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Vertières, au lendemain de la « dernière bataille » : Dessalines paraphe le 1er traité entre la France et Haïti

Vertières, au lendemain de la « dernière bataille » : Dessalines paraphe le 1er traité entre la France et Haïti

Le 19 novembre 1803, la Patrie haïtienne fut fondée devant les murs du Cap, mais comme Toussaint Louverture le savait bien, parlant de la Constitution de 1801, il disait avec raison «l’Empereur Napoléon, qu’en proclamant sa constitution, il avait jeté le masque et tiré l’épée du fourreau pour toujours. » Aussi devait-il s’attendre à la guerre. Et la guerre a lieu et les troupes indigènes ont vécu et vaincu. Notons que les haitiens ont donné du temps aux français d’organiser le départ de leurs troupes du territoire d’Haïti, ce qui était finalement accompli le 29 novembre et 4 décembre 1803. La France a dépensé plus de 100 millions de francs pour garder la colonie sous tutelle en rétablissant l’esclavage

Mercredi 14 novembre 1803 ((rezonodwes.com))–Tant de courage et de dévouement devaient avoir leur récompense, ainsi, un acte de capitulation des troupes françaises fut signé au Haut-du-Cap, le 27 brumaire (19 novembre 1803), entre l’adjudant-commandant Duyeyrier et Jean-Jacques Dessalines : Rochambeau s’engageait à abandonner la place dans les dix jours, à remettre les arsenaux avec leurs munitions de guerre, leur artillerie et autres armes.

Dessalines, par l’article 5 du traité, prenait l’engagement de soigner les malades et les blessés hors d’état d’être transportés, jusqu’à leur parfaite guérison, lisons-nous. Ces malades et ces blessés étaient spécialement recommandés à son humanité. Il y eut le 19 novembre 1803, échange d’otages, un fait inouï. C’est ainsi que Rochambeau envoya en otage l’adjudant-commandant Deveaux, et Dessalines, à son tour, en fit de même en envoyant en otage chez les français l’adjudant-général Bazelais.

La toute Première adresse d’un chef d’Etat à la Nation

Toutefois, pour tranquilliser les habitants du Cap sur leur sort, et calmer les inquiétudes, car pas un seul coup de canon tiré le 19 novembre 1803, Dessalines, le général en chef chargea Bazelais de faire publier l’adresse suivante :

Au quartier-général du Haut-du-Cap, le 27_ brumaire

an XII (19 novembre 1803).

Le général en chef de l’armée indigène aux habitants de la ville du Cap.

Citoyens, traitant aujourd’hui avec le général Rochambeau pour l’évacuation de la ville du Cap par ses troupes, cette occasion me met à même de vous rassurer, citoyens habitants, sur les craintes que vous pourriez avoir.

La guerre que nous avons faite jusqu’à ce jour est tout-à-fait étrangère aux habitants de cette malheureuse colonie. J’ai toujours offert sûreté et protection aux habitants de toutes couleurs. Vous les trouverez encore en moi dans cette occasion. La manière avec laquelle les habitants de toutes couleurs de Jérémie, des Cayes et du Port-au-Prince ont été accueillis, est un sûr garant de ma LOYAUTÉ.

Que ceux d’entre vous, citoyens, qui répugnent de quitter leur pays restent; vous TROUVEREZ sous MON GOUVERNEMENT SÛRETÉ ET PROTECTION.

Signé : DESSALINES

L’intrépide et cruel Rochambeau vaincu et désavoué, laissa à jamais Saint-Domingue le 29 novembre 1803 et des principes de l’accord du 19 novembre furent violés

C’est sous les auspices de tant et de si belles promesses que Rochambeau s’embarqua, le 7 frimaire (29 novembre 1803), laissant plus de 800 malades dans les hôpitaux, et qu’une grande quantité de familles se résolurent à ne point abandonner le sol qui les avait vues naître.

Hélas! quelques jours plus tard, les malheureux invalides étaient traînés sur le rivage, impitoyablement massacrés, leurs cadavres jetés dans les flots ! Quelques mois plus tard, les malheureuses familles étaient aussi odieusement massacrées sans distinction de sexe ni d’âge!

Dessalines, Commandant en chef de l’Armée, arrive triomphalement au Cap le 29 novembre 1803. Le bamboula et le chica, les deux types de danses avant le konpa de Nemours. La victoire du Combat de Vertières est fêtée pour la première fois le 29 novembre 1803 et toute la fièvre de l’Indépendance s’empara d’Haïti le 1er janvier 1804 à Gonaïves

Dessalines fit son entrée au Cap le jour même de rembarquement de Rochambeau. Christophe reprit le Commandement de l’arrondissement, poste qu’il occupait avant l’arrivée de l’expédition française à Saint-Domingue. L’ordre le plus parfait fut maintenu.

Le peuple et l’armée s’abandonnèrent pendant plusieurs jours à toutes les démonstrations que peut enfanter la joie du triomphe : des banquets réunissaient pêle-mêle les citoyens de tous les rangs, de tous les états, le bamboula, le chica, danses implantées de l’Afrique, dont le charme consiste dans de naïves, mais souvent dans d’impudiques gymnastiques, faisaient entendre sur toutes les places publiques, et dans beaucoup de maisons, les stridentes modulations du fifre et le tapotement assourdissant du tambour.

Chorégraphie inconnue à l’Europe, qui heureusement se retire de plus en plus de nos mœurs, aujourd’hui plus civilisées avec le compa qui se danse intimement à deux et en toute élégance.

Ce fut le lendemain, soit le 30 novembre que le convoi, composé de 200 à 230 voiles, sortit de la rade après quelques excentricités de Christophe qui voulait à toute force diriger contre ces navires les batteries du Picolet. La frégate la Surveillante, sur laquelle se trouvait Rochambeau, tenait, avec la Corvette la Désirée, la tête du convoi.

Enfin le Môle-Saint-Nicolas, le dernier point qui restait au pouvoir des Français, fut évacué le 12 frimaire (4 décembre 1803) par le général Noailles, avec les débris de la 31e demi-brigade, s’embarqua sur la goëlette le Courrier, capitaine Desbayes. Reparti de Cuba et se dirigeant vers Santo-Domingo, occupé encore par les Français, .

Depuis le 18 mai 1803 à l’Arcahaie, c’est au Môle-St-Nicolas, le 30 novembre 1803, que fit hisser pour la première fois depuis le départ des français, le bicolore Bleu et rouge

Le même soir du 30 novembre, le pavillon indigène, ce pavillon bleu et rouge, symbole de la persévérance que couronne la victoire, fut arboré par le chef de brigade Pourcely à la tête d’un bataillon de la 9e, sur les remparts de la ville du comte d’Estaing. C’est sous l’administration de ce gouverneur que fut fondée la ville du Môle.

Tout n’est donc pas impuni sur cette terre. Nous sommes le 30 novembre 1803

Le convoi avait déjà dépassé la pointe du Picolet. Par une de ces fatalités dont Dieu, Seul, tient encore le secret, une seule voile, la Goëlette le Latouche-TrévilU, de 60 tonneaux, qui, tardivement, avait levé l’ancre, manque la passe. Aussitôt, de l’anse appelée le Gris-Gris sort une barge montée par 30 noirs : ces 30 noirs, abordent la goélette. Que

viennent-ils chercher ? Que veulent-ils ? Le ciel s’est-il déclaré leur complice?

Ils se précipitent à bord au milieu d’un équipage terrifié. Puis, on entend le bruit sourd de cadavres tombant dans les flots ; le pont, la chambre sont inondés de sang. La goélette est ramenée au mouillage : un tourbillon de flammes s’élève de l’anse du Gris-Gris. Que vient-il donc de se passer?

La mort d’Ogé et de Chavannes remontant à 1791 vengée le 30 novembre 1803

Ah ! vous souvient-il qu’un jour d’horrible mémoire (le 25 février 1791) un tribunal de

sang, composé de messires Martin-Olivier Bocquet de Trévent, Ruotte, Couët de Montaraud, Grenier, Maillard, de Rochelande et Laborie, faisait rouer sur la Place-Royale du Gap deux hommes, parce que ces deux hommes avaient tenté la réhabilitation de leur race ; que ce tribunal faisait ensuite brûler leurs corps et jeter leurs cendres au vent? Ne vous souvient-il pas que, le lendemain, il faisait monter à la potence vingt-trois jeunes et beaux noirs et mulâtres et en envoyait treize autres aux galères perpétuelles?

Vous souvient-il enfin d’Ogé, de Chavanne et des compagnons de leur glorieux martyre? Eh bien ! ces cadavres,qui viennent de tomber dans les flots, ce sont ceux de la plupart de leurs juges. Ce sang qui couvre le pont du navire, c’est cette libation qu’à son heure suprême Chavanne avait demandée aux dieux infernaux. Ce tourbillon de flammes que vous voyez sur le rivage, c’est l’autodafé des archives de ce tribunal exécrable, où se trouvait l’odieuse sentence rendue après la consommation du crime !

Tout n’est donc pas impuni sur la terre. Et les dilapidateurs des fonds de Petro Caribe le savent bien aussi, quoiqu’ils fassent, quoiqu’ ils manigancent.

Le sort de Rochambeau après sa défaite, le 18 novembre 1803. La France indignée

Donatien de Rochambeau fut conduit à la Jamaïque. De là étant, il adressa un long rapport au premier consul sur les événements de Saint-Domingue. Echangé enfin, il fut détenu longtemps dans un des ports de l’Océan, pas ordre du premier consul, dont ses forfaits avaient excité l’indignation. Il n’obtint de reprendre du service que tardivement, et fut emporté par un boulet de canon à la bataille de Leipsig.

Le lourd bilan du Combat de Vertières : plus de 50.000 soldats français tués, mis à part 100 millions de francs dépensés

Ainsi se termina l’expédition de Saint-Domingue, dans laquelle la France perdit cinquante et quelques mille de ses plus intrépides enfants, tant par le fer des combats que par les ravages-de la fièvre jaune, et plus de cent millions de francs. Les causes ou plutôt les motifs de cette funeste expédition peuvent remonter à deux sources, distinctes en apparence, mais qui finissent par se confondre.

D’un côté, on voit à Saint-Domingue, les colons, M. Borgella en tête, caresser, flatter Toussaint-L’Ouverture, exalter son ambition, le soutenir dans son projet d’indépendance, coopérer à son manifeste sous forme de constitution politique, tout cela dans le but de l’amener à rétablir l’esclavage des masses.

De l’autre, en France, on voit les colons, formant un nombreux parti et presque tous royalistes ou tous vendus à la faction anglaise, pousser le premier consul, contre son inclination, à faire punir les rebelles, et à tenter de les replacer dans l’état où ils se trouvaient avant 1789. Mais malgré et contre tout, le résultat de l’expédition fut de détacher pour jamais de la France la première et la plus puissante de ses possessions lointaines.

Aussi que de justes regrets n’arracha-t-elle pas quelques années après à l’empereur Napoléon 1er, quand ce grand homme expiait sa gloire sur le rocher de Sainte-Hélène. Ces regrets sont d’autant plus à sa louange, qu’il cherchait alors à justifier les actes même les plus répréhensibles de sa longue dictature.

Vertières, l’histoire oubliée !

Le 18 novembre 1803 à Vertières, la prophétie du Premier des Noirs s’était réalisée. Le 25 prairial an X ( 14 juin 1802), n’avait-il pas dit au chef de division Savary, en montant à bord du vaisseau lé Héros : EN ME RENVERSANT, ON N’A ABATTU A SAINT-DOMINGUE QUE LE TRONC DE L’ARBRE DE LA LIBERTÉ DES NOIRS ; IL REPOUSSERA PAR LES RACINES, PARCE QU’ELLES SONT PROFONDES ET NOMBREUSES.

Mais hélas, hélas ! La colonie venait de conquérir plus que la liberté de ses enfants : elle venait de conquérir son « indépendance » politique, et allait donner au monde, au milieu d’un océan semé partout d’États à esclaves, le spectacle majestueux de la fondation d’une nationalité par cette même race noire partout et ailleurs aujourd’hui opprimée.

Les nouveaux commandeurs sont aujourd’hui les fils d’opprimés d’hier avec le fusil changé d’épaule, quelque 215 ans depuis l’épopée de Vertières dont ils oublient entièrement le sens inné de toute l’histoire à leur soumission aveugle pour parvenir aux estrades l’échine recourbée, la tête abaissée, 2 jé pété kléré.

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