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Tenter de cerner l'hydre de Lerne

Erick NOEL
Tenter de cerner l'hydre de Lerne

   Le livre de Corinne Mencé-Caster nous emmène dans un corps, un corps universitaire que je croyais, comme sans doute nombre de mes collègues, régi par les mêmes règles de fonctionnement et les mêmes modalités de transmission que les quelque 80 universités françaises de plein exercice. Le récit, car il s'agit bien d'un récit à caractère autobiographique, met en lumière des aspects pour le moins différents, comme si dans ce corps en existait un autre, mu par ses propres méthodes et articulé par ses propres bras, sans que paraissent troublées, en apparence, les fonctions motrices de l'institution en général. On découvre ainsi, dans le rapport des faits établis par sa présidente, une sorte de dualité qui ne pouvait être comprise dans son ensemble qu'en sondant ce corps depuis la tête.

   La compréhension des dysfonctionnements et des irrégularités aurait pu donner lieu à un déroulé ennuyeux, sous la forme de rapports administratifs et judiciaires pointant les dérives financières, si précisément l'approche littéraire de son auteure ne lui avait conféré un tour plus captivant. Au-delà des noms déformés à souhait des différents protagonistes, qui invitent à rechercher qui se cache derrière d'improbables patronymes, le champ lexical proposé au lecteur offre encore, par le florilège des formules créoles, autant de clés de compréhension possibles d'une affaire qui se révèle tentaculaire. Derrière le jeu de pistes ludique de la quête des acteurs, il y a du roman policier dans l'écriture de cette histoire à rebonds, tentant de cerner "l'hydre de Lerne".

   Le récit émaillé de réflexions de vie, comme aussi de questionnements sur le sens des pouvoirs qui s'exercent autour d'une institution, m'a paru ouvrir également des pistes insoupçonnées pour l'historien que je suis. " Ici les maîtres ont pu être des Nègres, et les esclaves, tantôt des Nègres, tantôt des Blancs ". L'idée évoquée en préambule se retrouve plus loin, dans la comparaison troublante entre l'institution universitaire et "l'habitation-plantation", la main-mise par quelques-uns sur les rouages d'un système ayant pour effet de le privatiser aux dépens de l'intérêt général, des personnels aux étudiants. Cette sous-colonisation interroge ainsi, dans ce qu'on appelle l'Histoire du temps présent, les ressorts d'une société toute entière, jusque dans ses racines les plus anciennes, pour mieux faire la lumière sur l'actuelle et l'extirper à ses vieux démons.

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