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ITE MISSA EST : LA COMÉDIE EST TERMINÉE, HAITI SOUS PROTECTORAT

Par Jean L Théagène
ITE MISSA EST :  LA COMÉDIE EST TERMINÉE, HAITI SOUS PROTECTORAT

{Les gouvernements ne tiennent leurs promesses que lorsqu’ils y sont forcés ou lorsqu’ils ont quelque chose à y gagner}

(Napoléon)

En 1804, face à l’omnipotence suffocante de la Religion Catholique, à l’odieuse fragmentation de l’Afrique Noire, au triomphalisme béat de l’Europe esclavagiste, à la totale inhumanité des soi-disant institutions et hommes de l’époque, une Nation était née. Pour saluer cette naissance au forceps, on a même inventé une littérature d’évasion qui, à défaut d’autre, permet de s’y réfugier, chaque fois que la perception du présent pointe du doigt l’indignité des dirigeants de même que l’anxiété des gouvernés. C’est une Saga écrit-on, c’est une Epopée, une Légende, une Apothéose etc.… Révolution pathétique, s’il en fût ! Tranche d’histoire sympathique et sublime ! En un mot, le décor était monté par ces guerriers empanachés qui, le 1er janvier 1804, vinrent dire au monde entier, réduit pourtant à l’Europe des Rois et des Princes : « Voilà, nous sommes là et à partir d’aujourd’hui, il faudra compter avec nous. » De la place d’Armes des Gonaïves, ce cri était lancé pour souligner notre soif de vivre au terme de cette faim de combattre toutes les immoralités d’où qu’elles viennent.

Cela se passait sur la place d’Armes de la ville-fétiche par excellence. Qui ne se rappelle pas la cérémonie au cours de laquelle une bouteille explosa pour donner le signal d’une insurrection générale victorieuse ? Boukman ou Romaine la Prophétesse n’ont pas fait mieux. Le sang du cochon du bois Caïman ou la fiole magique des Gonaïves, en dépit du sens qu’on veut bien leur donner ne constituent que les détonateurs d ‘une bombe à retardement. Le clinquant et le pailleté ont toujours fait partie du cérémonial de guerre de ceux qui croient fermement que, sans armes, ils peuvent aisément vaincre les force infernales dix fois supérieures en nombre et en efficacité avec leur FOI seule et le bien-fondé de leur intime CONVICTION. L’histoire l’a prouvé. Le propre beau-frère du plus grand Empereur que la France ait connu, le General Leclerc lui-même n’a jamais compris son échec cuisant face à ce ramassis de nègres farouches qui avaient fini par le faire mourir après avoir vaincu l’imposante armada dont il disposait pour rétablir l’esclavage. Il n’a pas vu venir sa mort. Car les satrapes et les dictateurs se sont toujours crus immortels, à force de s’entourer de ces remparts Humains dont la vie difficile s’est convertie en une navrante inutilité.

Aujourd’hui, que les dieux sont morts, dispersés aux quatre vents, leurs gènes et leurs chromosomes rentrent pour très peu dans la conformation biologique de leurs héritiers. Car, en fait l’Haïtien a perdu son âme à partir du crime atroce du Pont-Rouge où l’on a vu des frères de combat tremper leurs mains sales dans le sang de celui qui les a sortis de l’esclavage. L’Haïtien a perdu son âme à partir du moment où Boyer accepta de payer une dette d’indépendance, qui, paradoxalement, devrait nous être consentie par les colons et leurs fils, spoliateurs avérés des richesses Saint Dominguoises. L’Haïtien a perdu son âme, le jour où des côteries de généraux dépenaillés décidèrent que le pays leur appartenait sans partage. L’Haïtien a perdu son âme dès que les « Bergers du Troupeau » se sont découverts un appétit colossal pour les moutons apeurés et les agneaux égarés. L’Haïtien a perdu son âme quand il a vu ses dirigeants baisser pavillon devant l’arrogance des agresseurs des affaires Luders, Rubalcava et autres pirates internationaux, trop lâches pour s’attaquer à des ennemis de poids égal au leur. L’Haïtien a perdu son âme quand il a commencé á reléguer aux oubliettes les figures de proue qui répondent, aux noms d’Amiral Killick, Pierre Sully, Charlemagne Péralte, Benoit Batraville. L’Haïtien, en ce début du 21ème siècle, perdra-t-il encore son âme au spectacle des ses gouvernants défiler culottes baissées devant le Proconsul William Jefferson Clinton ?

Voilà la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui un pays qui depuis bien longtemps avait perdu son âme. Après deux cents ans d’esclavage virtuel, maintenant il flotte sur la terre de Dessalines un air de tutelle réelle, bien perceptible dans la collusion entre Ban-ki Moun, Bill Clinton et les dirigeants actuels, tellement équivoque dans la conjoncture internationale marquée par l’effort de libération des populations opprimées et l’éradication des régimes tyranniques et immoraux.

Mais nous, qui regardons l’histoire avec nos yeux, nous nous demandons perplexes pourquoi l’étranger s’intéresse-t-il tant à notre avenir. Oublie-t-il que c’est un droit universellement reconnu à tous les peuples de disposer d’eux-mêmes et que ce même droit exige que tout ce qu’une nation entreprend à l’intérieur d’une autre nation, pour être juste et légitime, doive au préalable recevoir l’assentiment librement et clairement exprimé des membres de cette autre nation par les organes qu’ils se sont choisis. On était en droit de s’attendre que le rapprochement des peuples avec la mondialisation postulerait les droits des nations à l’intérieur de leurs frontières. Tout cela n’était que des mots parce que la littérature politique depuis les années 80 s’est enrichie d’une terminologie qui se situe à la limite de la controverse : Terrorisme pour action suicidaire d’éclat, mondialisation globalisation pour partage régalien de la planète.

En effet, la démocratie à partir des années Carter est devenue un vocable très à la mode et surtout très en demande. De temps à autre, certains petits pays servent de laboratoire aux maîtres à penser de la Planète, ceux qui n’admettent pas qu’une portion de l’humanité puisse penser différemment sans les contraintes de l’uniformité collective. Ils ne comprennent pas que ce sont la diversité et la pluralité qui font le charme de cette humanité que nous sommes tenus de partager. Ce forcing exercé sur la population des pays-laboratoires traine aujourd’hui des relents de néocolonialisme assorti d ‘un déséquilibre socio-économique permanent et d’une tentative soutenue de domination et d’acculturation. La méfiance congénitale de la Communauté Internationale contre Haïti, cet Etat naturellement contestataire, désignait déjà du doigt notre pays pour servir de cobaye aux professionnels de la domination politique. Mais par malheur, peu de Nations présentaient un tel éventail de critères au choix des décideurs. A part, le Moyen Orient, il ne restait aux Etats Vautours que la chétive Haïti à se mettre sous les dents. Ce qu’ils n’ont pas tardé à faire par l’ONU interposé. A la limite, venant de l’ONU qu’Haïti a porté sur les fonts baptismaux, pour un coup de pied de l’âne, c’en est un.

Au moment où la plus grande puissance mondiale mène une guerre sans merci au terrorisme international, au lieu de colmater les brèches profondes causées au tissu social haïtien par l’embargo cruel et inhumain de Bill Clinton, la présence sur son territoire de vingt-trois mille hommes de troupe dans un premier temps et de cinq mille autres dans un second temps, l’ONU vient de faire d’Haïti la première république noire indépendante du monde, un PROTECTORAT. Plantons le décor : une occupation à trois visages : militaire, avec les troupes de l’ONU, sociale avec la fondation Clinton et politique avec le Proconsul qui ressemble à mon humble avis à une Cathédrale transformée en chapelle. Président de la Planète pour finir Gouverneur d’un misérable petit trou des Caraïbes.

Jeunesse de mon Pays ! En parcourant ces lignes, loin de t’attrister et de ronger tes freins face à la délinquance adulte et sénile de l’Internationale qui considère ton pays comme un enjeu dans la bataille finale entre mondialistes et altermondialistes, rejoins les rangs de la Résistance. Simple façon de prouver au reste du monde que ce morceau d’île a mauvais ventre certes, mais n’a pas accouché uniquement de ce ramassis disparate de jouisseurs, d’assassins et d’apatrides. Le temps n’est plus aux atermoiements et autres signes de faiblesse. La Patrie t’interpelle. La vie, la mort, c’est temporel. Seule la liberté est éternelle : il ne faut guère oublier le mot de Michiyo Watanabe un phénomène ne témoigne pas à lui seul de l’ensemble d’une culture ni d’une société. Ce qui reviendrait à te suggérer, Jeunesse de mon Pays, qui a fait l’histoire en 46 et 86 en mettant fin à des dérives de prise en otage du pays réel par le pays légal que tu ne dois pas craindre d’affronter les forces de répression dans la défense de tes idées progressistes. Ton pays sous tutelle, c’est ta liberté enchainée, ta souveraineté confisquée. Il est dit que l’insurrection est l’accès de fureur de la vérité (Victor Hugo). Une fois de plus, á cette jeunesse qui n’aura pas peur de monter aux barricades et au créneau et qu’aujourd’hui l’histoire sollicite, nous osons dire : Tu ne dois de salut à personne. Mais ce geste anodin que tu auras posé sera créateur de richesses, car il t’engrange des obligés. Par ainsi, tu auras redonné à ton pays, Haïti, petit par la géographie, grand en histoire cette dignité et cette fierté d’appartenir à une humanité plus ouverte et surtout plus consciente des dangers impliquant les protistes de la politique.

J’ai vidé ma coupe, s’il reste encore du vin, les laquais le boiront.

Patriotiquement Vôtre

{{Jean L Théagène}}

President de L’UNDH

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