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Un Français se bat pour préserver une langue morte d’Alaska

Astrid Ribois-Verlinde ("French Morning")
Un Français se bat pour préserver une langue morte d’Alaska

En 2008, Marie Smith Jones, dernière locutrice de l’Eyak, décède. La tribu amérindienne d’Alaska du même nom pensait, avec elle, avoir perdu la langue de ses ancêtres.

Mais l’Eyak n’a pas dit son dernier mot. Deux personnes le parlent encore: Michael Krauss, un Américain passionné d’Eyak, et Guillaume Leduey, un jeune Français de 23 ans originaire du Havre, qui a décidé de se consacrer à sa revitalisation.  “A douze ans, il découvre qu’il existe une langue qui n’est parlée que par deux personnes. Passionné des langues, il s’y intéresse et l’apprend tout seul, avec un livre que lui a envoyé Michael Krauss. C’était sa pierre de Rosette », raconte Vincent Bonnay, un jeune journaliste français qui a décidé de faire connaître cette catastrophe culturelle.

Avec une amie de sa promotion, Marie-Christine Carfantan, ce diplômé  de l’ISCPA Paris est actuellement en Alaska pour réaliser un documentaire sur le sort de la communauté Eyak. Ils ont levé des fonds sur la plateforme Kiss Kiss Bank Bank pour financer leur projet, intitulé “Sur le bout de la langue”, dont Guillaume Leduey est le personnage central.

Ce dernier fait figure d’homme providentiel pour l’Eyak. Langue qu’il maitrise à merveille, ayant lu avec succès un texte en Eyak, avant d’être adopté par la tribu. Une sorte de rite de passage pour tester ses connaissances en la matière. Le bac en poche, Guillaume Leduey reçoit une bourse pour travailler avec l’université d’Alaska afin de rédiger un dictionnaire Eyak-Anglais, « il faut savoir que ce n’est qu’une langue parlée et non écrite  », précise Vincent Bonnay. Seuls quelques textes contés ont en effet été transcrits, notamment par Michael Krauss. Une tâche gargantuesque donc pour ce jeune Français qui travaille à distance depuis Paris et ne se rend en Alaska qu’une fois par an, à Cordova précisément, les terres natales du peuple Eyak, pour apprendre à cette tribu à se réapproprier sa langue ancestrale.

« Sans Guillaume, cette entreprise serait impossible et les membres de la communauté Eyak comptent beaucoup sur lui. L’extinction de l’Eyak est une tragédie pour ce peuple et il est son seul espoir », poursuit Vincent Bonnay, en reconnaissant qu’il s’est demandé plusieurs fois si cette volonté relevait d’une utopie. « L’Eyak peut disparaître à tout moment car la bourse de Guillaume n’est pas éternelle. Mais j’ai envie de croire que le processus ira jusqu’au bout ».

Avec son reportage, Vincent Bonnay sait qu’il ne pourra pas faire changer les mentalités, « ce que nous voulons, c’est montrer une rencontre entre un peuple en perdition et un jeune Français qui lui consacre une partie de sa vie. C’est une histoire magnifique et si le film peut servir, tant mieux ». « Ce qui est arrivé à la langue Eyak peut arriver à d’autres langues d’Alaska, et par extension au français. Le fait d’utiliser des anglicismes est déjà un premier pas où l’on impose une culture étrangère sur un peuple », avertit Vincent Bonnay. Il termine l’interview en nous disant ‘AwA’ahdah…merci en Eyak.

Photo: Guillaume Leduey (centre), avec Vincent Bonnay et Marie-Christine Carfantan – Crédit : Droits réservés

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