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Guyane : le suicide de Cyril LASSANA n’aura pas suffi !

Guyane : le suicide de Cyril LASSANA n’aura pas suffi !

   Pourquoi un enseignant apprécié de ses élèves et de sa famille en arrive-t-il  à commettre ce geste désespéré ? Pourquoi la presse guyanaise, sites-web compris, fait-elle le plus grand silence sur cette sombre affaire ? Que cache le suicide de Cyril Lassana ? On trouvera ci-après et en pièces jointes des témoignages de ses collègues, ses élèves et sa famille...

***

   Le proviseur Alain NGUYEN VAN DANH, affecté depuis septembre 2016 à Cayenne au lycée Max JOSEPHINE, est accusé par des enseignants d'autoritarisme et de pratiques de harcèlement. De nombreux collègues sont déjà en souffrance dans ce nouveau lycée. Un 2ème syndicat a déjà saisi le recteur Youssoufi TOURE en novembre après la plainte d’un professeur. Christophe THEGAT du SNUEP-FSU (aujourd’hui en Martinique après 14 ans en Guyane), dénonce la clémence-complice des autorités à l’égard de tous ces « harceleurs méprisants »…Bernard, professeur à TARCY accable le proviseur et l’inspecteur et témoigne des pratiques de harcèlement et d’autoritarisme de ces derniers. A la suite les témoignages des collègues, des élèves et de la famille.

 

J' ai travaillé deux ans au Lycée R. Tarcy aux côtés de mon collègue et ami Cyril Lassana. Fin 2015, n' ayant aucun soutien, aucune possibilité de s' entretenir avec notre hiérarchie qui n' accordait aucun intérêt aux très nombreux rapports d' indicent que nous écrivions , aucune sanction n' étant prise à l' encontre d'un élève qui m' avait menacé de mort ( rapport de gendarmerie), j' ai déposé plainte. Je suis allé voir mon médecin à qui j' ai relaté les faits. Il m' a dirigé vers un confrère psychiatre. J' ai été en longue maladie 3 mois. Cyril, avec qui nous échangions conversations téléphoniques , courriels, vivait la même solitude . La hiérarchie est sensée, d' après la loi, protéger l' enseignant.

Nous ne sommes pas là pour être insulté, menacé, tous les jours. Le travail, les élèves, sont notre moteur, notre raison d' exister dans cette société.

Cyril aimait son métier. Il avait une très grande conscience professionnelle. Il n' a jamais émis le moindre mot contre un élève. Par contre, il subissait des pressions psychologiques de la part du proviseur, de son inspecteur de la spécialité qui avait traité Cyril avec le plus profond mépris .

Cyril en souffrait. En avril 2016, il est venu chez moi. Nous avons parlé des problèmes rencontrés avec Mr N'Guyen et Mr Cicéron. Il en souffrait beaucoup.

Pourquoi un tel acharnement à détruire un être humain? Il n' avait pas la bonne couleur de peau? Nous nous sommes interrogés sur cela.Ces deux supérieurs hiérarchiques ne sont pas des hommes de dialogue.

Il ne nous reste que notre souffrance, seul dans un monde très individualiste .

A la rentrée 2016, au lycée TARCY, nous avons eu un nouveau proviseur . C' est aujourd'hui un plaisir d' aller faire cours. Cela m' a manqué durant deux ans.

Cyril, tu me manques.  Cyril on doit payer pour la manière dont on t' a détruit.

Bernard

  

Cyril par l’exemplarité de sa carrière nous laisse le souvenir d’un homme intègre, droit avec un grand cœur. C’était un collègue apprécié et nous tous garderons de lui un souvenir impérissable.

Nicolas

 

Cyril, juste avant la rentrée de septembre, tu me racontais tes vacances passées à la Martinique avec le sourire. J’étais loin de me douter que les difficultés professionnelles que tu dénonçais auraient eu raison de toi. Ce que tu as vécu m’a changé et aujourd’hui je suis un homme doublement averti et plus que jamais conscient des dégâts que peuvent occasionner nos rapports à la société et aux hommes qui nous environnent. Bon voyage mon ami et je pense très fort à ta famille.

Loïc

 

Un jeune homme discret, sensible, fragile ou plutôt fragilisé, mais surtout sincère et entier, "droit dans ses bottes", aux échanges passionnés et au franc parler. " Pouvoir être en mesure de se regarder dans une glace sans honte", c'est à peu de chose près ce qu'il disait lors de nos derniers échanges.

Rachel

  

A toi Cyril, notre fils, A toi Cyril, mon Frère, A toi Cyril notre Ami

Quels mots peuvent décrire la souffrance et le vide que tu laisses en nous quittant si vite, comment trouver la force pour porter le chagrin de ce départ...
Mais pourquoi, pourquoi maintenant, pourquoi déjà et où es-tu allé... Nous gardons tous de toi le souvenir d'un nounours au cœur tendre caché dans un corps de géant ... Souriant, tendre, généreux, toujours prêt à déconner autant qu'à rendre service, et un peu râleur aussi à l'époque et même encore aujourd'hui. ! On pensait pas qu'un mec comme toi ça pouvait pleurer, on pensait même que souffrir ça pouvait pas t'arriver, on oublier surtout que ta grande taille et tes grands pieds,
c'était surtout un blindage pour ton cœur d'artichaut. Tu puisais ta force dans les derniers jours de ta vie dans le bouddhisme.

Il faut dire que tu en avais besoin, tu avais besoin de cette force intérieure et de ce grand don d'altruisme pour te permettre de faire face à une réalité qui n'était pas facile pour toi. Des conditions de travail intolérables, l' arrogance, le mépris, l'humiliation et l'ironie de tes inspecteurs peu soucieux de ta santé physique et de ta détresse psychologique t'obligeaient à te surpasser. Cyril, grâce à toi, nous allons célébrer ce cadeau merveilleux qu'est la vie et changer la couleur de nos pensées, car la vie n'est faite que d'espérances, grâce à toi Cyril, nous nous fierons désormais aux rêves car en eux est cachée la porte de l'éternité, nous n'allons pas subir notre avenir mais nous allons le créer, car cesser de rêver, c'est cesser de vivre, rien n'est pire que la résignation.. C'est parce que des hommes, des femmes et des enfants ne perdent pas espoir dans leurs heures les plus noires que l'humanité évolue, comme guidée par ce flambeau invisible qui est au fond de nos cœurs. Nous garderons en mémoire tous les souvenirs d'une vie passée à tes côtés, nous ne t'oublierons jamais, la maison est remplie d'une vie de rires et de merveilleux souvenirs. Il y a des choses qu'on ne peut recoller, ni guérir d'un baiser.

Sa famille.

 

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