Alfred Marie-Jeanne, leader du MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais) ne siégera donc pas dans la nouvelle assemblée régionale. Il l’a annoncé dans un communiqué assez peu clair dans lequel il déclare avoir reçu mission au cours des deux prochaines années pour préparer les élections à l’Assemblée unique. Il n’abandonne donc pas le combat, mais le transporte sur un autre terrain.
Mais même si Chaben reste député, tout un chacun sait bien que c’est au sein de la Région que se décident les grandes orientations. Que c’est là, et nulle part ailleurs (et surtout pas dans les travées de l’Assemblée nationale française), que se décide l’avenir de notre pays. En refusant d’y siéger, Chaben sauve son honneur, mais laissera un grand vide quelle que soit la qualité de ses colistiers. Aucun d’eux, en effet, ne possède son charisme, sa façon si particulière d’alterner créole et français et son habileté, jusqu’à tout récemment en tout cas, à convaincre ses adversaires les plus irréductibles. Letchimy et le néo-PPM se retrouveront donc sans opposant au sein de l’assemblée régionale et feront la politique qu’ils voudront, notamment celle qui consistera à accorder des subventions à la municipalité de Fort-de-France pour achever les multiples travaux pharaoniques.
Marie-Jeanne est un homme vertical, un peu psychorigide certes, porté à la colère comme tout chaben qui se respecte, mais il laisse l’image d’un homme qui a consacré sa vie, toute sa vie, à un idéal, à une grande cause : celle de l’émancipation totale du peuple martiniquais. Jamais il n’a varié. Jamais il n’a caché son drapeau au cours de ses trente et quelques années d’activités politiques, même si, compromis historique oblige, il s’est rallié à l’idée d’autonomie en compagnie du RDM (Rassemblement Démocratique pour la Martinique) de Claude Lise. Et surtout il ne s’est pas enrichi au cours de sa carrière contrairement à certains qui aujourd’hui montent en épingle une banale affaire d’aide régionale à l’île de la Dominique, salissant au passage l’honneur de sa fille.
Chaben a déjà 74 ans. Même si ses partisans se rassurent en se disant qu’il continue le combat, il faut être réaliste. L’horloge biologique ne joue pas pour lui, mais pour ses adversaires quadragénaires et quinquagénaires du néo-PPM. C’est d’ailleurs ce qui a poussé mesquinement ce dernier à demander que la création de l’Assemblée unique soit reportée à 4 ans et non 2 ans comme prévu. Normal : dans quatre ans, Chaben aura 78 ans…Son âge l’évincera lui-même du débat.
Honte à un peuple qui renvoie de cette manière un leader qui l’a toujours défendu, qui a toujours cru en lui ! Peuple sans mémoire, sans reconnaissance. Assimilé, assisté, lobotomisé. Peuple qui est à l’image de la médiocrisation de la vie politique martiniquaise de ces dernières années comme en témoignent les 26 conseillers régionaux du néo-PPM.
Pli ta, plis tis…
Commentaires