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Délice de végan (à consommer sans modération)

Christian HIVERT
Délice de végan (à consommer sans modération)

Je ne suis pas spéciste et comme pour tout autre animal, je veux bien manger du végan, d’autant qu’il me semble que ce serait leur rendre service tout en se faisant plaisir au moment des fêtes en dégustant une viande véritablement bio et garnie de saveurs aromatiques, de fragrances d’herbes et de condiments divers.

Car le végan est un animal qui se prête parfaitement à la dégustation : si l’on considère que tu es ce que tu manges, devenir végan le temps d’une fin d’année autorise à briser des tabous : la viande de végan n’est pas une viande humaine, ce sont des fibres de pureté et d’ondes positives garanties sans toxines ni sucres ajoutés. Le végan étant particulièrement pur et sans empathie, car n’ayant jamais exploité le moindre animal, il se prête spécialement alors à une exploitation festive de sa viande au cours des agapes excessives de fin d’année. Le végan consommant beaucoup de légumes, de fruits, de salades et de feuilles variées pour produire sa masse musculaire, il perturbe le bilan carbone de la planète autant qu’un troupeau de bisons du néolithique, il faut donc correctement réguler son espèce à tendance hégémonique en progression exponentielle, c’est une histoire de simple survie planétaire : et cela plaira aux adolescents empli de lectures faciles, car comme pour les vampires des séries stupides et de la junk-lit (compulsion moderne et jeune à produire de l’inculture, à l’instar de la junk food : « Offre promotionnelle : le lecteur achète deux recueils pour le prix d’un—chaque première de couverture est la quatrième de l’autre, si bien que le livre peut s’entamer indifféremment… … : il suffit de le retourner au milieu… ») : si tu manges du végan, tu deviens végan…

 

A ce propos en parlant de vampires, on peut lire beaucoup de nouvelles sidérantes ces temps ci, comme : « Trier les migrants dans l’hébergement ? Les clés d’une controverse mal ficelée » :

 

Ce qui fait dire à Enki Billal lors d’un entretien de présentation de son dernier ouvrage « Ca, ça choque, j’ai l’impression ! Certains me disent que c’est une vision rétrograde, mais ce n’est pas une critique envers la jeune génération. Quand je dis que des gamins n’oseront pas se regarder dans les yeux, c’est une réalité, je fais référence à une sonnette d’alarme posée par des médecins, des psychologues. Trop d’écrans finissent par nous couper du réel. Je suis désolé mais, pour le selfie par exemple, je m’inspire de ce que je vois. Je voyage beaucoup, j’observe les gens. Par exemple quand ils se croisent dans les ascenseurs : laisser sortir les gens, aujourd’hui, ça n’existe plus. Les gens très riches ou très bien éduqués, ils sortent avant que vous n’en sortiez, ils vous bousculent, soit parce qu’ils ont leur portable dans la main, soit parce qu’ils l’ont dans la tête. Et pour moi, les plus faibles, dans toutes les grandes ruptures sociales et technologiques, sont ceux qui trinquent. Je pense à ceux qui vont payer. Lui aussi a l’impression de ne plus rien créer d’avant coureur tellement la réalité gagne toutes les courses.

 

Et donc pour la chasse aux végans (car sur une planète végan, le monde est clairement partagé et les nonvégans sont classés chasseurs, viandards, cadavrophiles, noninclusifs à l’écriture, amateurs de grillades, les crimes de l’agro-industrie leurs sont imputés en vrac, leur histoire encore vivante de pastoralisme et de polyculture-élevage est vomie à qui veut l’entendre, à croire les végans subventionnés par Monsanto qui fait mal à ma santé) parfois il suffit simplement de les laisser venir comme cela se passa devant l'abattoir de Pézenas (Hérault). Une opération baptisée "Nuit debout devant les abattoirs" menée à travers toute la France à l'appel de l'association 269 LIFE, et qui a profondément irrité François Ferdier. Cet éleveur de l'Hérault, membre de la Coordination Rurale 34, a publié une lettre ouverte "aux vegans de Pézenas, de l'Hérault, de France et d'ailleurs" :

 

Madame, Monsieur, vous défendez la cause animale dites-vous, et je la défends aussi. Or, je défends aussi mes collègues agriculteurs, ceux dont la profession est de nourrir les Hommes. Car sans nourriture point n’est besoin de médecin, de psy et des autres professions. Aujourd’hui, un agriculteur se suicide tous les deux jours, soit près de 200 paysans par an… Juste pour que les Français puissent manger à leur faim !

N’oubliez pas que sans l’élevage, ce sont les estives où paissent des vaches, des moutons et des chèvres qui disparaîtront. Il faudra dire adieu aux joies de la glisse en hiver et faire face à un risque accru d’avalanches. De même, les garrigues privées des chèvres et des brebis Lacaune ou Mérinos s’embroussailleront et feront la part belle aux flambées estivales, lesquelles n’épargneront pas nos maisons…

Il vous restera, mesdames et messieurs les « végans », à aller brouter l’herbe du mont Lozère et du plateau du Cantal, car sans les Aubracs qui y paissent, ces espaces, où seule l’herbe peut pousser, deviendront une jungle. Et je ne parle pas de la place essentielle des animaux dans le cycle de la vie organique terrestre !

Lorsque vous défendez les animaux des brutalités de certains individus, lorsque vous vous battez contre la surpopulation « carcérales » de certains élevages, vous avez là toute ma considération. Le bien-être de mes animaux est ma préoccupation quotidienne. Mais que vous vouliez imposer par des méthodes extrémistes illégales vos points de vue sur la consommation de viande, et sur la vie sans animaux domestiques, cela dépasse les bornes.

Alors oui, je partage sans honte le slogan de mon syndicat : POUR SAUVER UN PAYSAN, MANGEZ UN VÉGAN ! alors même que François Ferdier reconnaît la légitimité d'une partie de leur combat : "Je suis le premier à dénoncer les dérives de l'agroalimentaire, les actes de torture dans les abattoirs ou les élevages surpeuplés. Mais pour les vegans, nous sommes tous à mettre dans le même sac. Une extension, par extrémisme, qui envoie de fausses informations aux consommateurs". 

 

A propos de consommateurs par ailleurs : les pays du monde entier s’enrichissent fortement, ils possèdent tous de plus en plus de pauvres. Des siècles pour abolir la peine de mort, des siècles pour comprendre que toute cette gauche bidon ne fut que le versant social de la gestion des affaires courantes : la rigueur. Rendre les déjà riches plus riches et les pauvres plus nombreux. Ces vicieux de pauvres, ils se cachent dans des trous pour mourir ! Comment les voir ? À chaque nouveau mort, ils font semblant de découvrir un nouveau problème, ils en parlent dans la presse, puis ils oublient, entre-temps une avalanche à Acapulco leur fournit matière à parler d’autre chose, c’est toujours le même scénario, puis ils peuvent racheter les immeubles, les pauvres sont au cimetière : On ne peut pas se résoudre à côtoyer la pauvreté, on a peur d’y être entraîné, ceux qui n’ont rien vont nous prendre ce que nous avons, et puis nous ne voulons pas partager, c’est ainsi ? Nous ne voulons pas que le monde change, nous ne voulons pas de la justice, nous voulons être favorisés et être puissants. Les riches ne sauraient être sans les pauvres, nous voulons beaucoup de pauvres. Si nous n’entendions vos gémissements, comment saurions-nous être à l’abri ?

 

Puis un gestionnaire en chef de la misère mène une stratégie entièrement tournée vers la valorisation de son rôle possible. Il se veut l’intermédiaire, le négociateur obligé. Son livre de chevet est de Saul Alinsky, le manuel de l’animateur social : il s’opposera avec virulence et sournoiserie à toute auto-organisation des pauvres sur le sujet de leur lutte, il imposera un dictateur éclairé pour les encadrer, c’est-à-dire lui-même. Aucune organisation ne peut négocier sans le pouvoir d’imposer la négociation. Agir sur la base de la bonne foi plutôt que du pouvoir, c’est de tenter quelque chose dont le monde n’a pas encore fait l’expérience. Pour être efficace, même la bonne foi doit être mobilisée en tant que pouvoir. (Saul Alinski) Le responsable qui se prendra pour un animateur social oubliera en chemin une chose essentielle, il confondra le pouvoir éventuel né de la force d’un regroupement massif de déshérités avec sa volonté de pouvoir personnel sur des individus. Sa haute stratégie sera utilisée par le Pouvoir. Il en attendra les dividendes d’une carrière possible.

 

Car le problème est que pour nos dirigeants l'idée n'est pas de négocier un virage en douceur, d'accepter le changement de paradigme de la décroissance, et leur priorité n'est surtout pas d'épargner les populations. L'idée est au contraire de saigner la populace jusqu'au bout pour sauver le niveau indécent de profit qui se concentre de plus en plus. Le fait que les capitalistes creusent leur propre tombe en jouant à ce jeu ne les effleure pas. Ca DOIT marcher. La priorité est donc la mise au pas du peuple et des salariés, la mobilisation générale vers cet unique objectif: sauver les profits des plus riches. Puisque l'économie ne permet plus d'augmenter les marges, vous devez maintenant baisser vos salaires, vous devez nous donner ce qui vous reste pour satisfaire notre besoin de plus.  Diminuer les salaires ne fait en effet pas augmenter la productivité mais permet seulement de gagner des parts de marché au niveau mondial, la croissance d'un pays se traduit nécessairement par la "décroissance" d'un autre. Vu que tout le monde mise sur cette stratégie de dévaluation compétitive et de contraction des salaires, personne ne peut vraiment y gagner, en tout cas pas tant qu'on n'aura pas baissé les salaires au niveau de ceux de la Chine.

 

Et donc pour conclure et vous souhaiter à tous de joyeuses fêtes de fin d’année une pensée globale : « Les nazis n’ont rien inventé. Ils ont puisé dans la culture dominante de l’Occident libéral » – Entretien avec Johann Chapoutot à lire sur le vent se lève.  Et puisque pour ces fêtes il n’y aura pas de trêves, peut-être quelques grèves (certaines sont rondement commencées), il me semble qu'au lieu de nous servir le terme de terrorisme à toutes les sauces de vos réveillons au cours de vos débats familiaux, de nous bassiner avec les anarcho-autonomes, l'ultra-gauche, les épiciers de Tarnac ou les ninjas masqués, on devrait se demander : quelle est l'organisation terroriste qui est en train de balayer nos régimes démocratiques les uns après les autres, et de propager la guerre partout ailleurs ?

 

 

Alors à vos recettes : mangeons les végans bien accommodés !

 

Christian Hivert le libones 21 Decembre 2017

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