Jean-Baptiste Rosemond de Beauvallon (1819-1903) naît, en 1819 dans une famille blanche, en Guadeloupe. Il y est élevé (contrairement à de nombreux blancs-pays envoyés très jeunes en France). Il fait ses études à Paris, où il fréquente Alexandre Dumas et Honoré de Balzac, il devient journaliste, notamment en tant que rédacteur en chef de la Revue coloniale. En France, il souffre de voir critiquer les blancs créoles dans le cadre des débats ayant pour thème l’esclavage.
Suzanne Lacascade (1884-1966) est martiniquaise par sa mère et guadeloupéenne par son père, un médecin de la Marine qui fut député de son pays natal puis gouverneur de Mayotte et Tahiti. Cette enseignante n’a écrit qu’un seul roman, Claire-Solange, âme africaine.
Prix Médicis étranger 2005, Neige est un roman touffu, un texte très littéraire sans hermétisme, qui nous présente, à travers le regard d’Orhan Pamuk, une Turquie à la recherche de son identité.
Dans les années 50, cent ans seulement après l’abolition de l’esclavage, Sapotille écrit son journal à bord du bateau qui l’emporte vers une mère patrie magnifiée. Elle espère oublier en France un passé douloureux et des déboires sentimentaux. Mais « la marée des souvenirs » la submerge.
Hanta travaille à alimenter la presse d’un atelier de recyclage de vieux papiers dans laquelle sont englouties des tonnes d’ouvrages que l’on devine condamnés par une censure implacable. Il aime son travail autant paradoxalement que les livres dont il s’efforce de sauver le plus grand nombre. Les livres, il les aime « parce qu’un vrai livre le renvoie toujours ailleurs, hors de lui-même ». Ce « tendre boucher » vit seul, uniquement préoccupé de préserver de la destruction les œuvres interdites, qu’il entasse dans sa maison. Et chez lui, le soir, il s’instruit malgré lui. Ses compagnons sont Socrate, Sénèque, Jésus, Erasme, Nietzsche… Sa vieille presse mécanique, il l’aime aussi et économise pour l’emporter avec lui, à l’heure de la retraite qui va bientôt sonner. En attendant, il s’efforce de donner une note artistique aux ballots de papier qu’il produit en y insérant, intact, un livre choisi avec soin.
Albert Béville est né à Basse-Terre, le 15 décembre 1915, dans une famille bourgeoise. Son père Raoul Béville (1860-1920) est un des premiers noirs à être avocat et sa mère Edmée Michel (1871-1923) se trouve être une blanche à une époque où les préjugés raciaux sont vivaces. Raoul Béville est un homme politique aux ralliements fluctuants (Gerville-Réache, Légitimus, Boisneuf), qui meurt alors que le jeune Albert est âgé de 5 ans. Son épouse meurt 3 ans plus tard. Orphelin, Albert Béville est élevé par sa sœur Laurence.
Cet article ne prétend ni être exhaustif quant au relevé des méfaits, ni scientifique quant à l’exploitation à en faire, ce serait travail de spécialistes. Il s’attache seulement à mettre en exergue quelques évidences concernant les manifestations de violence en Guadeloupe à une époque souvent présentée comme exempte de dysfonctionnements sociaux.
Palimpseste : « Manuscrit sur papyrus et surtout sur parchemin, dont la première écriture, enlevée par grattage ou lavage a fait place à un nouveau texte. » Larousse.
En 1979, le Guadeloupéen F. Gracchus publie Les lieux de la mère dans les sociétés afro-américaines (Editions Caribéennes). Pour lui l’enfant imaginaire de la femme esclave et de ses descendantes est l’enfant d’un père blanc fantasmé. En 1995, la Martiniquaise L. Lesel se penche sur un autre aspect de la question dans une étude intitulée Le père oblitéré (Editions L’Harmattan). Elle nous rappelle que pendant des siècles « la paternité esclave eut à souffrir de la toute puissance disqualifiante du maître ». Elle nous explique aussi que « c’est la mère qui fait exister le père pour l’enfant à travers ce qu’elle dit de lui ». Et elle nous montre que dans les sociétés post-esclavagistes, à travers les générations de mères et de filles, le père est « oblitéré » par la toute puissance de la mère. Le roman de Jamaica Kincaid est une parfaite illustration de ces essais théoriques.
En 1983, le SGEG (Syndicat Général de l’Education en Guadeloupe) publia une brochure consacrée à l’abolition de l’esclavage, intitulée « A pa Schœlcher ki libéré nèg ». La parution de ce petit fascicule de vulgarisation, militant mais bien renseigné, et dont les auteurs, en tant que précurseurs, reconnaissaient les insuffisances, a su jeter un regard neuf sur un événement, un homme et un mythe, à une époque où l’histoire de la Guadeloupe niée ou méconnue était alors un terrain d’investigation en friches. Les études historiques publiées depuis ne démentent en rien l’essentiel de son contenu et donnent à voir notamment l’ampleur des actes de résistance chez les esclaves.
L’universitaire guadeloupéen Philippe Zacaïr enseigne aux Etats Unis, il étudie les rapports entre Haïti et ses immigrés afro-caribéens. Dans le Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe, n°154, il nous propose un article consacré aux immigrés de la Guadeloupe et de la Martinique en Haïti, dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Je suis né à Roseau mais j’ai grandi au nord de la Dominique à Portsmouth, Grand’Anse en créole, avec mes parents. Ma mère était mère au foyer et mon père travaillait dans la société des téléphones qui à l’époque était gérée par le gouvernement. J’ai eu une enfance calme, nous habitions à un kilomètre de la ville. J’avais un frère de onze ans plus âgé que moi, j’étais donc un peu comme un enfant unique, j’étais solitaire.
On a entendu parler des dictatures de l’Amérique du Sud et des guérillas qu’elles ont engendrées. Mais qui connait le putsch militaire survenu au Brésil en 1964 et la guérilla de l’Araguaia ? Les guérilleros de l’Araguaia étaient une poignée, quelques dizaines d’étudiants communistes aidés des paysans qu’ils avaient réussi à enrôler. 10 000 soldats furent chargés de les réduire à jamais.
Morris Birkbeck est né en Angleterre, en 1764, dans une famille de quakers (chrétiens dissidents) mais quoique très religieux, il s’oppose au rigorisme de sa confession d’origine. Fermier d’avant-garde, il se lance dans l’élevage de mouton mérinos. Progressiste, républicain et égalitariste, il n’accepte pas la discrimination dont il souffre sur le plan politique, notamment l’impossibilité de voter alors qu’il est contraint de payer taxes et impôts. En 1817, il prend la décision de changer de pays et de vie. Avec des parents et des amis, il se lance à l’aventure dans le Nouveau Monde. Pendant des mois, parti depuis la côte de Virginie, il voyage jusqu’au territoire de l’Illinois, où il se fixe en 1818.
Ce roman Verre cassé (Collection Points n° P1418) est écrit sans le moindre point, ce qui ne nuit pas à la lisibilité du texte. Le récit est enlevé même si chaque page est truffée de références diverses, les principales étant des titres de romans que les lecteurs avertis détecteront au fur et à mesure. En dehors de l’aspect ludique du procédé stylistique, Alain Mabanckou attire notre attention sur le fait qu’en ce début de XXI siècle, un écrivain a forcément conscience de mettre ses pas dans ceux de ses innombrables prédécesseurs.
Cette nouvelle de 90 pages écrite par Rebecca H. Davis, en 1861, étonne par sa puissance d’évocation et son humanité à une époque où, aux Etats-Unis, le capitalisme triomphant exploitait les pauvres gens dans la touffeur d’usines broyeuses de vies humaines.
Jusqu’en 1965, aucun rabbin ne s’était distingué comme enquêteur dans un roman policier. Harry Kemelman (1908-1996) combla ce manque en créant le personnage de David Small, lequel soupçonné de meurtre dans On soupçonne le rabbin se vit contraint de mettre en pratique son sens de la déduction. Le roman fut couronné par le Prix Edgar Poe du meilleur premier roman et l’auteur fit mener à son héros d’autres enquêtes toujours abouties grâce notamment aux Ecritures Saintes mises au service de la justice.
Guo Xuebo est né en 1948 dans une savane de la Mongolie intérieure. Les Mongols sont des nomades respectueux de la nature qui vivent dans des tentes, utilisent comme combustibles des herbes sèches ou des excréments, ils ne coupent jamais d’arbustes. Mais l’industrialisation et l’agriculture moderne ont raison peu à peu de leur souci atavique de préserver leur environnement. Les steppes défrichées et cultivées sans résultats probants par manque d’eau sont très vite remplacées par le désert.
L’écrivain chinois Liu Xinwu est né en 1942. Au terme d’une quinzaine d’années passées à enseigner, il publie en 1977, une nouvelle intitulée Le professeur principal grâce à laquelle il accède d’emblée à la notoriété dans son pays. Ce texte met en évidence des problèmes conflictuels dans le cadre d’un lycée et au terme de la Révolution culturelle, il réhabilite la notion de droit à l’amour. De l’avis même de l’écrivain, cette nouvelle peut paraître dépassée mais au moment de sa publication, elle a brisé un tabou. Elle a initié une littérature dite «des cicatrices ».