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ST-KITTS: Les habitants voient des signes alarmants du changement climatique

ST-KITTS: Les habitants voient des signes alarmants du changement climatique

BASSETERRE, St-Kitts, 12 avr (IPS) – C’est la mi-matinée et la température a déjà atteint 80 degrés centigrades. Mais cela n'empêche pas Dr Kimberley Stewart et son groupe d'environ 50 bénévoles de mener leur exercice mensuel de nettoyage de 'Keys Beach', l'une des principales plages de ponte des tortues de mer sur cette petite île des Caraïbes.

Cette chercheuse d'origine américaine, qui est venue pour la première fois ici en 2002 pour fréquenter la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université Ross, a été une bénévole de longue date sur des projets de tortues de mer. Elle a rejoint la faculté de l'université après avoir fini avec succès ses études en 2006.

Dr Brown s’est associée avec le ministère des Pêches et le Fonds national pour créer le Réseau de surveillance des tortues de mer de Saint-Kitts (SKSTMN).

Chaque année, entre mars et juillet, environ 40 à 65 tortues de mer femelles luths viennent à 'Keys Beach' pour pondre leurs œufs. Les tortues luths peuvent parcourir jusqu’à 19.000 kilomètres entre leurs sites de nidification et d'alimentation. Dr Stewart a déclaré à IPS qu'elle est de plus en plus préoccupée par la perte des plages de nidification ici et croit que les changements climatiques constituent un facteur favorable.

“Nous avons connu une certaine augmentation de l’érosion au cours des deux dernières années; c'est l’une de nos principales inquiétudes et nous suivons cela de très près”, a-t-elle dit. “Nous avons les coordonnées GPS de tous nos nids de sorte que nous pouvons en réalité regarder en arrière au fil des ans et déterminer si nous perdons de plage”.

Dr Stewart s’inquiète également de ce que la hausse des températures n’entraîne une population biaisée de tortues de mer puisque le sexe de cette créature est déterminé par la température.

“Quand les œufs sont pondus, ils ne sont pas mâles ou femelles, le sexe est déterminé par la température d'incubation, alors des températures d'incubation élevées produisent plus de femelles et des températures d'incubation plus basses donnent des mâles.

“Donc, c'est quelque chose qui a un lien avec les changements climatiques et la hausse des températures que nous pourrions potentiellement considérer comme un problème pour les tortues”, a-t-elle expliqué.

Cette fédération bi-insulaire, comme beaucoup d'autres îles dans les Caraïbes et la région Asie-Pacifique, n'a pas de ruisseaux, de rivières ou d’étangs d'eau douce de grande taille. Pour cette raison, personne n'a pris la peine d'introduire l'aquaculture dans ce pays, qui a une population d'environ 50.000 habitants et une économie dépendante principalement du tourisme, de la transformation et du financement de l'étranger.

Ceci, jusqu'à l'arrivée ici du Dr Barrington Brown, un entrepreneur jamaïcain qui a créé la 'Fish Farm Conaree' (Ferme piscicole Conaree) – appelée Projet pilote d’aquaculture sur la recherche environnementale de Saint-Kitts-et-Nevis (SNAPPER)- élevant le tilapia d'eau douce dans l'eau de mer. C'est le premier du genre dans la région.

Il souligne aussi des changements climatiques pour les problèmes actuellement rencontrés au SNAPPER, qu’il dirige à 'Conaree Beach', à environ un kilomètre et demi de 'Keys Beach'. Ces deux plages se situent du côté Atlantique de l'île.

Le projet SNAPPER utilise une pompe de trois chevaux pour aspirer l'eau sur une distance de 320 mètres dans l'océan. Elle est ensuite versée dans plusieurs étangs artificiels où les tilapias sont élevés. Il faut neuf mois avant que les poissons ne soient prêts pour le marché, lorsqu’ils pèsent environ une livre chacun.

Mais des algues provenant de la mer des Sargasses, qui échouent en masse sur les plages ici et d'ailleurs dans les Caraïbes, bouchent les conduits d'admission, obligeant Dr Brown et ses employés à nager dans les eaux dangereuses de l'Atlantique pour déboucher les tuyaux.

“Nous sommes obligés de plonger jusque-là pour enlever les mauvaises herbes des conduits d'admission. Ce que nous avons également trouvé, c'est qu’il n'y a pas de végétation verte sur le récif là-bas, tout est brun”, a-t-il dit à IPS.

“Nous avons dû faire un peu de recherche et ce que nous avons découvert est que à cause de la variation de la température, les mauvaises herbes (sargasses), qui ont besoin de la lumière du soleil pour pousser, sortent du fond de la mer et des gens qui viennent par l'Atlantique m'ont dit qu’il y a des kilomètres de cela (l’herbe) là-bas”.

Dr Brown a déclaré que les pêcheurs qui ont l'habitude de récolter la mousse de mer dans la zone n'ont pas pu le faire au cours des trois dernières années, ajoutant que “beaucoup de pêcheurs opèrent généralement sur cette plage, mais il n'existe plus de poissons ici”.

Dr Stewart qualifie la mauvaise herbe sargasse d’une partie naturelle de l'environnement, ajoutant que ses équipes de nettoyage ne l'enlèveraient que si elle constitue une menace pour les tortues de mer nouvellement écloses.

“Nous enlevons seulement les débris plastiques ou métalliques qui ont été déposés ici par les humains. La sargasse ne constitue pas un danger pour les tortues de mer ni, en réalité, pour bon nombre d’oiseaux nicheurs que nous avons sur cette plage de se nourrir dans cette sargasse”, a-t-elle indiqué à IPS.

“Si nous avons de nouveau-nés de tortues de mer, qui sont seulement longues de deux pouces quand elles émergent, nous serions en réalité en train d’enlever une partie de cette (mauvaise herbe sargasse) devant leur nid afin qu'elles puissent atteindre l'océan, mais à part cela, nous ne la perturbons pas”.

Althea Spencer, un employé de bureau, a déclaré à IPS que les autorités ne font pas assez pour sensibiliser la population sur les conséquences des changements climatiques sur l’environnement de Saint-Kitts-et-Nevis et que les gens ne semblent pas être assez préoccupés par le sujet.

“Tel que je vois que nous, les Kittitiens, les percevons (les changements climatiques), c'est que c'est quelque chose qui se produira dans 100 ans. Ils ne sont pas considérés comme un problème qui va nous affecter maintenant, alors personne ne se soucie vraiment de sa tête par rapport à ce sujet”, a-t-elle souligné.

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