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Elections présidentielles au Pérou : la Pologne et le Japon indifférents

Elections présidentielles au Pérou : la Pologne et le Japon indifférents

   Les élections présidentielles viennent donc de se tenir au Pérou et le candidat de droite Pedro KUZCINSKI a été élu, battant la candidate, également de droite, Keiko FUJIMORI. Pas très hispaniques comme patronymes, KUZCINSKI et FUJIMORI ! Ben oui, le premier est polonais par ses parents qui ont émigré au Pérou peu avant la 2è guerre mondiale. Il est donc un Péruvien de première génération. La seconde est japonaise par ses parents qui ont également émigré à peu près à la même époque que ceux de son adversaire. Le père de Keiko, Alberto FUJIMORI, avait d'ailleurs déjà été président du Pérou. Son élection n'avait déjà suscité aucune réaction d'enthousiasme dans les rues de Tokyo ou d'Osaka. Pourtant, le Pérou c'est pas rien ! Plus vaste avec ses 1 million 250.000km2 que le modeste Japon, beaucoup plus riche en matières premières (pétrole, or, cuivre, argent etc.), il compte tout de même 30 millions d'habitants. En plus, il comporte une forte communauté de descendants d'immigrés japonais.

   Le Pérou, c'est tellement pas rien qu'il existe même une bonne vieille expression française qui sert à manifester sa déception : "Ce n'est pas le Pérou !". Sous entendu que si ça l'avait été, eh bien on serait super content car dans notre imaginaire depuis cinq siècles "Pérou" égal "richesse".
   Même indifférence pour l'élection hier de Pedro KUZCINSKI : zéro manifestation de joie dans les rues de Varsovie. Cela n'a fait que trois lignes dans les journaux polonais. Rions un peu : quand Nicolas SARKOZY, lui aussi Français de première génération, avait été élu président de la France, cela avait fait une ligne et demi dans les journaux hongrois. Comment analyser cette absence de réactions de joie en Pologne, au Japon, en Hongrie ou encore en Syrie lorsque Carlos MENEM avait été élu président de l'Argentine, pays qui n'est pas rien non plus ? Par comparaison, pourquoi tous les Noirs du monde ont-ils sauté de joie comme des cabris, des ghettos étasuniens aux banlieues parisiennes, des beaux quartiers de Dakar ou de Johannesburg à la ville de Sainte-Anne en Martinique à l'époque d'un ancien maire, quand Barack OBAMA a été élu président des Etats-Unis ? Pourquoi ont-ils considéré que Barack OBAMA était "le Président de tous les Noirs du monde" ? 
   La réponse va choquer les noiristes-kamites-afrocentristes : blessure narcissique. La violence inouïe de la Traite et de l'esclavage, la scélératesse effroyable du racisme quadri-séculaire du monde blanc envers les Noirs ont détruit chez ces derniers ce qu'en psychologie, on appelle l'estime de soi. Par conséquent, dès qu'un Noir réussit un exploit quelconque que ce soit en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Ghana, en Jamaïque où aux Etats-Unis, tous les Noirs de la planète se sentent gonflés de fierté et ne peuvent s'empêcher de manifester (bruyamment) leur joie. Mais si un Japonais ou un Polonais, qui n'ont plus la nationalité polonaise ni japonaise, qui sont donc devenus citoyens d'un tout autre pays, réalisent un exploit quelconque, en bonne logique, cela n'intéresse que médiocrement les Japonais et les Polonais. Comme on le voit pour l'élection présidentielle au Pérou.

   Continuons...Que cette blessure narcissique du Noir soit présente chez les pauvres, les exploités, les humiliés, ceux qui subissent la violence de la police blanche aux Etats-Unis, le racisme des employeurs blancs en France ou l'exploitation économique des Békés en Martinique et en Guadeloupe, cela est tout à fait compréhensible. Voir un OBAMA à la Maison Blanche regonfle un peu leur estime de soi. Par contre, que des intellectuels, des bourgeois, de grands artistes aux poches pleines, des sportifs multimillionnaires, des politiciens bien installés dans la vie en fassent de même est tout simplement lamentable. Pour en revenir à St-Anne, cette ville de Martinique où le maire de l'époque avait organisé une manifestation triomphale lors de la première élection d'OBAMA, on était passé de l'anti-américanisme, de l'opposition farouche à l'impérialisme américain à un pro-américanisme à la fois indécent et grotesque. Juste parce que le nouveau président yankee était désormais noir de peau ! Résultat des courses : 6 mois à peine après son élection, OBAMA décidait d'envoyer 30.000 (trente mille) soldats supplémentaires en Irak.

   Or, justement, c'est aux élites "noires" de combattre la blessure narcissique évoquée plus haut. Cette blessure qui, selon le mot de Frantz FANON, nous rend prisonnier, "esclave de l'esclavage". Malheureusement, c'est l'exact contraire qu'elles font : l'esclavage et la "souffrance nègre" sont devenus le fonds de commerce de richissimes pasteurs protestants noirs américains, de militants politiques ou de politiciens africains et antillais en quête de gloire à peu de frais, d'activistes forcenés, en boubous et petites nattes, qui n'ont pas la moindre idée du monde idéal nègre qu'ils nous promettent.

   Combattre notre blessure narcissique consisterait à dire, pour ne prendre que ce seul exemple : "Je suis très content pour les Noirs américains qu'un président noir ait été élu, cela ne pourra que leur être bénéfique, mais je ne suis pas américain et Barack OBAMA ne peut rien pour moi. D'ailleurs, je n'attends rien de lui !".

 
   NB. Hé, au fait, les gars du G 20, le nouveau président du Pérou a...77 ans.

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