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CHLORDECONE – ANSES – LE SCANDALE DES L.M.R

Jean-Laurent Alcide
CHLORDECONE – ANSES – LE SCANDALE DES L.M.R

 Le.magazine Place Publique, diffusé sur Martinique 1ère le mardi 16 janvier dernier, a eu le mérite de remettre à l’ordre du jour l’abominable scandale de l’empoisonnement de la population au Chlordécone. Chacun y va de son analyse, de sa contribution médiatique voire même de sa lettre ouverte à la Ministre de la Santé dans un élan de patriotisme qui ferait sourire s’il n’y avait pas, au-delà de la question des nouvelles LMR (Limites Maximales de Résidus) fixées par les autorités étatiques, un drame humain et une hécatombe totalisant des centaines de décès par cancer de la prostate.  

   A vrai dire, le relèvement des LMR fixées pour le Chlordécone constitue un nouveau scandale dans celui qui met en lumière un vieux proverbe créole « La pak la ba, bèf ka pasé » (On profite toujours de ceux qui sont les plus faibles – pourquoi se compliquer la tâche). Mais, au-delà de ce «migan» médiatique, deux questions s’imposent aujourd’hui. Qu’avons-nous fait contre ces LMR fixées par l’AFSSA depuis 2005 et qu’allons-nous faire concrètement face au relèvement des LMR par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’environnement et du travail (ANSES) en 2017 ?

 

Qu’avons-nous fait contre ces LRM fixées par l’AFSSA depuis 2005 ?

 

   A vrai dire, peu de chose ! Ou, trop peu, au regard de la catastrophe sanitaire annoncée. En dehors des actions militantes des associations écologiques ASSAUPAMA & Pour une Ecologie Urbaine et de l’AMSES présidée par le Dr JOS-PELAGE, cette question des LMR a traversé la dernière décennie dans l’indifférence générale. Ce manque de réactivité démontre bien les limites du combat associatif sans une prise de conscience collective et un relai à travers une mobilisation générale de la population. 

 

   Pourtant, la journaliste de France-Antilles, Cécile EVRARD, n’a eu de cesse d’informer sur les conséquences sanitaires de la contamination au Chlordécone. De même, dans leur livre « Chronique d’un empoisonnement annoncé – Le Scandale du Chlordécone aux Antilles 1972-2002 » publié en février 2007, Louis BOUTRIN & Raphael CONFIANT alertaient déjà sur ce qu’ils qualifient de scandale « AFFSA : Le Scandale des LMR » (page 152). Rebelote dans « Chlordécone – 12 mesures pour sortir de la Crise » où ils proposaient, arguments à l’appui, la suppression des LMR pour le Chlordécone. 

 

    Sur cette question précise des LMR, les deux auteurs remettaient en cause le principe même de limite résiduelle pour des poisons : « Evaluer l’exposition alimentaire de la population antillaise au Chlrodécone et proposer des limites maximales de contamination dans les denrées (LMR ou Limites Maximales de Résidus) tel était l’objectif confié à l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) par les ministères chargés de l’agriculture, de la consommation et de la santé. Ce rapport tant attendu a été rendu public le 11 octobre 2005. Dans son rapport, l’AFSSA propose des limites maximales provisoires de contamination dans les denrées. Le respect de ces limites devrait permettre, selon l’AFSSA, de demeurer au-dessousdes seuils toxicologiques d’exposition chronique ou aigüe, considérés comme sans risque pour la santé humaine. C’est tout simplement scandaleux ! » (page 152)

 

   Oui, BOUTRIN & CONFIANT ont eu raison de dénoncer ce scandale de LMR ce d’autant que ce mode d’évaluation de la toxicité des aliments est contestable car, à ce jour, la science ne permet toujours pas d’évaluer des seuils de toxicité sans risque pour la santé humaine prenant en compte des effets combinés avec d’autres molécules toxiques notamment avec les autres pesticides organochlorés. Que dire du processus de bioaccumulation de pesticides à forte rémanence comme le Chlordécone, classé par la communauté scientifique parmi les Polluants Organiques Persistants ? 

 

   A cet effet, Philippe DESBROSSES, expert en sciences de l’environnement auprès de la Commission européenne, précise que « … La dose journalière admissible pour les êtres humains n’a plus aucun sens lorsque plusieurs pesticides, additifs alimentaires et polluants divers sont absorbés dans la même journée » (page 153) avant d’ajouter : « Si les effets à long terme ne sont pas connus, les effets de « potentialisation » sont bien identifiés par les scientifiques : la nocivité de ces substances peut en effet être multipliée par 100 lorsqu’elles sont combinés, alors que les commissions d’homologation n’évaluent les produits qu’individuellement ». (page 154)

 

   Quant aux conséquences de ces LMR chez les nourrissons et les enfants, elles devraient inquiéter dans un pays où l’indice de fécondité a chuté en dessous du seuil de remplacement des générations. Les spécialistes expliquent que le fœtus et le bébé sont les plus menacés par ces substances chimiques de synthèse. Sur ce sujet, Frederic WON SAAL, spécialiste des hormones à l’Université du Missouri (Columbia – USA) précise (page 154) : « Nous pensons que les pesticides sont dangereux quelle que soit leur concentration : il n’y a pas de seuil » avant de nous interpeller à travers quelques réflexions : « Quel niveau de risque êtes-vous prêt à accepter pour votre bébé ? Accepter-vous qu’il ait plus tard 20 ou 30 % de spermatozoïdes en moins ? Que l’utérus de votre fille soit légèrement anormal ? Que le quotient intellectuel de vos enfants soit inférieur au vôtre de 6 points ? Aucune de ces anomalies n’empêche un individu de fonctionner, mais il vivra sans la qualité de vie à laquelle il aurait pu prétendre ». (page 155)

 

TOUT EST DIT !  Et, c’est exactement, 30 à 40 ans plus tard, la tragédie que vivent les populations des Antilles françaises empoisonnées par ce puissant poison au nom rébarbatif : CHLORDECONE.

Pourtant, sous la pression des lobbies et de la Commission Européenne, les AUTORITES ETATIQUES osent revoir à la hausse les limites maximales résiduelles d’empoissonnement (pak la ba !).

 

                       QUE FAIRE face au renouvellement des LMR par l’ANSES en 2017 ?

 

   En finir avec les constats et les tergiversations des gouvernements successifs car le temps presse. NOUS SOMMES FOUTUS ! Pas une commune, pas un quartier, pas une famille ne sont épargnés par cet empoisonnement au Chlordécone qui stérilise les hommes et abrutira les générations à venir.  

 

   1. Exiger du gouvernement la suppression totale des LMR fixées par ledit pesticide. Zéro Chlordécone dans nos assiettes, voilà la décision que nous attendons de la Ministre en charge de la santé publique. Et, face aux réponses désinvoltes à nos parlementaires, lui rappeler que la Ministre de la Santé n’est pas au-dessus des lois de la République car l’arrêté du 5 août 1992 interdit toute trace de pesticides non autorisés dans les végétaux. Le Chlordécone a fait l’objet d’une interdiction depuis 1993, on ne peut donc l’autoriser à des doses journalières admissibles.

 

   2. A défaut, poursuivre devant les tribunaux, tous ceux qui de près ou de loin, sont complices de cette autorisation d’empoisonnement, Ministres et Hauts fonctionnaires compris. C’est le Dr Roger GENET l’auteur du rapport de l’ANSES qui a préconisé le relèvement des LMR. Alors qu’il assume et s’explique devant les juges !  

 

   3. Notre seul salut, c’est la CREATION D'UN FRONT POPULAIRE UNI contre l’empoisonnement de la population au Chlordécone. 

 

Jean-Laurent ALCIDE

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