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Deux fois plus de mots d'origine arabe que d'origine gauloise

lesrepliques.com
Deux fois plus de mots d'origine arabe que d'origine gauloise

Exalter les seules racines gauloises est non seulement une absurdité historique mais également un non-sens linguistique.

« Il y deux fois plus de mots français d’origine arabe que de mots français d’origine gauloise ! »

Cette citation vient de la quatrième de couverture et de l’introduction d’un ouvrage connu de toutes celles et tous ceux qui s’intéressent de près à la langue française, puisque sa publication remonte à 2007. L’auteur en est Salah Guemriche, il s’agit du Dictionnaire des mots français d’origine arabe (et turque et persane) publié aux éditions du Seuil. Salah Guemriche n’est ni linguiste ni universitaire, il est journaliste et romancier, mais il a fait un travail de recherche impressionnant, remarquable et très approfondi qui lui a demandé quatre années, qui mérite le respect et qui en fait un ouvrage indispensable à la bibliothèque personnelle de quiconque est passionné par l’évolution de la langue. Son dictionnaire fut préfacé par Assia Djebar (1936-2015), membre de l’académie française et disparue en 2015, qui, par le biais de ses nouvelles, ses romans, ses essais et ses poèmes, demeure un des plus grands auteurs de langue française du Maghreb. Assia Djebar a laissé ce magnifique hommage dans sa préface : « …Ce que Sala Guemriche appelle ‘la mémoire de l’emprunt’, ce français vivant et changeant, se présente en lieu d’hospitalité, et presque d’intimité. » 

La phrase initiale de ce billet n’est pas sorti ex abrupto de l’imagination de Salah Guemriche, elle est au contraire le fruit de la lecture et de l’observation des ouvrages de Henriette Walter, linguiste que l’on ne présente plus, professeur émérite à l’université de Haute Bretagne à Rennes, et plus particulièrement de L’Aventure des mots français venus d’ailleurs, publié chez Laffont en 1998.

A l’approche du premier tour de la primaire de la droite et du centre, il serait bon qu’au moins un candidat — qui ne devrait pas l’être si notre démocratie fonctionnait de façon correcte, morale et décente — qui a notamment usurpé une identité (démarche qui est d’ordinaire l’apanage des membres du grand banditisme) qui chante les louanges des seules racines gauloises et qui répand beaucoup d’âneries et de mensonges en tentant de flatter son auditoire dans ce qu’il a de plus vil, fasse l’acquisition de cet ouvrage. De façon non exhaustive on aura grand plaisir à renvoyer le même candidat à trois mots pris dans l’ordre alphabétique. Fanfaron tout d’abord, de l’arabe farfar, qui signifie « volage, léger, inconsistant, bavard » ; comme on dit dans le domaine de la mode, ça lui va à ravir. Mascarade ensuite, juxtaposition de deux mots arabes, maska, « fantôme » et skar, « tromper, déguiser, mentir » ; comment mieux dire ? Et enfin zéro, de l’arabe, sifr, « ensemble vide, nul, vacant », un superbe résumé. On ne saurait oublier toutes celles et tous ceux qui déshonorent quotidiennement leur noble métier de journaliste en refusant de relayer les enquêtes sérieuses et approfondies qui montrent leur « maître » sous son vrai jour. Laquais donc, du turc ulaq, littéralement le « courrier » ; c’est en effet ce qu’ils font et rien d’autre.

Outre le fait qu’il confirme le fait que, dans notre pratique quotidienne, nous utilisons des mots d’origine diverse, et notamment arabe, parfois consciemment, souvent sans le savoir, le dictionnaire de Salah Guemriche est une source supplémentaire de compréhension et de fraternité. Dans son introduction, l’auteur écrit : « Il n’y a jamais eu de langue sans alliage » (p-30). Magnifique assertion car une langue est faite d’apports successifs et n’est que le reflet de la société, elle-même bâtie sur des strates, des couches, des origines qui la façonnent et l’enrichissent. Une langue, et, en particulier, la langue française, tout comme la société qui la parle, l’écrit, la chante, est multiculturelle. Inventer des différences irrémédiables et insurmontables est non seulement historiquement et linguistiquement faux, mais c’est, en outre, d’une insondable stupidité. On ne peut que recommander à tous, candidats de la droite ou pas, d’avoir dans leur bibliothèque l’ouvrage de Salah Guemriche, ainsi que celui de Jean-Michel Le Boulanger, Manifeste pour une France de la Diversité, qui rappelle, de façon dynamique et réconfortante (p-77) : « La France, une mosaïque de peuples : les Bretons, les Corses, les Alsaciens, les Basques…et les réfugiés, les immigrés, de Pologne, d’Espagne et du Portugal, de l’Afrique du nord, de l’Afrique noire, d’Asie et de tous les aillleurs de la planète. Oui, bien sûr, la France est multiculturelle. »

Jean-Louis Legalery
Professeur agrégé et docteur en anglais retraité

Dictionnaire des mots français d’origine arabe

Manifeste pour une France de la diversité

 

Source : http://www.lesrepliques.com/Deux-fois-plus-de-mots-d-origine-arabe-que-d-origine-gauloise_a565.html

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