Cornel West est professeur émérite de philosophie à l’université Princeton (New Jersey). Il est l’un des principaux représentants de ce que l’on a appelé les « Black intellectuals » qui, dans les années 1990, tentèrent de repenser la condition noire en développant les Black studies au sein des universités américaines.
Il a parallèlement continué de mener une action militante. Sa réflexion cherche à réinterpréter l’apport de la culture noire à celle des Etats-Unis, notamment le jazz, le blues et la religion (sur le sujet, voir le livre de Mahamadou Lamine Sagna : Violences, racisme et religions en Amérique. Cornel West, une pensée rebelle (Karan, 208 pages, 18 euros)). Nous l’avons rencontré à Paris.
Que vous a inspiré la campagne présidentielle américaine ?
Cornel West.- C’est un très triste spectacle, proche du black-out spirituel. Je veux parler de l’absence relative d’intégrité, d’honnêteté, de décence, de courage. D’un côté, nous avons la catastrophe néofasciste, incarnée par Donald Trump. De l’autre côté, nous avons Hillary Clinton, un désastre néolibéral et militariste. Son honnêteté est remise en doute. Pour ma part, je soutiens la candidate verte Jill Stein, mais elle a très peu de partisans. Donc, qu’est-ce qu’on fait ?
La première chose à faire est de dire la vérité à propos de la situation. Certes, un désastre est mieux qu’une catastrophe, donc je comprends ceux de mes amis qui soutiennent Mme Clinton plutôt que son rival. Mais Donald Trump est devenu l’obsession...