Par exemple, quand les premiers machines à récolter mécaniquement la canne à sucre sont arrivées, elle portaient un nom anglais car importées des USA : 'cane-loader". Le créole l'a transformé sans difficulté en : kannodè. Pareille chose est devenue difficile de nos jours car notre langue ne cesse de s'affaiblir, de s'effriter même en dépit des énormes efforts accomplis, notamment par les créolistes autour de feu-Jean BERNABE et le GEREC dans notre université. Sa cause n'intéresse guère nos médias et qui sait qu'il y a un mois s'est déroulé un concours de recrutement d'enseignants en créole tout à fait inédit : l'Agrégation de créole.
Aucun média n'en a parlé !
Alors, force est de créer des mots et non d'attendre que la communauté linguistique les crée naturellement. Cela s'appelle des néologismes et n'a rien d'extraordinaire ni de farfelu. Toutes les langues vivantes en créent et cela régulièrement. Le néologisme est même la marque de la vivacité d'une langue. Par exemple, le français a créé le mot "hivernisation" pour désigner le fait d'accueillir en plein hiver des camps de réfugiés lors de la terrible guerre qui a ravagé la Yougoslavie. Rien à voir, même si les deux mots se ressemblent, avec "hibernation" qui désigne le fait pour certains mammifères, notamment les ours, de dormir tout l'hiver.
Puisque donc le créole est gravement affaibli de nos jours, c'est à ceux qui se sont donnés la tâche de le défendre de forger des néologismes. S'agissant de la crise du coronavirus et de la principale mesure prise pour l'endiguer, on pourrait ainsi proposer POUR L'INSTANT :
__CONFINER : ankazé (à patir du mot "kaz").
__CONFINEMENT : ankazaj.
On objectera peut-être que "ankazé" ressemble trop à "ankayé", qui, lui, existe, n'est pas un néologisme et signifie "être bloqué, englué dans quelque chose". Certes, mais "hivernisation" ne ressemble-t-il pas à "hibernation" ?
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