Son crime ? S'être proposée pour traduire (dans sa langue à elle : le néerlandais) la jeune poétesse noire américaine, Amanda GORMAN, que Joe BIDEN avait choisie pour lire un poème devenu célèbre, le jour de son investiture à Washington : The hill we climb. Pour les noiristes, RIJNEVELD n'a pas le droit, en tant que Blanche, de traduire une écrivaine noire ! Seule un (e) Noir (e) est en capacité de le faire. Bon, admettons ! Les Pays-Bas ont au moins le Surinam et les Antilles néerlandaises où il serait possible de trouver un Noir maitrisant parfaitement la langue de Spinoza. Oui, mais qui traduira le poème d'Amanda GORMAN en chinois, en turc, en russe, en norvégien, en coréen, en malais ou en vietnamien ? Faudra-t-il que ce soit aussi des Noirs ? Désolé mais ni la Chine ni la Malaisie ni le Vietnam ni la Corée etc. n'ont jamais colonisé aucun pays africain ou "noir" ! Donc trouver un Noir qui non seulement possède parfaitement leur langue mais soit aussi un traducteur, c'est sûrement aussi rare que des œufs de cochon, comme on dit en créole.
Car le problème est là aussi : il ne suffit pas de maitriser une langue pour être automatiquement un traducteur. Sinon tout le monde pourrait exercer ce qui est un métier et demande des années d'apprentissage. Sans compter que de toutes les formes de traduction, la traduction littéraire est la plus difficile, la plus redoutable à cause du caractère polysémique du langage littéraire. Pas étonnant qu'une machine à traduire (ou Google traduction) se débrouille très bien pour traduire des textes juridiques, économiques ou scientifiques mais serait absolument incapable de le faire pour ce célèbre vers de Mallarmé :
"Aboli bibelot d'inanité sonore"
Ou encore Césaire :
"Voici les cent-pur sang du soleil parmi la stagnation".
Mieux : si la langue littéraire est la plus difficile à traduire comme on l'a vu, à l'intérieur de celle-ci, c'est la sous-langue poétique qui est à son tour la plus difficile. Une nouvelle ou un roman sont, le plus souvent, beaucoup plus faciles à traduire qu'un poème. Donc trouver un Noir qui serait à la fois parfaitement néerlandophone, dont la traduction serait le métier et qui se serait spécialisé dans la traduction poétique pour traduire le poème d'Amanda GORMAN relève de la gageure pure et simple.
Mais là où la bêtise noiriste atteint les sommets c'est quand elle ne voit pas que si on suit ses injonctions, on devrait logiquement interdire à GORMAN d'écrire en anglais puisque, jusqu'à preuve du contraire, ce dernier est une langue de...Blancs.