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EN MARTINIQUE, L'INVASION DE SARGASSES SE POURSUIT

Sarah Vildeuil http://www.liberation.fr/
EN MARTINIQUE, L'INVASION DE SARGASSES SE POURSUIT

DÉCRYPTAGE Depuis plusieurs années, des tonnes d'algues brunes s'échouent sur la façade Est de l'archipel caribéen, comme à la Martinique, qui reste démunie face au problème.

Du sable mais plus seulement, l’odeur d’œuf pourri ne trompe pas. La côte Atlantique ainsi que le sud de la Martinique n’ont pas été épargnés par l’invasion d’algues sargasses qui touche toute la façade Est des Caraïbes, du Mexique à la Barbade en passant par la République dominicaine et les Antilles françaises. Observé pour la première fois en 2011, le phénomène s’est intensifié depuis 2014, pour atteindre des records cette année. Après avoir échoué sur les plages, les algues en décomposition produisent plusieurs gaz, dont du sulfure d’hydrogène (H2S), dangereux pour la santé.Carte des Caraïbes

 

D’OÙ VIENNENT CES ALGUES?

Plusieurs hypothèses ont été mises en avant. Ces algues ont donné leur nom à la mer des Sargasses, située dans l’Atlantique Nord, au nord-Est de l’archipel caribéen, mais les Sargassum fluitans et Sargassum natans qui échouent aujourd’hui par tonnes dans les Caraïbes ne viennent pas de cette mer.

«Ces algues semblent arriver plutôt du sud de l’archipel caribéen», indique Pascal Saffache, Professeur des Universités en géographie basé en Martinique. «Il a été observé au Nord du Brésil un important banc de sargasses, 8000 km de long sur 120 km de large. Cette prolifération s’expliquerait par une présence importante de nutriments dans l’eau, en partie liée à la présence de l’homme, qui contribuent à la prolifération des algues», dit le chercheur. Le courant nord équatorial se charge ensuite de remonter ces algues vers les Antilles. La présence actuelle, au-dessus de la mer Caraïbe, d’une brume de sable en provenance du Sahara, contribue au maintien des sargasses puisqu’elle transporte des nutriments dont se nourrissent les algues.

 LES SARGASSES SONT-ELLES DANGEREUSES ?

L’arrivée massive des sargasses sur les zones côtières représente à la fois un problème sanitaire et économique. Le sulfure d’hydrogène (H2S), caractérisé par son odeur d’œuf pourri, est un gaz toxique. «Quand on sent cette odeur, cela signifie que la teneur en ppm [partie par million, pour mesurer la concentration d’une substance ndlr] est très basse. Mais on peut ressentir une irritation des muqueuses, avoir des larmoiements ou des démangeaisons de la gorge, dit Pascal Saffache. Il y a un danger important quand on ne sent plus l’odeur. Cela peut entraîner un coma et à plus forte dose, la mort.»

Selon l’Agence régionale de santé (ARS) de la Martinique, les effets les plus graves sont observés à partir de 100 ppm. Pour l’heure, il n’a pas été constaté de dépassement du seuil d’1 ppm. Toutefois, les médecins sentinelles de l’ARS signalent des consultations liées aux effets des algues sargasses.

Par ailleurs, les sargasses représentent un frein pour le tourisme et la pêche. Certes, ces algues ont un rôle écologique non négligeable : certaines espèces de poissons ne se reproduisent que sous les nappes de sargasses. Mais leur arrivée en masse à proximité des côtes provoque aussi la disparition d’autres espèces, les algues accaparant une grande partie de l’oxygène présent dans l’eau. Et l’odeur que dégagent ces algues en décomposition fait fuir les touristes, qui annulent leurs vacances dans l’archipel.

COMMENT REMÉDIER AU PROBLÈME ?

«Il nous est arrivé de retrouver jusqu’à 300 m3 de sargasses par jour. On peut nettoyer aujourd’hui et avoir la même quantité d’algues deux ou trois jours après», affirme Serge Maceno, responsable de l’opération sargasse dans la commune du Robert, une des plus touchée par le phénomène, au nord-est de la Martinique, sur la façade Atlantique.

La priorité aujourd’hui est le ramassage des algues, qui représente un coût difficile à supporter pour les collectivités locales. Jusqu’à début juin, la mairie du Robert avait à sa charge la location d’engins. «Pour un jour de nettoyage, il fallait compter environ 3 600 euros», dit Serge Maceno. Désormais, ces dépenses sont assurées par l’Etat, via la préfecture de la Martinique, qui coordonne l’action des différents services.

L’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé fin janvier 2015 par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), a permis de dégager neuf projets pour la collecte des algues. Parmi ceux-ci : le Truxor, une machine amphibie permettant le ramassage en mer. «Cette solution est intéressante pour éviter que trop de sable ne se mélange aux algues lors du ramassage, ce qui favorise l’érosion des plages. Mais on sait que le ramassage à terre est pour le moment inévitable. C’est pour cette raison qu’on cherche à privilégier des machines qui limitent le tassement des sols, ou encore le ramassage manuel», précise Charlotte Gully, ingénieure à l’Ademe.

BRIGADE VERTE

Face à l’urgence de la situation, Alfred Monthieux, maire du Robert et président de Cap Nord, la communauté d’agglomération du Pays Nord Martinique, a proposé la mise en place d’une brigade verte. Cent agents actuellement en cours de formation seront chargés de ramasser les algues manuellement. Le dispositif, étendu aux communes du sud de l’île, se fera dans le cadre d’un atelier chantier insertion (ACI).

La Martinique recherche aussi des solutions pour permettre la valorisation de ces algues. Le compostage est une des utilisations potentielles. Des agriculteurs s’en servent déjà. L’Ademe a pour projet de soutenir les plateformes de compostage sur l’île, comme au Robert.

Le gouvernement a annoncé en juillet un fonds exceptionnel de 2 millions d’euros pour renforcer le «plan sargasse» amorcé au mois de mai. Une mission interministérielle devrait se rendre aux Antilles en septembre. Une conférence internationale rassemblant tous les pays confrontés au problème devrait se tenir au cours du second semestre. Lors d’un sommet exceptionnel qui s’est tenu à la Barbade le 18 août, il a été estimé que près de 120 millions de dollars (soit 107 millions d’euros) et l’intervention de 100 000 personnes seraient nécessaires pour nettoyer l’ensemble des zones concernées.

 

Sarah VILDEUIL

Post-scriptum: 
Sur cette photo, la plage de Cosmy, à La Trinité, au Nord-Est de la Martinique, le 18 août 2015. (Photo DR)

Commentaires

Mada972 | 30/08/2015 - 11:45 :
j'aimerai demander à ce M.Pascal Saffache, Professeur des Universités en géographie basé en Martinique, que sont devenues le pétrole des compagnies BP, Halliburton et Transocean ont laissé échapper lors de l'accident de la plateforme Deepwater lors de l’accident du 10 avril 2010 dans le golfe du Mexique et qu'elles sont les quantités, la nature et effets secondaires que provoquent les produits versés sur les nappes pour ne pas que ces nappes flottes, et toujours demander à ce Prof, ou à un économiste de cette même université de combien on été indemnisé les riverains et par qui?? franchement ces capitalistes nous prennent pour des bleus, avec l'aide des pseudo scientifiques (martiniquais)

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