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Tony Blair, la guerre en Irak et la ligue internationale des criminels de guerre

Par Chris Marsden
Tony Blair, la guerre en Irak et la ligue internationale des criminels de guerre

Quelque 1.400 Palestiniens furent tués, en majorité des civils, parmi lesquels quatre cent femmes et enfants. 5.000 personnes au moins furent blessées et 21.000 habitations détruites.
Livni put éviter une arrestation parce qu’on l’informa de l’existence de ce mandat d’arrêt secret et elle ne se rendit pas en Grande-Bretagne.
La réaction du gouvernement britannique à l’émission du mandat d’arrêt a frôlé l’hystérie. Cette réaction consista en des excuses personnelles à Livni et en promesses de la part du premier ministre Gordon Brown, du ministre des Affaires étrangères David Miliband et de la présidente de la Chambre des députés, Harriet Harman, que le gouvernement allait demander à faire changer la loi afin de prévenir tout mandat d’arrêt contre des responsables israéliens à l’avenir.
Il y a des raisons de politique étrangère évidentes à ce que la Grande-Bretagne se précipite pour protéger le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Israël est un allié crucial de l’Occident au Moyen-Orient et une voix influente à Washington. Mais il y a d’autres facteurs qui dictent le comportement de Brown et Cie.
Le jour même où le mandat d’arrêt contre Livni était retiré, la BBC diffusait une interview télévisée avec l’ancien premier ministre Tony Blair. Dans cette interview on demanda à Blair s’il aurait toujours été en faveur d’une invasion de l’Iraq en 2003 s’il avait su que le régime irakien ne possédait pas d’« armes de destruction massive » (ADM) ainsi que son gouvernement l’avait prétendu à l’époque.
Blair éluda tout d’abord la question, puis il dit que cela n’aurait fait aucune différence. La question des ADM n’était qu’une de ses préoccupations, déclara-t-il. « C’était l’idée de sa présence [Saddam Hussein] en tant que menace pour la région, le fait de savoir comment cette région allait changer pendant qu’il était là » qui avait motivé ses actions, dit Blair.
Même sans ADM « j’aurais quand même pensé que c’était juste de le faire partir » continua-t-il. « Je veux dire – évidemment, il aurait fallu utiliser et déployer des arguments différents, quant à la nature de la menace. »
Blair dit clairement ensuite qu’il avait décidé de suivre une politique de la guerre préemptive contre un régime n’ayant commis aucun acte hostile et dans le but d’assurer un changement de régime. Il dit à ses interviewers que la question en jeu ici était de savoir si la région allait « évoluer » de la « bonne manière ».
Les déclarations de Blair constituent un justificatif suffisant pour qu’il soit traduit en justice sur une accusation de crimes de guerre. Dans un procès, elles pourraient être retenues comme une preuve crédible que lui et ses alliés de l’administration Bush sont coupables d’avoir préparé et mené une guerre d’agression.
Son admission sape ses efforts passés pour donner une couverture de légitimité internationale à la guerre contre l’Irak. Lui et le gouvernement britannique ne pouvaient pas officiellement s’engager en faveur de la politique avouée de changement de régime du gouvernement Bush, parce qu’ils avaient été averti de son illégalité.
Au lieu de cela, Blair et les services de sécurité britanniques ont avancé la thèse que les prétendues ADM de l’Irak représentaient une menace directe pour la Grande-Bretagne et ses alliés. Sur cette base, ils argumentèrent qu’une invasion serait un acte de légitime défense, citant cyniquement des résolutions des Nations unies sur le désarmement irakien, malgré l’échec des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne d’obtenir de la part du Conseil de sécurité de l’ONU une résolution autorisant la guerre.
Il est aussi à noter que la semaine qui a précédé l’interview de Blair, Sir John Scarlett, le directeur du Joint Intelligence Committee au moment de l’invasion de mars 2003, dit à la commission d’enquête Chilcot sur la guerre en Irak, que des informations selon lesquelles Saddam Hussein ne disposait pas d’armes de destruction massive furent envoyées directement à Blair avant l’invasion.
Les déclarations faites par Blair dans son interview, détermina Hans Blix, qui avait conduit la mission d’inspection des Nations unies sur l’existence d’armes de destruction massive en Irak, à dire : « on dirait un peu une feuille de vigne dont on se servait et si on ne s’était pas servi de cette feuille de vigne là, alors on aurait essayé d’utiliser une autre feuille de vigne ».
Jonathan Steele observa dans le Guardian, normalement pro travailliste : « La fanfaronnade de Tony Blair qui dit qu’il aurait cherché à chasser Saddam Hussein même en sachant que le président irakien n’avait plus d’armes de destruction massive apporte une preuve nouvelle qu’il a probablement commis un crime en accompagnant l’invasion de George Bush. Cela met aussi sur la sellette Gordon Brown, David Miliband, et le reste du gouvernement travailliste de l’époque ».
Steele mentionna des précédents récents qui étaieraient une accusation de crimes de guerre contre Blair. « Dans des affaires portées devant la Cour pénale internationale pour la Yougoslavie, on a qualifié de collaboration à une ‘entreprise criminelle commune’ les actes de leaders politiques ayant fomenté une violence illégale à une grande échelle ».
Il existe un autre précédent légal. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les accusations portées lors du principal procès de Nuremberg contre vingt-deux criminels de guerre, ce qui incluait la direction du parti nazi, étaient celles de : participation à un plan ou à une conspiration communs en vue de perpétrer un crime contre la paix ; préparer, commencer et conduire des guerres d’agression et autres crimes contre la paix ; crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Le tribunal résuma son verdict de culpabilité contre les accusés en expliquant : « la guerre est essentiellement un mal. Ses conséquences ne se limitent pas aux seuls Etats belligérants, mais elle affecte le monde entier. Commencer une guerre d’agression, par conséquent, n’est pas seulement un crime international, c’est le crime international suprême, différent des autres crimes de guerre en ce qu’il comporte en lui-même le mal accumulé du tout. »
Les principes de Nuremberg furent adoptés par la Commission du droit international des Nations unies qui en fit le principal fondement du droit international, tel qu’on le retrouve dans la convention de Genève. Celle-ci fut à son tour incorporée au droit britannique dans le Geneva Conventions Act de 1957.
L’admission de Blair ouvre donc à d’éventuelles poursuites pour crimes de guerre toute la direction du Parti travailliste, ainsi qu’un nombre appréciable de membres de l’establishment politique et militaire britannique.
Il n’est donc guère surprenant que Brown et Miliband aient tant hâte d’empêcher un procès sur la base d’une accusation de crimes de guerre contre Livni. C’est aussi pourquoi ils cherchent tellement, au nom d’une supposée limitation des « abus » de la jurisprudence universelle, à retirer du droit anglais un des articles centraux de la convention de Genève stipulant que les nations signataires sont dans « l’obligation de rechercher les personnes prévenues d’avoir commis, ou d’avoir ordonné de commettre, l’une ou l’autre de ces infractions graves » à la convention et qu’elles devront « les déférer à [leurs] propres tribunaux, quelle que soit leur nationalité ».

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