Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

« Fusillade » du Lamentin : une autre histoire à côté de l’Histoire.

Yves-Léopold MONTHIEUX
« Fusillade » du Lamentin : une autre histoire à côté de l’Histoire.

Quel historien martiniquais, nourri au marxisme ou non, s’est donné le mal de faire des recherches et d’aider à écrire une histoire neutre dans l’affaire de mars 1961 au Lamentin ?

De se pencher sur l’épisode du décès, deux ans plus tôt, et de la succession du maire communiste.  Fernand Guilon n’était pas en odeur de sainteté au sein de son parti lorsqu’il s’est suicidé. La même question peut être posée pour les évènements de décembre 1959 à Fort-de-France ou de février 1974, la réponse sera la même : aucun historien honnête n’a étudié ces affaires en historien. S’agissant de « 1959 », l’historien de service a été recadré par la commission Stora. Quant aux incidents de Chalvet, deux médecins ont corédigé un document historique essentiel, le rapport d’autopsie de l’une des deux victimes. Mais jusqu’à leur disparition, ces praticiens ont laissé dire le contraire du rapport et couvert par leur silence bienveillant une présentation arrangée de l’affaire. Bien que la gravité des évènements de février 1974 ne soit pas contestable, il est regrettable que soit retenue l’histoire écrite par des historiens marxistes, manifestement à la gloire de leur propre militantisme.

Ainsi donc, après 2 mois de grève sur l’habitation du Lareinty, plusieurs incidents graves se sont déroulés, dont le bras sectionné d'une amarreuse de cannes qui refusait de faire grève. Imaginer dans ces conditions que le patron de l’usine fût assez fou pour venir seul dans cette chaude ambiance dans le but de provoquer les ouvriers n’a que peu de vraisemblance. Les grévistes pouvaient néanmoins y croire. La reprise par l’historienne de service du mot « narguer », prononcé par les communistes, dit tout de son absence de neutralité. Par ailleurs, s'il est admis qu'"en politique comme en amour il trompe qui peut", c'est aussi le droit de l'homme politique opposé au pouvoir d'exploiter l'évènement. Par son discours dit des "Trois Tombes", sans doute le plus vibrant discours funèbre qui ait jamais été prononcé en Martinique, le Maire du Lamentin a utilisé ce droit avec les airs de Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire.

En revanche, on attend de l'historien.ne qu'il ou elle mette à nue la vérité en écartant les rumeurs, les fakes, les racontars, bref, le romantisme politique ; qu’il ou elle évite de s'aligner en « copié-collé » sur la version qui lui est dictée par le politique. En réalité, l'imprudence du patron de l’usine résultait du fait qu'il avait rendez-vous avec le dirigeant du syndicat CGT, Georges VALBON, afin de signer un protocole de fin de grève. Le chef d'entreprise étant passé 2 fois dans la rue au volant de sa jeep, les ouvriers qui visiblement n'avaient pas l'information, ont pu croire de bonne foi qu'il était venu les « narguer », terme que reprend une historienne avec gourmandise.

On ignore si la présentation des faits par le maire avait irrité le dirigeant syndical qui était en relation avec le patron. Georges VALBON était aussi le premier adjoint au maire. Un premier adjoint en délicatesse avec le maire depuis que la magistrature suprême lui avait échappé dans des conditions rocambolesques. D’abord élu, le vote avait été annulé puis refait pour des motifs jamais élucidés. Peu après les incidents de mars 1961, le nouveau maire allait démissionner pour se débarrasser de ce premier adjoint et refaire un bureau municipal à sa main. Reste que cet homme qui se trouvait à la tête des grévistes a été totalement ignoré par les historiens.

Quant à la « fusillade », en réalité une seule rafale d’une arme automatique, le fait que toutes les victimes aient été étrangères aux faits militent en faveur de la piste accidentelle. Un seul appui sur la détente avait suffi. L’inexpérience de policiers non formés pour réaliser une telle opération induit la responsabilité de la police et de sa hiérarchie. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui encore, il n’est pas besoin à l’historien.ne de galérer pour retrouver des éléments qui sont à la portée de tout curieux et qui, passés par le prisme de l’analyse scientifique, auraient permis d'écrire l'histoire, la vraie, dépouillée des rumeurs, des sentiments personnels et des conflits politiques internes.

Fort-de-France, le 29 mars 2021

Yves-Léopold Monthieux

Commentaires

dosojos4u | 01/04/2021 - 12:15 :
Il est malheureux de parfois réécrire l'histoire sur des bases contestables. Sur ce site, un article répète qu'à Saint-Domingue, des "anciens esclaves battirent les troupes napoléoniennes". En réalité, c'est un corps expéditionnaire du Consulat qui fut battu. Ce corps expéditionnaire était important, composé de soldats d'élite. Sa défaite fut une victoire incontestable des "anciens esclaves". Mais il ne s'agissait pas des "troupes napoléoniennes", Napoléon 1er et l'Empire sont postérieurs à la bataille de Vertières. On me dira que c'est peu important mais de glissement en glissement, on finit par se discréditer.
redaction | 01/04/2021 - 19:34 :
Quelle est drôle l'histoire de la Martinique ! Décembre 59, oh, juste un incident de garnison ! Février 74 ? Rien ne prouve que les morts l'aient été par les balles françaises. Sans l'ont-ils été par des balles martiniquaises ! La fusillade du Lamentin en 1961 ? Oh, une rafale de mitraillette partie à l'insu du plein gré de son propriétaire ! A ce compte-là, la Traite et le commerce négriers furent justes des erreurs de navigation. Les capitaines de navires avaient de mauvaises boussoles qui au lieu de conduire les Africains en villégiature en Europe les ont malencontreusement débarqués à la Pointe des...Nègres. HUM !
yvleo | 01/04/2021 - 20:46 :
Elle est drôle, en effet, telle qu'elle est fabriquée. Ces affaires sont suffisamment graves en soi et lourds de conséquences pour le pays pour qu'ils ne soient pas besoin d'en rajouter en modifiant les faits, en "corrigeant" l'histoire et en usant de la dérision pour envelopper les insuffisances notoires de ceux qui l'écrivent. En histoire aussi, en histoire d'abord, il convient d'en appeler à la rigueur qu'on exige en d'autres domaines.
Stromaed | 02/04/2021 - 01:37 :
Il y a beaucoup d'historiens sans histoires sur ce site qui s'en inventent au grée de leurs convictions personnelles. Nous laissons à chacun la responsabilité de leurs fantasmes
redaction | 02/04/2021 - 07:03 :
Arrêtons de faire comme si l'histoire était une science ! C'est ridicule. Il y a "science" quand tout le monde est d'accord sur le phénomène observé, sa nature, ses implications etc...Tous les physiciens sont d'accord sur le fait que la matière est constituée d'atomes lesquels sont à leur tour composés de particules élémentaires comme les électrons, neutrons etc. Tous les chimistes sont d'accord avec le Tableau périodique des éléments établi par le Russe Mendeleïev à la fin du 19è siècle etc. Il y a, certes, des controverses scientifiques mais elles font progresser la science et celles qui s'avèrent fausses au fil du temps sont définitivement éliminées. Rien de tel s'agissant de l'humain ! Et l'histoire est ce qu'il y a de plus humain. C'est avant tout un "récit" d'où l'expression "récit national" pour parler de la constitution d'une identité particulière. Or, le récit est l'exact contraire de l'observation scientifique. Quand trois scientifiques regardent à travers un microscope, ils voient le même virus ou la même particule. Par contre quand trois historiens écrivent sur un événement historique, chacun le décrit à sa manière. Exemple :pourquoi les USA ont-ils largué deux bombes atomiques sur le Japon et pas sur l'Allemagne alors que cette dernière est plus proche géographiquement des USA et surtout était presque sur le point de fabriquer sa propre bombe atomique ? Réponse de l'historien n° 1 : pour se venger de l'attaque de Pearl Harbour considéré comme un affront ; réponse de l'historien n° 2 : parce que les Japonais sont des Jaunes alors que les Allemands sont des Blancs comme la majorité des Américains ; réponse de l'historien n° 3 : parce que l'Allemane est proche géographiquement des pays alliés des Etats-Unis tels que la France, la Suisse, la Belgique, le Danemark etc...et qu'une bombe atomique lancée sur elle pouvait avoir des conséquences graves pour ceux-ci ; réponse de l'historien n° 4 : blabla-bla...NON ! L'histoire n'est pas une science. Elle n'a jamais été une science. C'est un récit et comme tout récit, il s'agit d'une construction verbale et mentale. D'une reconstruction même puisque l'historien traite du passé et donc d'une période et d'événements qu'il n'a pas vécu lui-même...
dosojos4u | 02/04/2021 - 09:13 :
D'accord, il n'y a pas d'histoire objective. Sans même parler des opinions de l'historien, les faits passés sont toujours interprétés en fonction de ce qu'il s'est passé ensuite. C'est le présent qui décide du passé. Quand j'étais à l'école primaire, je me souviens d'un instituteur qui présentait comme un progrès le remembrement pour l'épandage aérien de DDT sur les cultures. Aujourd'hui, les mêmes faits relèvent de l'abomination. Mais il reste qu'il faut quand même rechercher la matérialité des faits rapportés. On peut penser ce qu'on veut de la décapitation de Louis XVI mais ça part d'un fait matériel établi : Louis XVI a été décapité. Si un historien part de principe que Louis XVI n'a pas été décapité, on peut s'interroger. Il faut aussi ne pas trop solliciter les faits, ainsi pour le 22-Mai. L'esclavage ayant été aboli, des esclaves n'ont pas voulu attendre les délais légaux de la mise en oeuvre de la mesure. Ils se sont révoltés. Après un début de violente répression, habituelle en cas de révolte, mais qui en l'occurrence ne servait à rien, les autorités ont pris le parti des révoltés. La liberté a été proclamée avec quelque temps d'avance sur le calendrier officiel. C'est bien et ça mérite d'être reconnu. Mais quand des interprétations prétendent que ce sont ces révoltes qui ont arraché l'abolition, c'est aller un peu loin. Tous deux ont été confrontés à des révoltes, mais Rostoland qui anticipe un abolition déjà décidée n'est pas Sonthonax qui en prend l'initiative.
dosojos4u | 07/04/2021 - 07:16 :
L'Allemagne s'est rendue en mai 1945 sans la bombe atomique. En revanche, il semblait contraire au psychisme japonais de se rendre. Pour les y contraindre le plus rapidement possible, les USA ont décidé de frapper un grand coup, en juin, avec la bombe atomique. Mais les Japonais n'ont pas réagi. Alors, il y a eu une seconde bombe. Ce n'est qu'à ce moment que le Japon s'est rendu. L'événement était si inconcevable qu'il a fallu que l'empereur lui-même le confirme à la radio, alors que les empereurs avant lui ne s'étaient jamais exprimés publiquement. Evidemment, le fait que le territoire frappé se trouvait dans une île sans présence étrangère a dû faciliter la décision. Le Japon aurait pu être vaincu sans bombe atomique, mais avec le concours de l'URSS, lequel fut déterminant dans la chute de l'Allemagne. La bombe a servi aussi aux USA à freiner les ardeurs de l'URSS dans le Pacifique.
yvleo | 02/04/2021 - 09:22 :
Certes, l’histoire n’est pas une science, mais ce n’est pas non plus du bla-bla. Il s’agit certes d’une construction ou une reconstruction, mais il y a des règles comme dans toute construction. Elle ne doit pas être une fabrication. Par ailleurs, comme elle est écrite par les vainqueurs elle a toujours besoin d’être relue, et ses partis-pris rectifiés. Ainsi l’histoire se réveille aujourd'hui, qui avait « oublié » le 22 mai et les forfaits de Napoléon. N'attendons pas 200 ans pour revenir sur les "oublis" d'aujourd'hui. Les 3 évènements visés sont historiquement récents et ce sont souvent les acteurs eux-mêmes qui écrivent. Ils n’ont pas l’excuse de l’oubli. C’est fou ce qu’il y a d’oublis dans ces histoires. Quand, enfin, un historien vous dit à la télé que 2 petits hommes séparés par 3 ananas signifient un homme blanc suivi par 4 petits nègres esclaves, et que c'est un geste raciste, on est en droit de s’interroger sur le sérieux du récit martiniquais. C'est mon dernier commentaire
dosojos4u | 03/04/2021 - 17:49 :
L'affiche aux ananas n'est pas originale dans son principe. Des affiches similaires ont été publiées, en France comme à l'étranger, qui se référent à des huîtres, à des noix de coco, à des kangourous, à des boomerangs, à des casoars, etc. Figurer deux personnes de couleurs différentes n'est pas original non plus. On peut trouver que l'idée est infantilisante mais la dire raciste reste pour moi un mystère.
redaction | 02/04/2021 - 11:39 :
Vous oubliez que notre histoire a été écrite pendant deux siècles et demi par LES SEULS DOMINANTS, le Code Noir (1685) interdisant d'apprendre à lire et à écrire aux Nègres ! Vous oubliez qu'après l'Abolition de 1848, seuls 17% des enfants des anciens esclaves, dit "nouveaux-libres", eurent accès à l'école par le biais des Frères de Ploërmel ! Heureusement qu'il existe une mémoire orale (récits transmis de génération en génération, chants, contes, titims, proverbes etc.) pour donner un aperçu de la vision des dominés ! Donc n'écrire l'histoire qu'à partir des seules archives écrites des dominants est une forfaiture pure et simple. Personne n'a inventé l'esclave Romain : il fait partie de notre mémoire populaire. Il y a moins d'un siècle que nous, Martiniquais, avons commencé à écrire notre histoire NOUS-MEMES et pour le faire, nos historiens se sont basés A LA FOIS sur les sources écrites et les sources orales qu'ils ont confrontées. Cela s'appelle de l'honnêteté intellectuelle. Alors, bien sûr, il existe encore des Nègres dans ce pays pour ne pas croire que leurs ancêtres ont été "charroyés" d'Afrique au fond des cales de bateaux négriers, ne pas croire qu'une fois arrivés ici, ces ancêtres ont été contraints de travailler comme esclaves pendant deux siècles et demi, à ne pas croire qu'après l'abolition, les nouveaux livres, devenus ouvriers agricoles, ne reçurent que du "lanmonné-kod" (salaires de misère) et quand ils osaient faire grève, on leur envoyait la gendarmerie etc...Ces oublieux croient par conséquent que notre histoire commence en...1946 ou en 1960, quand les lois hexagonales ont commencé à être appliquées ici. Grand bien leur fasse !
dosojos4u | 02/04/2021 - 16:07 :
Discuter tel ou tel aspect de la reconstruction de l'histoire martiniquaise ne signifie pas qu'on refuse cette reconstruction (par la prise en compte d'autres sources) ni qu'on réfute la traite négrière.
redaction | 03/04/2021 - 18:29 :
Je me vois contraint de vous informer au nom de la rédaction de MONTRAY KREYOL que nous serons sans doute contraints de fermer le site après 14 ans de bons et loyaux services. En effet, nous avions déjà dû payer en 2020 une lourde amende à un membre de l'ex-CEREGMIA et voici que nous devons en payer à nouveau une autre encore plus lourde, ce type nous ayons intenté un deuxième procès. Pourquoi avons-nous été condamnés ? Pour "violation de la présomption d'innocence" et pas du tout pour "diffamation" ! La justice nous condamne pour avoir publié les condamnations des 3 chefs du CEREGMIA par le CNESER (Conseil National de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche) qui prononcé leur révocation à vie de la fonction publique. Cette décision est une décision ADMINISTRATIVE (suite à la disparition de 12 millions d'euros de fonds européens des caisses de l'Université des Antilles) mais la justice PENALE aurait dû avoir pris le relais. Or, deux ans et demi après, elle ne l'a toujours pas fait ! Pire : elle a délocalisé l'Affaire CEREGMIA à Paris (comme pour celles du CREDIT MARTINIQUAIS et celle du chlordécone) et depuis, on n'en entend plus du tout parler ! Evidemment, puisque la justice se refuse à les juger, ces messieurs demeureront "présumés innocents" à vie !!! Nul doute qu'ils sableront le champagne à la disparition de notre site...Ainsi va la Martinique !
redaction | 03/04/2021 - 19:58 :
Si vous voulez nous soutenir, vous pouvez nous contacter à l'adresse-mail ci-après : montraykreyol@gmail.com. MERCI de votre soutien ! Mais ce sera dur...
dosojos4u | 04/04/2021 - 07:24 :
Attention : à l'article 40 de la loi de 1881, on lit qu'il "est interdit d'ouvrir ou d'annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d'indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires".
redaction | 04/04/2021 - 08:15 :
Rassurez-vous les deux avocats de MONTRAY connaissent parfaitement les lois ! C'est pourquoi il n'y aura ni souscription publique ni cagnotte Leetchi ni rien de ce genre. Cependant la loi n'interdit nullement à un citoyen de faire un don à qui il veut. Depuis 14 ans que notre site existe, à diverses reprises, des lecteurs que nous ne connaissons même pas nous en ont envoyés. Spontanément ! De toute façon, MONTRAY n'est pas un site commercial, il refuse la publicité en dépit de ses 30.000 lecteurs journaliers et tous ceux qui le font vivre sont des bénévoles. Aucun de ses collaborateurs ne reçoit de rémunération. Donc s'il y a des donateurs, ils peuvent nous contacter sur : montraykreyol@gmail.com

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.