« Les religions interviennent certes sur la plupart des sujets éthiques, de la bioéthique à l’environnement, mais ce qu’elles peuvent apporter à notre civilisation globale peine à mieux se définir. Il faudrait peut-être qu’elles le fassent en s’interrogeant d’abord sur ce dont nous avons le plus besoin : les moyens de redonner du sens et de la vigueur à l’humanisme__ce vieil humanisme presque succombé aujourd’hui sous les coups conjugués des atrocités du XXe siècle, de la platitude tautologique des formules des Droits de l’homme, et enfin de toutes ces philosophies nihilistes, philosophies de croque-morts à la mode encore aujourd’hui et qui n’en finissent plus de décréter la mort de l’homme…
L’être humain ne sait plus quoi faire de lui-même, comme s’il avait perdu toute ambition pour lui-même, toute aspiration à une grandeur possible. Or, c’est sur ce point que les religions ont une expertise immémoriale. {{Car depuis des millénaires, ce n’est pas tant de Dieu qu’elles nous entretiennent le plus pertinemment que des possibilités les plus élevées de notre propre nature.}} »
In {Le Monde}, 5 novembre 2008.