un rôle économique important à l'échelle régionale, si la division entre francophones et anglophones héritée de la colonisation n'avait pas coupé des liens entre ces communautés parlant des langues apparentées. Elles favorisent par ailleurs la réussite scolaire, le bilinguisme créant des circuits neuronaux qui facilitent l'apprentissage des autres matières. Enfin, dès lors qu'elle est un produit du génie humain, toute langue "sert" à quelque chose, au même titre qu'une oeuvre d'art.
La pratique de ces langues encourage l'indépendantisme. PAS FORCÉMENT
C'est la crainte traditionnelle de l'Etat : en valorisant les langues autochtones, la France ne risque-t-elle pas de perdre le contrôle de ces territoires et - surtout - de leurs possessions maritimes ? "Le problème est que les sciences sociales disent tout autre chose, corrige Valelia Muni Toke. En Nouvelle-Calédonie, par exemple, la question des langues kanak, sans avoir disparu, ne semble plus jouer le rôle qu'elle a pu avoir dans le discours indépendantiste des années 1980. On peut supposer que l'accession des Kanak à la propriété du nickel a déplacé les revendications, et que les intérêts économiques et politiques déterminent davantage les relations entre les Outre-mer et l'Etat que la pratique d'une langue ou d'une autre."
L'Etat veut vraiment les sauver ? FAUX
Oh, certes, toutes les langues minoritaires font désormais l'objet de discours laudateurs. Mais les actes ne suivent pas. Un enseignant de la Réunion a ainsi été sanctionné pour avoir parlé créole dans une réunion avec le recteur, pourtant lui-même créolophone. Quant au Conseil constitutionnel, il a censuré une décision de l'Assemblée territoriale de Polynésie parce que son vice-président s'était exprimé en tahitien.
Résultat ? Ces langues sont pour l'essentiel renvoyées à la sphère privée, ce qui encourage les familles à ne plus les transmettre et à privilégier le français, seul idiome susceptible d'assurer la réussite sociale de leurs enfants. C'est là le plus sûr moyen de les conduire à leur déclin, voire à leur disparition. Comme en métropole.
A LIRE AILLEURS
Le français est-il la bonne langue à utiliser pour favoriser la réussite scolaire des enfants amérindiens en Guyane ? Voici ce qu'en pensent deux enseignants nommés sur place.
Sélectionnés à travers le monde par les Instituts français et les Alliances françaises, âgés de 18 à 28 ans, 20 candidats vont prochainement s'affronter dans la langue de Molière lors d'un concours d'éloquence. Les huit finalistes se présenteront à l'Académie française le 17 mars devant un jury présidé par l'écrivaine Leïla Slimani.
Le ministre de la culture a dit regretter "ce choix indépendant de France (sic) Télévision" tout en ajoutant : "On sait que les contenus français en langue étrangère sont aussi une façon de faire rayonner la France ". Une position qui revient à revendiquer une infériorité vis-à-vis de la culture anglo-saxonne et qui suscite l'ire de nombreuses associations de défense du français.
Plus de moyens pour le gallo : c'est ce que réclament, en substance, les amoureux de "l'autre langue de Bretagne", souvent éclipsée par le breton.
Accuelh, vestiaris, banhs, surtida de secors... Mathieu Gautherie a mis en place une "signalétique bilingue français-occitan" dans sa salle de sport, afin de valoriser la langue historique de la Dordogne et de se différencier des concurrents. Ses clients, apparemment, sont ravis.
Erratum
J'ai effectué un raccourci fautif la semaine dernière à propos de l'un des livres de Françoise Nore en lui faisant dire que le nom du clafoutis "était dérivé de l'ancien français claufir, "fixer avec des clous"". En réalité, comme me l'ont fait remarquer plusieurs internautes, ce terme provient d'abord du languedocien claufir, attesté également en limousin sous la forme clafir, ainsi que l'atteste l'excellent site lo congres
A ECOUTER
Cette linguiste est l'une de celles qui connaît le mieux les langues d'outre-mer, dont elle expose ici les principaux enjeux. Et elle a l'avantage d'être très claire !
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