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L'UN DES PREMIERS A AVOIR REVELE LE SCANDALE DU CHLORDECONE ACCUSE DE COLLUSION AVEC LES BEKES

Raphaël Confiant
L'UN DES PREMIERS A AVOIR REVELE LE SCANDALE DU CHLORDECONE ACCUSE DE COLLUSION AVEC LES BEKES

  Jusqu'en 2007, beaucoup savaient. L'Etat savait. Les gros planteurs békés savaient.

  Mais c'était motus et bouche cousue sur l'empoisonnement de notre pays par le chlordécone. Les Martiniquais, dans leur immense majorité, n'avaient jamais entendu ce mot car Pierre DAVIDAS, le précurseur, le premier lanceur d'alerte sur le sujet, avait crié dans le désert dans l'hebdomadaire ANTILLA.
   Nos sols continuaient à être massivement pollués tout comme nos rivières, nos nappes phréatiques et nos rivages. Nous buvions tous les jours une eau gorgée de chlordécone. Quand donc en juin 2006, Louis BOUTRIN m'a proposé de coécrire un ouvrage pour dénoncer ce pesticide, j'étais comme tous les Martiniquais c'est-à-dire complètement ignorant sur la question. Certes, je lisais les articles de DAVIDAS puisque je faisais partie du comité de rédaction d'ANTILLA et que tout comme lui, j'étais membre de l'ASSAUPAMAR, mais j'étais loin de mesurer l'ampleur de la catastrophe. A mille lieux mêmes! 
   En bon écologiste de ces années 80-90, j'étais davantage branché sur la bétonisation des terres agricoles et sur la destruction des mangroves. C'est donc avec hésitation que j'ai accepté l'offre de Louis BOUTRIN dans un premier temps avant, dans un deuxième temps d'être sidéré par ce que je découvrais sur le site-Internet de l'American Cancer Institute qu'il m'avait conseillé de consulter. Les articles sur le chlordécone qu'il contient allaient nous servir de base pour notre futur livre tout comme les rapports, dissimulés, émanant des propres services de l'Etat français ( rapport DE KARMADEC, rapport SNEGAROFF etc.) que BOUTRIN avait réussi à se procurer je ne sais toujours pas comment. Tout comme des enquêtes que nous avions décidé de mener auprès de travailleurs de la banane à Morne-Rouge, Basse-Pointe, Lorrain et Saint-Esprit notamment.
   3 sources différentes donc qui après 8 mois de travail, acharrné nous permirent de publier un premier livre sur le chlordécone en février 2007 : Chronique d'un empoisonnement annoncé. . Le scandale du chlordécone aux Antilles françaises (1972-2002).
   L'ouvrage eut tout d'abord un écho modeste et Louis BOUTRIN me proposa alors d'organiser une conférence de presse au sein même de l'Assemblée nationale, à Paris. Une fois de plus, je me suis montré plutôt tiède et lui ai demandé : qui va payer nos billets d'avion et notre hébergement ? NOUS-MEMES ! me répondit-il avec ce ton peu amène qui ne lui vaut pas que des amis. Oui, mais quels députés vont s'asseoir à nos côtés ce jour-là ? lui demandai-je à nouveau. T'INQUIETE ! répondit-il, on aura Alain LIPIETZ, écologiste de gauche, et Nicole LEPAGE, écologiste de droite. Toute la presse hexagonale sera là ! Et comme dit comme fait : au jour dit, la conférence eut lieu avec les députés en question (mais aucun député antillais !) et effectivement les médias furent au rendez-vous. La semaine suivante, LE NOUVEL OBSERVATEUR titrait : "Les Antilles empoisonnées !".
   Le scandale était désormais sur la place publique. Tant en France qu'aux Antilles.
  De retour au pays, L. BOUTRIN me propose de créer une association qui rassemblerait tous ceux qui veulent s'engager dans la lutte contre le chlordécone. L'ANC ! qu'il me lance. Moi, étonné et de toute façon pas très chaud : quoi ? Le même sigle que le mouvement de MANDELA  ? Lui : Oui, mais pour nous, ANC signifiera "Association Non au Chlordécone" ! Comme dit comme fait, l'association voit le jour et organise une grande conférence à l'Atrium la veille du vendredi saint qui, à ma grande surprise, rassemblera près de 300 personnes. Seul homme politique présent ce soir-là à la tribune avec nous : Claude LISE.
   A la même époque, Serge LETCHIMY, alors député-maire de Fort-de-France, rassemblait à la hâte les revendeuses des différents marchés de la ville dans une association dénommée Machann Foyal qui défilera à plusieurs reprises dans les rues, conspuant les noms de BOUTRIN et CONFIANT au motif que nous cherchions "à leur enlever le pain de la bouche" en disant que leurs légumes étaient contaminés par le chlordécone. Et dans FRANCE-ANTILLES, un couple bien connu de dirigeants d'un syndicat de pêcheurs nous démolira au motif cette fois que nous aurions écrit ce livre "juste pour nous enrichir" !!! Je fus tenté de leur répondre en disant que vendre des kouliwou rapporte nettement plus que d'écrire un bouquin, mais BOUTRIN, avec le calme olympien qui le caractérise (et qui est souvent pris, à tort, pour de la morgue) m'en dissuada. Il avait raison puisqu'il est un homme politique et que moi, je suis juste un chaben coléreux qui n'en a rien à cirer de choquer les gens et qui estime devoir dire et écrire ce que sa conscience lui dicte quelque soit le prix à payer (qui est parfois lourd).
   Ne s'arrêtant pas là, il m'entraînera dans moult réunions d'information sur le chlordécone à Trinité, au Lorrain, au François, à Case-Pilote etc., toutes relayées (et donc encore trouvables) sur son site-Internet LA TRIBUNE DES ANTILLES et le mien, MONTRAY KREYOL. Entre temps, l'ASSAUPAMAR et l'association qu'il présidait, POUR UNE ECOLOGIE URBAINE ainsi que diverses associations d'écologistes (notamment celle de Harry DURIMEL) et agricoles guadeloupéennes avaient porté plainte contre l'Etat pour "mise en danger de la vie d'autrui et empoisonnement". Dans ce cadre, il fut plusieurs fois convoqué (à ses frais !) à Paris par la ministre de la santé de l'époque, Roselyne BACHELOT. Constatant alors que ma détermination était en train de faiblir (ce en quoi il se trompait, la vraie raison étant que je n'ai pas de temps à perdre à flatter les "Neg" au sens créole de ce dernier terme), il me proposa d'écrire, toujours en 2007 un deuxième livre sur la question. Le premier était sorti en février, il voulait que le second paraisse en septembre !!! Je lui opposai d'abord un niet catégorique avant final de compte de céder et effectivement, au jour dit (ou plutôt au mois dit), nous publions : "Chlordécone : 12 mesures pour sortir de la crise". Mesures dont beaucoup seront reprises d'ailleurs dans les différents "Plan Chlorcédone" mis en place par l'Etat. Mesures que la commission d'enquête parlementaire (aux pouvoirs tronqués) de Serge LETCHIMY plagiera...13 ans plus tard puisque dans les propositions dudit rapport, une seule est vraiment nouvelle : l'instauration d'une "JOURNEE CHLORCECONE", notamment en direction des scolaires. Interdit de rire ! Il y a bien la "JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FRITE BELGE" ou "LA JOURNEE MONDIALE DE LA JUPE", n'est-ce pas ?
   Voici donc l'homme, Louis BOUTRIN, que certains, tous ces philosophes-Facebook et penseurs-Whatsap se plaisent et se complaisent à démolir aujourd'hui au motif que l'Application "ZERO CHLORCEDONE" qu'il a mise en place par le biais du PNM (Parc Naturel de MARTINIQUE) a été testée dans un supermarché appartenant à un Béké. Il est même traité par ces conards et ces conasses de "sale traitre" ! Application qui permet en une fraction de seconde à l'acheteur de savoir où le légume qu'il achète a été planté, quand il a été récolté et surtout s'il contient des traces de chlordécone. Application visant donc à protéger la santé du consommateur martiniquais puisque jusqu'à preuve du contraire, la cinquantaine de militants anti-chlordécone qui, depuis quelque temps, bloque l'entrée des supermarchés chaque weekend n'empêche pas l'immense majorité des Martiniquais de fréquenter assidument lesdits supermarchés. La preuve : pour le "Black Friday", ils ont littéralement assiégé le centre commercial de la Galéria dès...4h du matin !!!
   Donc BOUTRIN vendu au Béké ? Suppôt de la caste blanche ? Traître ?
 Il est un homme politique et s'il n'avait rien fait, on l'aurait critiqué. Il lance le "ZERO CHLORDECONE" (qui rassemble déjà une cinquantaine de moyens et petits agriculteurs), on le critique et le salit quand même ! Il donne de lui-même (et à ses frais) depuis 13 ans mais aux yeux des philosophes-Facebook et penseurs-whatsap, ça compte pour rien du tout. Moi, qui ne suis pas un politique et n'ai jamais eu envie de l'être dans ce pays de tanbou-dé-bonda, j'admire son équanimité (son impassibilité si la langue du Papa Blanc "force" certains). Mais bon, il est vrai que je suis un chaben coléreux et qui assume totalement son caractère. C'est pourquoi je ne peux m'empêcher de dire à tous ces gens : ALLEZ VOUS FAIRE VOIR ! Je le dis en français car je me refuse à utiliser l'injure créole récurrente (commençant par "Bonda") qui fleurit ici et là sur des sites-Internet qui par ailleurs n'utilisent que le français, la langue de leur Maître. Pour eux, le créole est juste fait pour injurier...
   OUI, ALLEZ VOUS FAIRE VOIR !...  
 
 
  
 

Commentaires

Véyative | 01/12/2019 - 21:26 :
Cette accusation est étonnante et parait bien peu crédible. Sauf erreur, monsieur Boutrin n'est pas agriculteur. Il a mis en place un label. Ceux qui produisent doivent donc vendre, ils ont une entreprise à faire prospérer. Pourquoi se refuser de vendre là où l'on vend la production locale habituellement et où il y a un fort potentiel de clients?

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