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DE "A BAS LE COLONIALISME !" A "J'ENCULE LES BEKES !"

DE "A BAS LE COLONIALISME !" A "J'ENCULE LES BEKES !"

 ...ou la crétinisation de la jeunesse martiniquaise. 

   Par qui ?

 Par un quarteron d'ex-indépendantistes qui, au tournant du XXIe siècle, a basculé dans le noirisme et y a entrainé toute une jeunesse, ces fameux "digital natives", ces personnes nées au moment où l'Internet prenait son envol et qui ne lisent plus de livres. Whatsap, Facebook, Instagram et YouTube sont leur univers, technologies dont on peut difficilement dire que ce sont des lieux de culture. Le néolibéralisme mondial s'en sert comme principaux instruments d'embrigadement.

   Ainsi donc, ces ex-indépendantistes, dans leur jeune temps, ont lu Lénine, Che Guevara, Fanon et d'autres, ils défilaient au nom de la lutte des classes, de la défense du prolétariat, de la lutte de libération nationale ou de l'indépendance. Ils rédigeaient des manifestes et des programmes politiques. Leur principal mot d'ordre était : "A BAS LE COLONIALISME FRANCAIS !" Or, au lieu d'alphabétiser les "digital natives", de leur fournir un solide background idéologique, ces déçus de l'indépendance les ont entrainé sur le chemin facile mais sans issue de la seule revendication noiriste. Ce qui fait qu'au lieu d'invoquer CESAIRE, FANON, GUEVARA ou HO-CHI-MINH, ces jeunes manipulés n'ont que, pour certains, Kémi SEBA à la bouche, pour d'autres Haïlé SELASSIE ou la très hexagonale Ligue de Défense des Noirs. Dès lors, il n'est pas du tout étonnant qu'"A BAS LE COLONIALISME !" se transforme en : "J'ENCULE LES BEKES !".

  Notre combat pour la souveraineté nationale est complètement perdu de vue au profit d'une idéologie simpliste et obscurantiste qui oublie que si notre origine est en Afrique, notre adresse est en Amérique. Elle feint aussi, cette idéologie, de ne pas savoir qu'il n'existe pas de peuple sans langue et sans culture et qu'en cherchant à éliminer la langue et la culture créoles, ils n'ont rien d'autre à nous proposer. Ils nous auraient enjoint de remplacer le créole par le bambara ou le wolof, on aurait compris ! La cuisine créole par la cuisine togolaise ou camerounaise, on aurait compris ! la chemise et le pantalon par le boubou, on aurait compris ! le tabac par la noix de kola, on aurait compris etc..etc... Mais ils ne proposent rien de tout cela et leur africanité n'est, en réalité, qu'une africanité de pacotille. De même que leur vision paradisiaque de l'Afrique est totalement folklorique : à les entendre ce continent ne comporterait que des rois et des reines, des empereurs et des impératrices. D'où cette inflation de surnoms avec "King" ou "Queen" (pourquoi utiliser cette langue du Blanc qu'est l'anglais d'ailleurs ?) qu'ils s'attribuent. Comme si sur le continent noir, il n'y avait pas de serviteurs, de paysans, d'ouvriers, de chômeurs ou de SDF.

   Cette jeunesse née avec l'Internet n'est absolument pas responsable de ce dévoiement de notre lutte pour l'accession à la pleine et entière souveraineté nationale. Les coupables sont ces adultes, ces ex-indépendantistes qui leur lavent le cerveau avec des loufoqueries comme ce type qui s'est fait couronner roi (décidément, la monarchie est leur système politique favori !) dans une tribu africaine et qui est revenu avec des photos de la cérémonie au cours de laquelle il avait revêtu calotte et toges royales. Sauf que personne n'a la présence d'esprit de lui demander pourquoi il ne reste pas là-bas à régner sur ses sujets au lieu de revenir dans cette île minuscule, dominée par les Békés, embrumée dans une langue et une cultures créoles qui sont des signes de domestication, afin d'y gagner sa vie comme simple auxiliaire de la justice coloniale française. Entre roi en Afrique et auxiliaire de justice en Martinique, n'importe qui, en toute logique, choisirait roi. Même un...Béké !

  En fait, ces adultes-là se moquent du monde et le résultat de leur sale boulot est de noyer notre revendication nationale dans un cinéma permanent qui non seulement n'effraie pas l'Etat français, mais l'arrange. C'est pourquoi cet Etat ne réagit pas quand on lui balance des sargasses dans la cour de sa préfecture. Il ne réagit pas quand des individus pénètrent dans un supermarché et repartent avec des sachets de sucre sans payer. Il ne réagit pas quand on bloque un supermarché toute une journée. Et enlever le drapeau aux 4 serpents sur son Hôtel de police ne lui coûte rien car c'est sa police "nationale" qui continuera à faire la loi. Les Békés, eux aussi, s'en foutent car enlever ce même drapeau sur une bouteille de vin ne leur coûte rien non plus Ils continueront de toute façon à l'importer de France. Pire : le cinéma noiriste offre une occasion rêvée aux Békés de se présenter en victimes. De crier à la stigmatisation de toute une communauté et bla-bla-bla. Le slogan imbécile "J'ENCULE LES BEKES !" est une vraie aubaine pour eux en fait. 

   La conclusion de tout cela est qu'un souverainiste martiniquais un tant soit peu honnête se doit de se battre tout autant contre cette idéologie noiriste que contre l'Etat colonial français et le féodalisme béké. Nous avions deux combats à mener jusqu'à maintenant, par la faute de déçus de l'indépendance, nous en avons désormais trois, chose qui, hélas, complique encore davantage notre tâche. Ne pas combattre la première par sentimentalisme ou par lâcheté revient tout simplement à faire reculer la date de notre accession à la souveraineté et là, il faut pointer du doigt tous ces écrivains, penseurs, intellectuels, sociologues et autres qui ne disent rien, qui gardent la bouche close alors même qu'ils ont bénéficié à la fois du combat pour l'indépendance des années 70-90 et du combat pour le créole, la créolisation, la créolité etc...

   Leur silence est une honte...

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