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Justice, Edito n° 2

COMMÉMORATION DU 80e ANNIVERSAIRE DE L'ASSASSINAT D'ANDRÉ ALIKER

Une page de l’histoire de notre pays
COMMÉMORATION DU 80e ANNIVERSAIRE DE L'ASSASSINAT D'ANDRÉ ALIKER

Il y a 80 ans, le 11 janvier 1934, la mer rejetait sur la plage de Fonds Bourlet le corps d’André Aliker. Le gérant de l’hebdomadaire communiste « Justice » avait été lâchement assassiné pour avoir révélé une énorme fraude fiscale organisée par Eugène Aubéry au détriment de la colonie.
Pour commémorer cet évènement qui a si profondément marqué l’histoire de notre pays, honorer la mémoire de ce martyr et tirer les enseignements de son combat, le Parti communiste martiniquais et le journal « Justice » invitent ses militants, ses sympathisants et tous les Martiniquais aux manifestations qu’ils organisent :

1934-2014: Commémoration du 80e anniversaire de  l’assassinat d’André ALIKER

  • Samedi 11 janvier à 11 heures, à Fort-de-France. Dépôt de gerbe, sur la tombe d’André Aliker, rassemblement à 11 heures devant le siège du journal Justice (angle des rues André Aliker et Emile Zola-Terres Sainville- Fort-de-France).
  • Dimanche 12 janvier, à Case Pilote, avec le concours de la Municipalité 9H30- Rassemblement sur la plage de Fonds Bourlet, messages et lancer de gerbe à la mer.
    11H00 - Conférence-débat au marché couvert de Case-Pilote.
    Thème: Quels liens entre l’engagement d’Aliker et le contexte de l’information d’aujourd’hui?

* * *

Edito n° 2

80 ans après l’assassinat de notre gérant André Aliker,

Le combat pour la formation de la conscience citoyenne martiniquaise continue

Michel Branchi
Rédacteur en chef de Justice

Le 11 janvier prochain, il y aura 80 ans que l’on retrouvait le corps ligoté les mains par derrière le dos d’André Aliker sur la plage de Fonds Bourlet à Case-Pilote. Il avait été assassiné.

Le gérant de notre journal «Justice» payait ainsi de sa vie son combat pour la vérité dans le scandale de fraude fiscale touchant l’homme le plus riche de la Martinique en 1934: l’usinier Eugène Aubéry, gendre du non moins puissant Gabriel Hayot, par ailleurs président du Conseil général.

Sur son chemin de lumière André Aliker avait affronté magistrats corrompus, politiciens véreux (le sénateur Henri Lémery), gouverneurs autocrates au service de l’Etat colonial et  presse servile aux ordres du capital et de l’évêché. Cette presse pratiquait la politique du silence. Déjà le consensus avec les idées dominantes et le «politiquement correct» comme cela se cultive aujourd’hui dans la plupart des grandes rédactions.

Aujourd’hui la figure d’André Aliker est celle du journaliste d’investigation intransigeant et intègre traquant la vérité. A ce titre, il représente un symbole et un exemple pour les journalistes d’aujourd’hui. Et c’est avec raison que le Club presse a créé un prix à son nom.  André Aliker appartient à la Martinique entière et à l’Humanité progressiste.

Mais qu’on nous pardonne de rappeler également qu’il était avant tout un journaliste communiste et que ce qui l’a amené au sacrifice suprême c’est sa croyance dans l’idéal d’une société de partage et du bien commun et la conviction que le prolétariat, comme on disait à l’époque, trouverait en lui-même la force de son émancipation totale.

Justice, son journal, n’a pas dévié de cette trajectoire tout en s’adaptant au temps qui passe et à l’Histoire qui se fait.

Le combat d’aujourd’hui c’est toujours celui qui est mené contre les forces de l’argent qui veulent soumettre la société à leur loi de fer. C’est aussi celui contre l’État colonial qui ruse pour empêcher notre peuple et notre Pays d’accéder à la Responsabilité politique dans le respect de son identité et pour maintenir sa domination.

Si André Aliker était encore vivant, ces combats seraient- à n’en pas douter- les siens.

Car pour se battre le peuple, comme en 1934, a besoin de connaître la vérité.

La vérité sur les vraies causes de la crise financière capitaliste qui frappe le monde et la Martinique depuis 2007/2008 et qui ne sont pas dues à trop de protection sociale et à un coût du travail trop élevé.

La vérité sur la nature de notre mal et sous-développement qui ne réside pas uniquement dans ce qu’on appelle nos «handicaps naturels» mais dans l’application de politiques conçues, pensées par d’autres que nous-mêmes dans le cadre d’un système de type néo-colonial.

La vérité sur la menace sur l’existence même de notre société que représentent le vieillissement accéléré, la baisse de la population et le regain de l’émigration de nos jeunes, tous résultats au principal de la politique colonialiste d’émigration forcée des années Bumidom 1960-1970.

La vérité sur la montée des violences et de l’insécurité du fait de la disparition des valeurs morales et du sens de l’effort et surtout du chômage de masse dans la jeunesse engendrés par la société capitaliste et coloniale en décomposition.

La vérité sur la peur distillée dans notre peuple de choisir d’assumer son destin. Une peur provoquée par certains de ceux-là mêmes qui, un temps, ont prétendu le mener à sa libération.    
  
Car il n’y a pas de fatalité et la résignation doit encore et encore être combattue. 

 Pour faire la lumière à l’heure d’aujourd’hui et libérer les consciences, nous avons donc besoin de nous inspirer des qualités morales d’André Aliker : lucidité dans l’approche du réel, courage de dire, fermeté dans l’action y compris en allant à contre-courant, honnêteté dans la démarche, etc.

Pour élever la conscience citoyenne martiniquaise, la presse doit aider le peuple à discerner et hiérarchiser dans la masse des informations qui caractérise notre époque. La multiplicité des médias n’est pas nécessairement source de libre arbitre et d’esprit critique.

Cette presse doit surtout donner au citoyen les clés pour relier les faits qui sont alignés soi-disant «objectivement» et les contextualiser.

C’est-à-dire leur donner du sens.

Deux données, au moins, ont radicalement changé par rapport à l’époque du combat d’André Aliker:

La composition des classes dominantes n’est plus aussi simple, à savoir l’aristocratie blanche béké. L’oligarchie qui détient le pouvoir est à la fois plus étendue et plus concentrée et le pouvoir des capitalistes békés, tout en restant important, a singulièrement reculé, notamment face à l’emprise des capitalistes français et européens.

Autre changement: La prééminence des classes possédantes sur le terrain des idées est plus intense, multiforme et complexe et elles imposent une véritable dictature de la «pensée unique».

Et donc la responsabilité morale et sociétale de la presse et du journaliste dans la formation de la conscience citoyenne tout court, mais aussi de la conscience citoyenne martiniquaise est encore plus essentielle.

Le comprendre et s’y hisser, c’est être réellement à la hauteur du message vivant d’André Aliker.

Michel Branchi
Rédacteur en chef de Justice
6/01/2014

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