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ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE WARGNY

Les français dialoguent avec les haïtiens qui leur ressemblent
ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE WARGNY

Nous sommes le 28 avril 2004, à Fort-de-France, au Squash hôtel. Christophe Wargny doit libérer sa chambre dans quelques minutes et prendre l’avion dans moins de deux heures. Et pourtant: l’air détendu, dispos, l’ex-conseiller d’Aristide s’expose au feu nourri de mes questions. L’auteur du fameux titre Haïti n’existe pas1 explique avec précision, voire concision, sa véritable intention. Provocateur au juste propos, il dénoue les liens qui l’attachaient au président déchu.

Jean-Durosier Desrivières: Le titre de votre dernier ouvrage, Haïti n’existe pas, c’est carrément de la provocation?

Christophe Wargny: L’ouvrage a un sous-titre qui est 1804-2004: deux cents ans de solitude. J’avais pensé que c’était provocateur au début, mais finalement, en y réfléchissant bien, je ne me trouve pas si provocateur que ça. Je pense que la France a empêché ce pays d’exister quand il est devenu indépendant, puisque c’était un accroc insupportable à l’épopée napoléonienne. Pour les occidentaux, c’était insupportable: une République nègre qui bat l’armée la plus puissante du monde. Et puis tout au long du XIXe et du XXe siècle, par différents moyens, on a absolument empêché ce pays d’exister.

Dans ce livre, vous parlez de ceux qui ont construit leur réputation sur le dos d’Haïti. Comment construire sur une entité inexistante?

Il y a eu deux phénomènes peut-être complémentaires: d’un côté, effectivement, empêcher ce pays d’exister, occulter son histoire; et quand par malheur, pour nos gouvernants, cette histoire arrivait à émerger, on a toujours donné d’Haïti la pire réputation qui soit. Souvent il n’y avait pas de réputation à donner, dans la mesure où on avait fait l’impasse comme on fait dans les manuels scolaires. Par exemple, comme le font la majorité des fictions qui existent chez nous. Donc le pays n’existe pas. Quand par hasard il existe, on ne retient jamais d’Haïti – disons pour la majorité des Européens – sa culture par exemple. Qu’il s’agisse de sa peinture, sa littérature, cela, on le retient très peu. Par contre, on retient la violence qui sévit dans le pays.

Ne craignez-vous pas d’être pointé du doigt comme étant celui qui fait le jeu des néocolonialistes?

Non, je pense plutôt à l’inverse. C’est vrai que mon livre s’adresse surtout à l’opinion occidentale. Le but est de lui rappeler effectivement le rôle qu’elle a joué volontairement ou non, depuis deux siècles; et en particulier, le fait que notre développement à nous doit énormément à Saint-Domingue qui était la colonie la plus riche du monde. Ce développement-là s’est accéléré dans les deux derniers siècles, alors que Haïti, lui, a été maintenu comme un paria, a été le dernier à profiter de la richesse de sa propre île.

De nombreux haïtiens critiquent les étrangers qui s’érigent en spécialistes d’Haïti, après avoir passé seulement quelques jours au pays. D’après vous, serait-ce un faux procès?

Non, ce n ’est peut-être pas un faux procès. Je crois que ça peut jouer pour beaucoup d’autres pays. C’est vrai qu’il y a quelquefois une difficulté – en particulier quand on est dans un rapport de force, d’infériorité – à accepter le regard de l’autre qui vient d’un pays favorisé. Mais ceci étant, il y a peut être des journalistes qui sont apparus comme tels. Je ne sais pas s’il y a tant d’européens qui s’autoproclament spécialistes d’Haïti dans la période médiatiquement très agitée de février / mars [2004]. Ceux qui pouvaient répondre sur Haïti étaient assez peu nombreux, me semble-t-il. Alors ceci étant, il faut toujours être humble, en ce sens qu’il faut – ça les médias ne le font pas toujours – restituer son propre parcours à soi. Il faut effectivement dire qu’on n’est pas Haïtien, qu’on a connu Haïti dans telle et telle circonstance. Ça permet de relativiser le regard du soi disant spécialiste. Néanmoins il n’y a jamais de spécialistes impartiaux: il y a des gens qui ont suivi un itinéraire, une formation, et puis, à partir de là essaient de s’exprimer sur un autre pays.

Vous étiez conseiller d’Aristide. Outre l’entourage de ce dernier que vous aviez fréquenté assidûment, aviez-vous eu le souci d’aller vers les autres secteurs et de bien les connaître?

Je ne peux pas dire que je connaisse bien tous les secteurs. C’est vrai qu’être au palais national n’a pas fait de moi un créolisant particulièrement brillant. Ce n’était pas le meilleur lieu pour faire des progrès. Mais je pense que, à part ce que j’appellerais l’oligarchie, j’ai pu à peu près rencontrer tout le monde. J’ai profité de toutes les escapades possibles pour aller effectivement dans les petites villes, dans les mornes. Et je pense avoir rencontré tout le monde. Cependant je ne suis pas du tout sûr d’avoir compris tout le monde.

Pourriez-vous nous exposer votre analyse, votre façon tout au moins d’appréhender la déviance de cet homme dont vous étiez le conseiller?

Je pense qu’il a été globalement rattrapé par l’Histoire. Bien entendu, il y a eu des événements concrets comme le coup-d’Etat qui l’a chassé au bout de quelques mois et qui, bien sûr, modifie immédiatement la trajectoire, puisqu’il en fait une sorte de prisonnier des Américains. Ça le conduit donc à abandonner une partie de son programme: au moins économique et social. Ça, c’est une des raisons. Une autre: c’est qu’en Haïti on a le culte du chef, même dans un pays où théoriquement le président de la République n’a pas des pouvoirs très étendus. Mais l’entourage immédiat ou lointain renvoie au président l’image d’un chef qui doit tout décider et qui, au bout d’un moment, finit par croire qu’il sait tout, qu’il décide de tout. Ça signifie que l’entourage, petit à petit, se modifie. Ceux qui sont fidèles et courtisans tendent lentement à prendre la place de ceux qui sont davantage des militants, des compétents, qui ont des idées, mais qui éventuellement n’hésitent pas à dire au président leur désaccord. Donc, on sent l’entourage, petit à petit, se transformer et évoluer; et on entre à ce moment-là dans une sorte de cercle vicieux.

Au fil de vos rapports avec Aristide, aviez-vous pu déceler chez lui un tempérament de tyran?

Pas du tout dans la période où je l’ai le mieux connu, qui est la période de l’exil. L’avantage de cette période de l’exil, c’est qu’on était peu nombreux et qu’on avait des rapports assez intimes. C’est sûr que j’ai commencé à sentir, après le retour en Haïti, ce que j’appellerais les habitudes haïtiennes – c’est-à-dire toute la place qu’on donne au chef, à l’élu, avec un «E» majuscule – petit à petit, pervertissent le personnage. Et ça a été vrai pour beaucoup d’autres dans l’histoire d’Haïti. On pensait qu’Aristide, par ses origines et sa connaissance du peuple haïtien, pouvait être différent.

Etant dans les coulisses du pouvoir, vous ne sauriez ignorer les liens forts qui existaient entre Jean Dominique et Aristide. Pourriez-vous nous en dire quelques mots?

Alors, je n’ai pas assisté à leurs conversations quand elles ont eu lieu. Mais j’ai bien connu Jean Dominique, moins qu’Aristide bien sûr. Mais ce qui me paraît probable, c’est que Jean Dominique était un homme entier, direct. Et à un moment, probablement à partir du moment où Aristide n’est plus président, vers 1996, je pense que Jean Dominique a dû exprimer des critiques sur la déviation de Lavalas et sur le rôle – disons gentiment – ambigu d’un certain nombre de ses barons. Il ne s’est certainement pas privé de le dire et d’annoncer qu’il continuerait à le dire à la radio.

Votre engagement auprès d’Aristide s’est fait comment? Etait-ce un repérage?

J’étais engagé par Aristide lui-même. Je n’étais pas lié à la coopération française. Ce n’était pas un repérage, dans la mesure où j’avais écrit précédemment sa biographie, ou son autobiographie avec lui. C’est ensuite qu’il m’avait demandé si je voulais effectivement mettre ma plume à son service… Au point de départ, ce n’est pas Aristide lui-même, c’est un intérêt pour les pays les plus démunis du sud. C’était un de mes centres d’intérêt et j’étais, à ce moment-là, éditeur: j’ai publié beaucoup de livres là-dessus. Bon, c’était à la fois un pays où je voulais aller depuis longtemps. Il se trouve que ce pays-là était en effervescence après la chute de Duvalier et apparaissait un jeune leader. Je me suis dit que c’était une occasion unique. Au début, je ne savais pas du tout ce que j’allais faire autre qu’à le regarder ou écrire un ou deux articles. Puis, finalement, c’est devenu une biographie et l’histoire a continué.

Vous aviez eu foi en Aristide. Aujourd’hui, êtes-vous déçu, indigné, révolté…?

Disons, ce n’est pas maintenant que je me suis senti déçu ou frustré. C’est à la fin des années 90 où j’ai mesuré à quel point, allant d’erreurs en erreurs, il s’agissait plus d’erreurs, mais d’une véritable dérive. C’est vrai que ça m’a fait un petit électrochoc quand il est parti. C’est quelqu’un que je connaissais très, très bien. A la fin des années 90, j’avais bien mesuré que c’en était fini de l’expérience. Mais, disons plus que la fin d’Aristide lui-même, c’est la trahison d’un immense espoir, d’un grand nombre d’organisations, de gens qui jusque-là n’avaient pas souvent la parole, qui avaient mis tout leur espoir dans Aristide. Moi, je lui fais un double reproche: de n’avoir pas tenu ses promesses et d’avoir trahi l’espoir qu’il avait mis dans des gens qui jusque-là n’avaient jamais eu la parole.

Ne pensez-vous pas qu’aux yeux des grandes puissances étrangères, comme la France, Haïti ne serait qu’un vivier, au sens où la situation déplorable du pays les conforte et fait d’elles des gestionnaires de la misère, à travers tout type de coopération peu bénéfique au soit disant bénéficiaire?

On peut prendre les choses comme ça. Mais je ne suis pas sûr qu’il y ait eu, depuis une dizaine d’années, une vraie réflexion sur Haïti et la France. J’ai été plutôt agréablement étonné de voir que depuis quelques mois, avant même que la crise soit très aiguë, ce problème s’est trouvé posé. Le seul fait qu’il soit posé m’a paru un progrès par rapport au vide dans lequel on était.

Vous avez sans doute lu le rapport de Régis Debray2. Qu’en pensez-vous?

C’est vrai que je l’ai vu petit à petit se faire. Comme d’autres, j’ai été écouté, enfin, auditionné, comme on dit, par la commission. Il y a des gens que je connais bien à l’intérieur de la commission. Je m’attendais à plus de ce rapport. J’ai trouvé que l’idée était bonne. Puisque la France, ça lui permettait de sortir de cette occultation. L’idée était bonne, mais les propositions qui sont celles du rapport sont très décevantes. Disons, on n’y trouve pas une spécificité de la dette que la France a à l’égard d’Haïti. La France doit coopérer avec les anciennes colonies avec qui elle a une dette morale. Mais pour Haïti, il y a une dette en espèces sonnantes et trébuchantes. Et ce problème est tout à fait évacué du rapport. Ce qui l’affaiblit beaucoup.

Aristide avait réclamé la dette et un bon nombre d’intellectuels sont d’accord sur le principe. Or tout récemment (mars 2004), le gouvernement de Gérard Latortue a passé l’éponge en optant pour une franche collaboration avec la France. Vous dites quoi dans ce cas?

Je pense que l’un n’exclut pas l’autre. La France doit avoir des relations de coopération avec Haïti, mais il y a une spécificité qui est cette rançon qui a été exigée. On dit qu’aujourd’hui la France doit la restituer. Il faut bien sûr discuter des formes: s’assurer que cet argent-là servent réellement aux infrastructures absolument indispensables en Haïti. Mais la France doit faire un geste supplémentaire avec si possible un gouvernement crédible. Les réparations me paraissent évidentes. Alors, la forme qu’elles doivent prendre, le temps, tout ça est matière à négociation. Quel organisme doit gérer ça? Il y a là un problème spécifique. Et puis, la France a très souvent sur la scène mondiale un discours tiers-mondiste, mais qui se résume quelquefois au discours lui-même. Elle a là une très bonne occasion de montrer sa bonne volonté.

A part la question de la dette qui, selon certains, aurait poussé la France à faire semblant de s’impliquer davantage dans ce qui se passe actuellement en Haïti, pensez-vous qu’il y aurait un autre intérêt?

Je ne pense pas que la France, à la différence des Etats-Unis, ait beaucoup d’intérêts en Haïti. Elle n’a, à mon avis, pas d’intérêt économique, ni stratégique en Haïti. Son seul intérêt – quelque chose qui intéresse toujours nos gouvernants – c’est la francophonie ou les liens de la langue. Mais la France a assez peu d’intérêts. Finalement elle est un petit peu pilote de l’Union Européenne dans la région. Sa coopération pourrait être d’autant plus intéressante qu’elle pourrait être plus désintéressée que l’américaine.

Le pouvoir en Haïti – à différents niveaux – est le plus souvent maintenu ou guetté par des hommes jouissant du soutien de la France et issus des écoles françaises. Les manifestations des étudiants haïtiens à Paris lors des récents événements, vous le savez, étaient orchestrées par de grands ministères français. Ne devrait-on pas croire à une manipulation permanente?

Je ne sais pas s ’il y a manipulation, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a une tendance des gouvernements français à dialoguer spontanément avec les élites qui ont suivi leurs études en France et qui tout naturellement nous ressemblent davantage. Et je pense que ça a été la cause de beaucoup d’ambiguïtés dans le passé. Peut-être d’une certaine difficulté d’Aristide lui-même à dialoguer avec les Français, parce qu’il n’était pas de ce monde-là. Les Français reconnaissent ceux qui leur ressemblent et ont tendance à oublier complètement les autres. Régis Debray disait fort justement: c’est complètement incroyable qu’à l’ambassade de France il n’y ait pas un antillais parlant parfaitement créole et qui puisse être de plain pied avec les organisations de base où les gens ne parlent que créole. Donc, comme on ne parle que français, on parle avec les 15% qui parlent français et avec les autres les relations sont presque inexistantes. Un petit peu comme si pour la France, Haïti se résumait à ceux qui fréquentait le lycée français et que les autres n’existaient pas ou pas beaucoup.

D’Haïti, du peuple haïtien, que retenez-vous de positif?

J’étais en Haïti, il n’y a pas bien longtemps. J’étais frappé à la fois par le courage, la capacité de rebond, de trouver des solutions même avec des bouts de ficelles, pour arriver à faire face à la situation: à se nourrir, à rouvrir les écoles, etc. Il y a vraiment une capacité, de toujours, à faire face. Mais bien sûr, c’est à faire face pour maintenir la survie en Haïti. Ça, c’est le premier point. Ce que je retiens d’Haïti, et peut-être la chose qui m’avait frappé la première fois, c’est un pays où la lutte des classes est d’une violence extrême. Je ne l’ai jamais vue peut-être aussi dure qu’en Haïti, entre une toute petite minorité qui est non seulement immensément riche, mais qui est d’un mépris insondable vis-à-vis du reste. Aristide aurait sans doute pu faire quelque chose dans cette direction-là. Mais disons, douze ou quinze ans après, ça n’a pas changé.

Avez-vous pu appréhender ce qu’étaient réellement «les classes» en Haïti? Car vous savez, dans le contexte haïtien, ce n’est pas aussi évident.

Il s’agit d’une lutte des classes au sens général. C’est vrai qu’elle apparaît peu, sous forme de grèves ou de manifestations comme dans les pays développés. Mais elle apparaît comme une différence –et pire, dans certains cas – une acceptation des différences qui est terrible. C’est vrai que c’est peut-être les paysans qui quelquefois manifestent le mieux cette lutte des classes, puisqu’ils ont quelques syndicats. Mais ils n’ont pratiquement jamais obtenu satisfaction et ils ont peu d’espoir de le faire. C’est plutôt quand je vois les choses de l’autre côté que je me suis dit: il n’y aura jamais de pacte social, si ceux qui détiennent le savoir, les richesses et la plus grande partie de la surface de l’île, à un moment ne font pas un effort.

Enfin, Christophe Wargny, ne seriez-vous pas en train de vous construire une réputation sur cette Haïti qui n’existe pas?

Ça je ne peux pas le dire. C’est l’avenir qui le dira. Moi, j’ai essayé de participer relativement dans l’ombre pendant plusieurs années, à la construction d’une Haïti que j’espérais avec quelques autres. Il me paraissait aujourd’hui nécessaire – bien entendu j’ai choisi le moment du bicentenaire – de tirer les leçons. En plus, je suis un chercheur, donc je suis amené à me poser un certain nombre de questions. Mais je ne pense pas que ce sera une réputation. Après ce livre-là, je serais plutôt tenté par quelque chose qui ressemblerait à un roman ou bien une magnifique promotion des artistes de la Croix-des-Bouquets [Nord-est de Port-au-Prince] et de leur fer découpé.

Notes

  1. Christophe Wargny, Haïti n’existe pas, 1804-2004: deux cents ans de solitude, Paris, Editions Autrement, 2004.
     
  2. Régis Debray, Haïti et la France, Rapport à Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, Paris, La Table Ronde, 2004.

 

Photo: Fort-de-France, avril 2004; de droite à gauche:
Christophe Wargny, Gary Victor, Wesner Morency, Jean Métellus et son épouse, Rodney Saint-Eloi et Jean-Durosier Desrivières

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