A l'occasion de la polémique provoquée par l'écrivaine Christine ANGOT sur l'esclavage des Noirs, on a une nouvelle fois vu pointer du nez ce que l'on peut appeler "le révisionnisme soft" et que pratiquement personne n'a encore dénoncé à ce jour. Il est désormais temps, grand temps, de le démasquer.
En quoi consiste-t-il ?
D'abord, il y a le négationnisme, le fait de nier que l'esclavage fut une abomination et un crime contre l'humanité. Normalement, comme pour ceux qui minimisent ou nient la destruction des Juifs d'Europe (hypocritement dénommée "Shoah"), toute déclaration négationniste est passible des foudres de la loi. Normalement...
Mais bon...
Ce négationnisme-là, très courant dans les milieux de droite et surtout d'extrême-droite, doit être désormais défini comme étant le négationnisme hard car une deuxième forme de négationnisme a vu le jour, masquée, filandreuse et tout aussi dangereuse : le négationnisme soft. Ce dernier est le fait de toutes sortes de gens, mais, ce qui est grave, d'historiens également : cela va de ce Béké martiniquais qui avait osé dire que son ancêtre "engagé" ou "trente-six mois" avait eu un sort pire que celui de l'esclave nègre car il n'avait aucune valeur marchande alors que l'esclave en avait une à cet historien qui, depuis des années, sans que cela fasse dresser l'oreille de quiconque, explique fielleusement que l'esclavage n'a profité qu'à la noblesse européenne et ensuite à la bourgeoisie.
Autrement dit, la grande masse des Français et des Européens entre le 15è et le 19è siècle, à savoir les paysans, artisans, ouvriers etc. n'a pas bénéficié des retombées de l'exploitation esclavagiste et ne saurait donc être tenue pour responsable de cette dernière. Or, personne à ce jour n'a jugé bon de dénoncer ce négationnisme soft aussi pervers, voire plus pernicieux même que le négationnisme hard. Car, enfin, il suffit de lire Karl MARX, Eric WILLIAMS (Capitalisme et esclavage) ou encore Walter RODNEY (Comment l'Europe a sous-développé l'Afrique) pour avoir la démonstration que si l'esclavage a d'abord profité aux nobles ou aux riches, il a aussi servi, les profits qui en ont été tirés ont servi à construire des routes, des écoles, des hôpitaux, des manufactures, des usines etc...qui vont permettre aux pays européens de se développer et donc à leurs populations d'avoir un niveau de vie meilleur siècle après siècle.
Cela signifie très clairement que les bénéfices tirés de l'esclavage des Noirs, même s'ils ont été très inégalement répartis, ont été profitables à l'ensemble des Européens et que l'avance de l'Europe sur le reste du monde est en grande partie liée à cela. Chercher donc à démontrer que les "pauvres" d'Europe n'ont rien récolté de l'esclavage et que seuls les "riches" en ont été bénéficiaires est une contre-vérité historique, une absurdité économique mais surtout une indignité intellectuelle.
Le négationnisme soft ne passera désormais plus !...