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Une société martiniquaise complètement déstructurée ?

Une société martiniquaise complètement déstructurée ?

 Le temps est venu, suite au procès d'une racaille qui a assassiné une jeune Martiniquaise et ses deux enfants de la façon la plus barbare qui soit, de dire la vérité.

  Et cette vérité n'est pas seulement celle des féministes qui dénoncent (souvent à juste titre) le machisme et la violence des hommes martiniquais. A juste titre, en effet, parce que dans notre société née dans l'horreur de la Traite, puis de l'Esclavage, la violence sous toutes ses formes__et d'abord contre les femmes__est fondatrice. Génocide des autochtones kalinagos. Mise en esclavage des Noirs. Servage imposé aux Indiens de l'Inde.
 Cette violence ne fut que partiellement et sporadiquement jugulée par cet extraordinaire processus de résilience que fut la création de la langue et de la cultures créoles ("créole" du latin "creare" qui signifie "créer"). Nous avons dû, en effet, surmonter l'horreur pour tenter de regagner notre humanité, inventer une nouvelle vision du monde, de nouveaux modes d'exister sans que jamais la domination de l'Autre ne cesse tout à fait. Mais en dépit de tout, force est de constater que les fermes de cette violence originaire sont encore bien présents.
  Cependant, l'Histoire n'est pas une excuse, juste une explication.
 Car si cette violence était considérée comme "normale" pendant l'esclavage, après l'Abolition de 1848 (sous d'autres formes) et après notre intégration à la France en 1946 (sous de nouvelles formes cette fois encore), aujourd'hui, elle est tout simplement inadmissible. Désormais, nous sommes presque tous scolarisés, alphabétisés, éduqués, ouverts  au monde grâce aux médias et à l'Internet et nous n'avons plus aucune excuse.
  L'Histoire à bon dos. Ce qui importe, c'est Aujourd'hui !
 Et aujourd'hui, nous sommes en l'An 2000, pas en 1635, en 1775, en 1853 ni même en 1950.
 Or, que constatons-nous ? Un quadruple phénomène de violence dont les trois premiers sont la cause directe de la quatrième. La toute première émane d'un état, l'Etat français, qui "ruse avec ses principes" pour reprendre une expression d'A. Césaire chaque fois qu'il le peut et cela avec un cynisme tout simplement sidérant. Il suffit de se pencher sur son attitude face à un problème qui secoue la Martinique en ce moment, celui de l'empoisonnement de notre pays par le chlordécone. Cela fait 30 ans que des Martiniquais le dénoncent et se battent pour que justice soit faite c'est-à-dire que les empoisonneurs (békés) soient traduits en justice. 30 longues années d'articles de journaux, de conférences, de meetings, de manifestations, de livres, d'interpellations parlementaires etc. Or, cet Etat français se refuse à bouger ! Pire, il a toujours couvert les pires exactions commises en Martinique : assassinat d'André Aliker, mitraillage des ouvriers de la banane en 1974, scandale du Crédit Martiniquais, scandale de la stérilisation sans consentement de nombre de femmes  à l'ancienne Maternité de Redoute dans les années 50-60, BUMIDOM, destruction de notre potentiel agricole à raison de 1.000 hectares par an, épandages aériens inconséquents, comblement inconsidéré de nos mangroves, laxisme envers le trafic de drogue, scandale du CEREGMIA etc...etc...
  La liste de ces exactions impunies serait trop longue à établir.
  Le deuxième responsable de cette violence mortifère est la caste békée, protégée de tout temps par ce même Etat français. Comme sourde et aveugle, cette caste se refuse à comprendre que son règne, son omnipotence, n'ont plus lieu d'être au XXIe siècle. Imperturbablement, elle continue à posséder l'essentiel des bonnes terres, des grandes entreprises et des commerces lucratifs, ne laissant aux Nègres et aux autres composantes que trois issues : le fonctionnariat, la débrouillardise ("djobs") ou l'émigration en France. C'est notre jeunesse qui est frappée de plein fouet : 4.000 jeunes Martiniquais s'en vont chaque année sans grand espoir de retour. Depuis quelque temps, à l'instar de l'Etat français, son protecteur, la caste békée ruse aussi. Elle essaie habilement d'imposer "la Réconciliation" mais sans "la Vérité" en se réclamant de l'esprit de Nelson Mandela, ce qui est tout simplement une honte, cela avec la complicité de bénis-oui-oui basanés. Désormais, elle ne trompe plus personne !
  Le troisième responsable est notre classe politique, toutes tendances confondues (droite, autonomistes et indépendantistes) qui, elle aussi, n'a cessé de ruser depuis un demi-siècle. La Droite en fermant les yeux sur le comportement de l'Etat français et des Békés ; les autonomistes en n'ayant jamais fait le moindre effort de présenter au peuple un programme d'autonomie crédible ; les indépendantistes en n'ayant jamais, eu aussi, présenté aucun programme sérieux d'indépendance. C'est ce qui explique que nos élus (es) soient des mal...élus (es). Un exemple : aux dernières législatives, ceux qui sont devenus députés l'ont été avec moins de...30% du corps électoral ! Cela n'empêche pourtant pas nos élus (es) de dormir dès l'instant où ils et elles peuvent parader à la tête de mairies, de communautés d'agglomération, à l'Assemblée nationale et au Sénat français.
  Ces trois formes de violences sont directement responsables de la quatrième qui se développe en ce moment et qui, de toute évidence n'apportera rien de bon à la Martinique. Car quand on aura fini de déboulonner toutes les statues colonialistes, quand on aura débaptisé toutes les rues portant des noms de racistes ou présumés tels, quand on aura changé le nom du club de basket, la Gauloise de Trinité, celui du club de football foyalais, le Club Colonial, celui du quartier Petite-France (au François) et celui de la ville de Fort-de-France, on fera quoi ? Quel est le programme ? Que devient le principal combat à savoir celui de l'accession de notre pays à la pleine et entière souveraineté ?
 C'est l'accumulation de ces violences diverses et variées, notamment des trois premières, qui a provoqué cette véritable déstructuration de la société martiniquaise à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui : rejet de toute autorité parentale, consumérisme effréné, conduite automobile et motocycliste suicidaire, corruption tous azimuts, compère-lapinisme érigé quasiment en doctrine, absence de solidarité et passivité face à l'injustice, ressentiments ethniques, religions qui se bouchent les yeux et préfèrent regarder vers les cieux, circulation intensive de drogues et d'armes etc.
 Et de belles âmes ont encore le toupet de se demander "pourquoi cette jeune femme bien sous tous rapports sortait avec une racaille" ?
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Commentaires

GIRIER-DUFOURNI... | 17/09/2020 - 11:04 :
ET,en plus de tout cela,certains peuvent être candidats au sénat.Assemblée qui ne sert à rien sauf à permettre certains petits arrangements entre copains pour encore détenir des pouvoirs ,croire qu'ils sont importants et faire sans le peuple qui certainement apporterait un autre résultat que ceux des dernières sénatoriales en 972? ....
Frédéric C. | 18/09/2020 - 16:06 :
La question d'"une certaine ouverture d'esprit" évoquée par M. ou Mme Balivot n'est qu'une hypothèse d'école, une possibilité parmi beaucoup d'autres, en tout cas pour les émigrés en France. Quelques types de cas, bp plus fréquents qu'on ne le croit. 1)De nombreux émigrés restent aussi bornés que s'ils étaient restés au pays, avec toujours le compèlapinisme, le maquerellage, le machisme antillais, et les rassemblements festifs "accras-boudin-colombo-punch", la frime, la drague vulgaire (car c'est bien connu, les Mquais sont les meilleurs dragueurs et baiseurs du monde), le foot sans réflexion ni ouverture d'esprit, le côté "pas sérieux" qui nous nuisent et nous décrédibilisent tant. L'image que les Français ont de nous est souvent confortée par nos comportements. Pathétique ! 2) Certains s'enferment dans un ultra communautarisme voire un ultra nationalisme confinant au négrisme et au racisme anti-Blanc, refusant de voter ou d'intégrer des partis politiques "de Blancs" ou des syndicats "de Blancs", mais sans chercher non plus à échanger avec des compatriotes restés en Mque, ni avec des Africains d'ailleurs malgré leur pseudo "panafricanisme" de façade. Des gens qui vivent hors sol et brandissent fièrement des drapeaux RVN... Ce ne sont pas là des caricatures, et c'est fréquent.... 3) D'autres, en recherche éperdue d'identité, vont "combattre" avec les djihadistes en Syrie ou ailleurs (cf certains reportages).... Bref! Comme possibilité d'ouverture d'esprit, on peut imaginer mieux. Certes, il ne faut pas idéaliser le pays et les compatriotes restés en Mque ("Pays rêvé, pays réel"). Mais il faut éviter AUSSI d'idéaliser ou surestimer les "possibilités" offertes par l'émigration en la matière. Sauriez vous voir midi ailleurs qu'à votre porte?
Michel P. | 18/09/2020 - 17:55 :
Ayant fait un peu de tourisme à Antigua, pays indépendant, notre guide nous a décrit un exode similaire des jeunes. A cause de l'étroitesse du marché de l'emploi local et du peu de possibilités offertes par l'enseignement supérieur. La plupart des étudiants partent à Trinidad, en Angleterre ou au Canada. Comme ils sont jeunes, ils rencontrent là-bas quelqu'un, se mettent en couple et ne reviennent que rarement.

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