Depuis quelques semaines, il n'est plus question dans nos chers médias martiniquais que du chlordécone, ce pesticide organochloré qui a pollué pour des centaines d'années 20.000 hectares de terres agricoles, nos rivières, nos nappes phréatiques et une bonne partie de nos rivages. Tout le monde (journalistes, politiques, blogueurs et autres facebookiens) sautant comme des cabris comme si c'était là quelque chose de nouveau.
Le plus écœurant sont ces politiciens qui au cours des quinze dernières années se sont tus, voire ont dénoncé les lanceurs d'alertes anti-chlordécone et qui subitement aujourd'hui, se découvrent grands défenseurs de la veuve et de l'orphelin avec la complicité active des médias radios et télés.
Car lorsqu'en 2007, Louis BOUTRIN et Raphaël CONFIANT avaient publié deux livres pour dénoncer le scandale, notamment "CHRONIQUE D'UN EMPOISONNEMENT ANNONCE", nombre de ces politiciens, journalistes et autres leur avaient ri au nez ou les avaient qualifiés de "fossoyeurs de l'économie martiniquaise" :
. Serge LETCHIMY, alors maire de Fort-de-France, avait concocté en toute hâte une association des revendeuses des différents marchés de la ville, "MACHANN FOYAL", laquelle avait défilé dans les rues pour conspuer BOUTRIN et CONFIANT qui cherchaient "à leur enlever le pain de la bouche".
. Madeleine De GRANDMAISON, en charge du tourisme au Conseil régional, avait déclaré que la dénonciation effectuée par ces deux écologistes "portait atteinte à l'image touristique de la Martinique".
. Catherine CONCONNE, dans un débat télévisé dans lequel se trouvait Louis BOUTRIN, avait considéré que ce dernier "exagérait pour rien".
. Louis BERTOME, président de la Chambre d'agriculture, s'était élevé contre "ces deux fossoyeurs de l'agriculture martiniquaise, en particulier de la banane qui emploie 8.000 personnes".
Bref, on n'en finirait pas de recenser les réactions négatives qui ont émané de notre corps politique et du milieu médiatique en 2007. Sans compter ceux comme Pierre SAMOT, Josette MANIN ou Bruno-Nestor AZEROT qui n'ont jamais ouvert une seule fois la bouche sur le sujet alors que leurs communes possèdent les plus grosses exploitations bananières de la Martinique. Malgré les dénonciations virulentes des uns et le silence abyssal des autres, Louis BOUTRIN et Raphaël CONFIANT organisèrent en février 2007, en pleine Assemblée nationale, à Paris, une conférence de presse (cf. photo au bas du présent article), accompagnés par les députés Alain LIPIETZ (écologiste de gauche) et Nicole LEPAGE (écologiste de droite), devant les principaux médias hexagonaux. Aucun député antillais n'avait daigné assister à cette conférence de presse !!! Quelques temps après, "LE NOUVEL OBSERVATEUR" titrait en couverture : "LES ANTILLES EMPOISONNES".
Donc le cinéma médiatique de nos politiques et journalistes en ce début d'année 2018, soit 12 ans plus tard, est tout simplement risible. Mais il est vrai qu'ils bénéficient du fait, bien attristant, que Neg pa ni mémwè...
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