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Visite dans les quartiers parisiens de Little India

By Christine Nayagam, Stanislas Dembinski and Laavanja Jeyakandan
Visite dans les quartiers parisiens de Little India

Depuis les années 1950, plusieurs vagues migratoires issues du sous-continent indien, ont formé les quartiers indiens situés autour de la Gare du Nord à Paris. 

La  plupart des pays où migrent les populations indiennes ont vu émerger des zones de concentration de la diaspora. C’est le cas par exemple de New Jersey dans la périphérie de New York, de Southall ou Wembley à Londres. On attribue souvent à ces zones le nom de « Petite Inde » ou « Little India ».

Au tournant du XIXème siècle, le quartier indien de Paris se situait dans le 9ème arrondissement. La population indienne, alors principalement constituée de bijoutiers du Gujarat et de Mumbai ainsi que de quelques Parsis, y possédait quelques commerces. Depuis l’arrivée des Indiens de Pondichéry et des Tamouls Srilankais dans les années 1970 et 1980, la zone entre la gare du Nord et la garde de l’Est s’est rapidement transformée en quartier indien/asiatique, avec des rues entières comme le Faubourg St Denis ou le Passage Brady occupées par des commerces indiens.

Ensemble, les commerçants ont su recréer une vitrine de la culture indienne, nichée dans un dédale de rues parisiennes. Entre les vêtements et les spécialités culinaires, les visiteurs français ou étrangers, aussi nombreux que les Indiens ou leurs voisins, sont transportés au gré des couleurs et des senteurs, à plusieurs milliers de kilomètres de Paris. Ils sont plusieurs centaines à découvrir ou redécouvrir ces quartiers chaque jour, du lundi au dimanche, du matin au soir. On peut ainsi goûter à un petit lassi (boisson lactée) à la rose à Munniyandis Village (restaurant de spécialités indiennes et sri lankaises) ou manger des spécialités indiennes comme des « naans au fromage » (pain au fromage) ou du « briyani » (riz aux épices), entre une course à Cash & Co (épicerie bien connues des Indiens pour ses différents produits importés) et à Little India, une boutique spécialisée dans les saris et autres vêtements traditionnels.

Les vagues migratoires 

Après l’indépendance de l’Inde, en 1947, une première vague migratoire pose ses bagages dans le quartier de La Chapelle. Le choix ne s’est pas fait au hasard. Proche de la gare du Nord, où se trouvent les trains partant pour l’Angleterre, le quartier de La Chapelle est comme une halte pour ces derniers, avant le grand voyage espéré Outre-Manche. Face au refus alors de l’Angleterre d’accueillir de nouveaux immigrés, beaucoup d’entre eux ont finalement été contraints de s’établir près de cette gare. Peu à peu d’autres populations les ont rejoints dans le même but. A partir des années 1960, fuyant la guerre civile et militaire qui faisait alors rage dans leur pays, des tamouls du Sri Lanka, les ont ainsi rejoints.

Ce sont d’ailleurs des Tamouls-Sri lankais qui ont bâti le Temple Sri Manicka Vinayakar Alayam, en l’honneur du dieu Ganesh, dieu à tête d’éléphant et au corps d’homme, symbolisant la sagesse. C’est notamment ici que débute le défilé pour la fête de Ganesh qui a lieu tous les ans au mois d’août.

Le Passage Brady
Le Passage Brady

Au passage Brady, ce sont les Indiens de Pondichéry, ancien comptoir français au Sud de l’Inde, qui se sont implantés parmi les premiers. Ce vieux passage couvert de près de 200 mètres de long et séparé par le boulevard Sébastopol a vu défiler d’autres commerces depuis. Certaines enseignes ont été d’abord reprises par des Sikhs (originaires du Punjab) ayant fui l’Inde, suite à des tensions communautaires, puis par des Pakistanais. Le passage Brady compte à présent de nombreux restaurants, magasins de beauté et autres épiceries, qui en font une destination parfumée, avec, par exemple, des effluves de curcumin ou de safran.

Une nouvelle clientèle bien nécessaire

Pourtant, dans un contexte de crise économique persistante en France, certains commerçants se plaignent d’une demande atone. Sur le Faubourg Saint Denis, Krisna Dev, gère un petit magasin de DVD de films indiens depuis 2001 mais est confronté à une concurrence déloyale : « Depuis quelques années les piratages sur internet ont énormément pénalisé la vente de DVD. »

 

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Krisna Dev, gère un petit magasin de DVD de films indiens

Vali Bala, originaire du Kerala, dans le Sud de l’Inde, possède, elle, une boutique de vêtements depuis 1993. « Avant, nous avions sept vendeurs qui étaient à la disposition des clients. Les ventes ayant régressé depuis quelques années, nous ne somes plus que trois à gérer la boutique. Malgré tout, ce qui est bien c’est qu’une nouvelle clientèle est apparue depuis quelques années. Beaucoup de Maghrébins et de Français viennent nous voir », explique cette femme d’une quarantaine d’années.

 

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Vali Bala, propriétaire d’une boutique de vêtements

C’est sur cette nouvelle clientèle que certains commerces misent. Le secteur de la vente de produits alimentaires n’est, lui, pas autant touché par la crise. Epices, légumes et fruits exotiques sont des aliments dont certains Français raffolent, comme l’explique Kugathasevran, employé d’une épicerie sur le Faubourg Saint Denis : « Beaucoup d’Indiens viennent dans notre épicerie pour acheter les ingrédients élémentaires nécessaires à l’élaboration des spécialités indiennes. Et malgré le contexte économique dans lequel nous vivons, les affaires marchent plutôt bien. Cela est aussi grâce aux Français et à des gens  d’autres nationalités venus chercher ici des produits qu’ils ne pourraient pas trouver dans d’autres magasins. Par exemple, les Philippins viennent ici surtout pour les fruits, qui leur rappellent sans doute ceux de leur pays ».

 

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Une épicerie indienne

L’entraide entre les commerçants est un autre remède contre la crise. Kaj, qui a repris la boutique de DVD de son père, explique que les communautés installées dans le quartier indien savent rester solidaires : « Lorsqu’on a un problème ou besoin d’un petit service, on peut demander à nos voisins. On se connaît tous depuis des années. C’est comme une grande famille qui s’est installée ici pour faire connaître mieux nos cultures aux Français ». 

Ces communautés, issues de lointaines contrées du sous-continent indien, espèrent bien encore transmettre longtemps ces héritages culturels hauts en couleurs et riches en épices, au cœur même de Paris.

Post-scriptum: 
Quartier indien près du métro La Chapelle et la Gare du Nord

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