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GUYANE - SUICIDE DES JEUNES AMERINDIENS : JOSE GAILLOU INTERPELLE LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

18-04-2011
GUYANE - SUICIDE DES JEUNES AMERINDIENS : JOSE GAILLOU INTERPELLE LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Guyane Ecologie demande à l'Etat une réunion
d'urgence

Le énième suicide d’un jeune Amérindien
en territoire réglementé (sauf aux garimpeiros) ce 13 avril 2011 renvoie l’Etat
français face à son incapacité à juguler un phénomène récurrent en Guyane française.

PHOTO : José GAILLOU : Chevalier national de l'Ordre du Mérite, Conseiller
régional de la Guyane, Secrétaire général de Guyane Ecologie

 

Monsieur Nicolas Sarkozy

Président de la République

Palais de l'Elysée

55, rue du faubourg Saint-Honoré - 75008 Paris

 

Objet : Lettre ouverte sur les suicides en Guyane

 

Monsieur le Président de la république,

Le énième suicide d’un jeune Amérindien en territoire réglementé (sauf aux
garimpeiros) ce 13 avril 2011 renvoie l’Etat français face à son incapacité
à juguler un phénomène récurrent en Guyane française.

Je vous renvoie au communiqué de presse que Guyane Ecologie a diffusé le 16
mars 2011. « Guyane Ecologie présente ses condoléances à la population Amérindienne
du Haut Maroni et plus particulièrement à la communauté Wayana et dénonce les
mesures inappropriées de l’Etat face à ce fléau.

Constate que les décisions prises dans l’urgence, sans considérer les problèmes
de fond sont vouées à l’échec. Guyane Ecologie demande et propose au Préfet
:

- D’organiser une réunion d’urgence, avec l’ensemble des acteurs concernés
à savoir les collectivités, l’ARS, les associations, les autorités coutumières,
la population des territoires…

- D’adapter un véritable plan de santé publique qui tient compte des réalités
des communes isolées, notamment en matière de lutte contre les suicides, l’imprégnation
mercurielle, les grossesses précoces, les phénomènes d’addiction.

- De lutter contre la volatilité des personnels médicaux et de l’enseignement,
entrainant un turn-over insupportable tant pour les populations que pour les
équipes en place et altérant l’efficacité des services.

- De mettre en place rapidement un plan développement local pour les territoires
isolés.

 

Combien de vies sacrifiées de notre jeunesse faudra-t-il pour que le l’Etat,
les pouvoirs publics puissent prendre les bonnes décisions. » Guyane Ecologie,
aujourd’hui, présente ses condoléances à la communauté Téko et Wayampi du Haut
Oyapock.

Les réponses apportées dernièrement par la ministre de l’Outre-mer à la députée
Chantal BERTHELOT nous inquiètent car elles démontrent une méconnaissance totale
du problème, un décalage flagrant, voire un mépris des populations autochtones
de Guyane. Qui se substitue aux carences de l’Etat en la matière ? Est-ce prévu
dans la nouvelle collectivité de Guyane ? L’association ADER qui milite contre
le suicide, dans sa lettre publique dénonce l’immobilisme, le manque de soutien
de l’Etat aux associations de terrain, parle d’épidémie silencieuse, de dossier
bâclé. « Oui, il y a urgence, mais une réponse concertée, structurée et pérenne
reste nécessaire. » Certains (es) élus (es) locaux et la fédération des opérateurs
miniers (FEDOM) veulent faire croire à la jeunesse amérindienne que son salut
passe par l’activité minière, c’est trop facile.

Pour quelle retombée économique ? Faut-il autoriser l’activité minière dans
le parc national ? (France Guyane du 15/04/2011) Le schéma d’orientation minière
(SDOM), n’est aucunement une réponse au développement durable de la Guyane,
les richesses sont ailleurs mais il faut un changement total de paradigme. De
par la planète, les activités minières et pétrolières ont appauvris les peuples,
par l’exploitation humaine, la dégradation de l’environnement naturel et social.
Ces pays sont devenus les plus pauvres du monde, sauf pour leur gouvernant devenu
dictateur.

Les exemples de révoltes des peuples sont les conséquences de ces mauvais choix.
Le modèle de développement à l’occidental arrive à sa fin. Nous devrions ensemble,
désormais, développer d’autres alternatives basées sur un développement local,
associant à la base les populations dans un autre modèle de gouvernance. Permettre
aux collectivités d’avoir une autonomie financière nécessaire pour faire face
aux défis des sociétés moderne, et aux directives nationales et européennes.
Nous pouvons construire, par l’économie verte, l’économie sociale et de service,
des valeurs ajoutées.

La Guyane doit sortir de son développement tiers mondiste et d’assistanat vers
une meilleur organisation de son territoire, par une appropriation de ses richesses
renouvelables et une adaptation des réponses aux besoins alimentaires, énergétiques,
de logement, de santé, de services de base et d’émancipation des individus.

Les maux de la jeunesse guyanaise sont les causes d’un oubli, d’une absence
de projet de société dédiée à cette plus grande frange de la population guyanaise,
de la petite enfance jusqu’à l’âge d’adulte, de l’accueil dans ce nouveau monde
jusqu’à l’acquisition d’une autonomie sociale. Certains traduisent leur difficulté
dans le suicide, d’autre dans les addictions, ou d’autre dans la délinquance,
le problème est à considérer de façon globale. La jeunesse est une chance pour
la Guyane et non un inconvénient.

Guyane Ecologie réitère sa demande à l’Etat d’une réunion d’urgence, avec l’ensemble
des acteurs de la société guyanaise sur ce problème de suicide qui plonge notre
société dans un sentiment d’abandon, d’impuissance voire de culpabilité. Vous
avez dit qu’ensemble nous réussirons des grandes choses alors mettons nous au
travail pour, au minimum, donner de la dignité à la jeunesse guyanaise.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le président de la république, l’expression
de ma haute considération.

Kourou le 16 avril 2011

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