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Trois livres avec comme arrière-plan le scandale du CEREGMIA

Jean-Laurent ALCIDE
Trois livres avec comme arrière-plan le scandale du CEREGMIA

   Si les instances universitaires nationales, en l'occurrence le CNESER (Conseil National de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche) ont révoqué de la fonction publique les trois dirigeants de l'ex-CEREGMIA, groupe de recherches en économie disposant d'une antenne sur les trois pôles de l'ex-UAG (Université des Antilles et de la Guyane), la justice, elle, semble les avoir oubliés.

   Pourtant, plus de 12 millions d'euros de fonds européens sont en jeu pour lesquels l'Université des Antilles a déjà été obligée de rembourser 5 millions d'euros.

   En dépit de ce bien curieux oubli (la justice française sous les cocotiers est souvent frappée d'amnésie, sauf pour les petits voleurs de mobylette), les gens de plume, eux, ont tenu à inscrire ce scandale dans la mémoire de nos pays. Nous disons bien "nos pays" et non la seule Martinique comme certains le font croire en Guadeloupe et en Guyane, feignant de ne pas savoir, pour ne prendre que ce seul exemple, que le CEREGMIA-Guadeloupe comportait davantage de membres que le CEREGMIA-Martinique. Pourtant, il suffisait d'aller sur le blog de l'ex-CEREGMIA pour s'en rendre compte !

   Le scandale de l'ex-CEREGMIA a été (et est encore)__n'en déplaise à certains !__un scandale martinico-guadeloupéo-guyanais comme on peut également le voir dans l'un des innombrables rapports rédigés sur les pratiques illégales de ce groupe de recherches : le rapport de l'IGAENER (Inspection Générale de l'Education Nationale et de la Recherche) dans lequel 43 personnes sont listées. Soit 3 de plus que la bande à Ali BABA...

   Cette évidence, soigneusement cachée par certains donc, apparaît dans les 3 livres paru ces derniers mois qui ont pour arrière-plan le scandale du CEREGMIA. A savoir :

 

   __Le Talisman de la présidente de Corinne MENCE-CASTER, ex-présidente de l'Université (éditions ECRITURE).

 

   __Meurtres à Télé-Caraïbes d'André BERTHON, ex-journaliste à RCI (chez CARAIBEDITIONS).

 

   __L'Enlèvement du Mardi gras de Raphaël CONFIANT, enseignant à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l'Université (éditions ECRITURE).

 

   Ce qui frappe le lecteur d'emblée, c'est que si ces trois livres ont le même arrière-plan, ils sont fort différents les uns des autres et cela déjà par le genre littéraire dans lequel ils s'inscrivent. Le livre de C. MENCE-CASTER est une confession, celui de BERTHON un polar et celui de CONFIANT un mélange de "campus novel" et de polar. Cela induit que l'écriture ou plus exactement le style de chacun d'eux diffère : très littéraire dans le premier, polar-classique dans le second et SAN ANTONIESQUE, si l'on peut dire, dans le troisième. Du coup, le lecteur n'a aucunement l'impression de lire la même histoire. A la limite, le lecteur non-antillais et non informé du scandale du CEREGMIA peut même ne pas réaliser qu'ils ont tous trois le même arrière-plan.

   D'abord, le CEREGMIA n'y est jamais désigné par son nom : Le Talisman de la Présidente évoque systématiquement "les méchants" ; Meurtres à Télé-Caraïbes le nomme le "Cersiad"L'Enlèvement du Mardi gras, lui, parlera du "Filmaneg". Pas plus que ne sont désignés par leurs vrais patronymes les protagonistes du scandale. Si bien qu'en fait, en dépit de leurs différences, on peut ranger ces trois livres dans la catégorie dite des "romans à clés". Ce genre littéraire, plus utilisé qu'on ne le croit, évoque des personnes, des faits et des situations bien réelles mais sans jamais en dévoiler l'identité, sauf de façon masquée ou adjacente. Les lecteurs qui disposeront des "clés" pourront alors assez aisément mettre un nom sur eux, mais la grande majorité des lecteurs, aucunement.

   D'autre part, il n'y a pas que le style qui différencie ces ouvrages, il y a aussi et surtout le ton :  intimiste  chez MENCE-CASTER, neutre et "chirurgical" chez BERTHON, jubilatoire et "rachmabab" chez CONFIANT. On sent que la première a dû souffrir en se remémorant, lors de la rédaction de son livre, toutes les avanies qu'elle avait subies lorsqu'elle présidait aux destinées de l'université.  Il n'est, en effet, jamais facile de reproduire les insultes et les diffamations dont on a été régulièrement l'objet pendant près de quatre années.Le Talisman de la présidente a sans doute été une forme d'exutoire ou plutôt une manière d'exorciser les souffrances de l'auteur confrontée à des mafieux et à des machistes tout à la fois. Nul étonnement donc à ce que ce roman ait été un best-seller, conservant la place de n° 1 dans la liste des 10 meilleures ventes durant 8 mois d'affilée, cela dans les librairies de nos trois pays. Pareil exploit n'avait été réalisée qu'une seule fois auparavant, lorsqu'en...1981, le Dr Hermann PERRONETTE avait publié un livre intitulé "Le Cas Beauregard" (éditions Désormeaux), livre qui évoquait les aventures du célèbre hors-la-loi du même nom.

   Chez André BERTHON, par contre, du fait de sa non implication personnelle dans l'affaire, on sent percer le journaliste d'investigation de grand talent. Habilement, son récit commence en Guadeloupe, se déplace à Marie-Galante, avant d'accoster à la Martinique et l'affaire de l'université est intriquée à une autre liée au monde l'audio-visuel et de la télévision. D'où le titre : "Meurtres à Télé-Caraïbes". Quelqu'un ou des gens veulent empêcher les journalistes de cette télé d'enquêter sur un gros scandale financier qui affecte l'université et n'hésitent pas à kidnapper et à tenter de tuer, voire à tuer, certains d'entre ceux-ci. Un professionnel du renseignement, surnommé "Le Mulâtre" entreprend de démêler les fils de l'affaire.

   Enfin, chez CONFIANT, qui, quoiqu'universitaire n'avait occupé aucun poste dans la gouvernance de l'université à l'époque du scandale, on sent dès les premières lignes une volonté de "dépotjolé", comme on dit en créole, c'est-à-dire de dézinguer les principaux protagonistes de l'affaire. Tantôt lance-flammes tantôt lance-roquettes, sa plume dévastatrice n'en arrache pas moins des fous-rires au lecteur exactement comme dans les romans de San ANTONIO. Entre jeux de mots (parfois douteux), calembours et phrases assassines, il évoque le kidnapping d'une présidente d'université dans une île portant le doux nom de Nadiland, présidente dont l'établissement comporte aussi un campus à Karuland et un autre à Galibia. Hum...

   Nous ne déflorerons pas ces deux ouvrages, laissant plutôt au lecteur le soin de les découvrir par lui-même, mais ce que l'on peut lui garantir, c'est qu'il ne s'ennuiera pas et surtout qu'il peut les lire dans n'importe quel ordre. Pas forcément selon leurs dates de parutions respectives...

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