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Albert Béville : « L’assimilation, forme suprême du colonialisme ».

Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES
Albert Béville : « L’assimilation, forme suprême du colonialisme ».

Albert Béville est né à Basse-Terre, le 15 décembre 1915, dans une famille bourgeoise. Son père Raoul Béville (1860-1920) est un des premiers noirs à être avocat et sa mère  Edmée Michel (1871-1923) se trouve être une blanche à une époque où les préjugés raciaux sont vivaces. Raoul Béville est un homme politique aux ralliements fluctuants (Gerville-Réache, Légitimus, Boisneuf), qui meurt alors que le jeune Albert est âgé de 5 ans. Son épouse meurt 3 ans plus tard. Orphelin, Albert Béville est élevé par sa sœur Laurence.

Albert Béville fait des études brillantes au Lycée Carnot de Pointe-à-Pitre et se lie d’amitié avec le Marie-Galantais Guy Tirolien, qu’il retrouve à Paris, au Lycée Louis Legrand. Ensemble, ils suivent le cursus de l’Ecole Nationale de la France d’Outre-mer et découvrent l’Afrique, le pays des ancêtres. Béville occupera son premier poste au Dahomey (aujourd’hui Bénin) puis il séjournera en Côte d’Ivoire, au Mali, au Sénégal. Devenu responsable du bureau des affaires politiques du ministère de la France d’Outre-mer (de 48 à 51), il n’en critiquera pas moins la loi de départementalisation de 1946, jusqu’à dénoncer en 1962, « l’assimilation, forme suprême du colonialisme ».

A l’époque, les Guadeloupéens vivent dans leur pays et en France, une période riche en débats et en événements politiques : Conférence de l’AGEG sur l’assimilation, en 1956 / Création du Front Guadeloupéen, en  1957 / Création du PCG  et Colloque de La Revue Guadeloupéenne sur l’assimilation, en 1958 / Conférence de la Jeunesse guadeloupéenne à Pointe-à-Pitre, en  1960 / Colloque Antilles-Guyane du Progrès Social à Basse-Terre et création du Front Antillo-Guyanais pour l’autonomie, le FAG, à Paris, en 1961. Ce foisonnement de rencontres, de revendications et d’actions en rapport avec la question de l’autonomie s’accompagne d’une répression à base d’expulsions, de révocations de fonctionnaires, de condamnations de dirigeants politiques, de saisies de journaux, d’interdictions de manifester. Des grévistes sont abattus par les forces de l’ordre.

 Le 22 juillet 1961, voit la dissolution du FAG, dont avec les Martiniquais Edouard Glissant et Marcel Manville, le Guadeloupéen Albert Béville est un des principaux animateurs et penseurs. Ce leader trouvera la mort ainsi que Justin Catayé, député de Guyane, dans le crash du Boeing, qui le ramenait en Guadeloupe, le 22 juin 1962.

En1964, paraît un ouvrage posthume d’Albert Béville, alias Paul Niger, l’écrivain, intitulé  Les grenouilles du mont Kimbo. Il avait publié en 1958, Les Puissants,  et en 1954, Initiation.

 Ronald Selbonne, dans sa biographie politique et intellectuelle fait l’exégèse de l’œuvre littéraire en s’intéressant plus spécialement aux notions d’identité et d’engagement. Il raconte aussi par le menu en s’appuyant sur une importante documentation comprenant des informations inédites, les tribulations du FAG replacées dans les turbulences de l’époque. L’auteur s’est aussi attaché à enquêter sur l’accident d’avion ayant coûté la vie à Béville, accident que certains pensent avoir été provoqué. 

Il faut absolument retenir que cette biographie consacrée à Albert Béville entend aussi sauvegarder des documents voués à la disparition et des témoignages recueillis in extremis. C’est ainsi qu’en 1998, l’épouse d’Albert Béville, (alors âgée de 99 ans), déclare à Ronald Selbonne, qui vient de prendre contact avec elle : « Monsieur, vous êtes le premier Guadeloupéen qui me parle de mon mari depuis 1962. »

L’ouvrage réussit à démontrer que ni Paul Niger, ni Albert Béville n’ont mérité le silence occultant le parcours exemplaire de ce fils de Guadeloupe. Le livre contribue grandement à la préservation de ce que Frantz Succab qualifie de « mémoire en chantier », dans une « Histoire en construction ». 

Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES

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