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Journée mondiale du Livre et des droits d'auteur en...Martinique

Journée mondiale du Livre et des droits d'auteur en...Martinique

 Ce 23 avril ne fera pas date à la Martinique où la classe politique, toutes tendances confondues, affiche tantôt la plus souveraine indifférence tantôt le plus grand mépris pour le Livre. 

  Chez les Martiniquais les plus conscients de la déperdition de notre patrimoine livresque, beaucoup trop se réfugient encore dans le culte facile de l'oralité. Nous disons bien patrimoine "livresque" et non "littéraire" car il est également trop facile pour certains de confondre ou faire semblant de confondre "livre" et "littérature". En effet, Le préjugé de race aux Antilles (1890) de Souquet-Basiège n'est pas un roman, mais un livre politique. Le père oblitéré. Chronique d'une illusion (1996) de Livya Lésel n'est pas un recueil de fables mais un livre de psychologie. La société martiniquaise aux XVIIIe et XVIIIe siècles (2003) de Léo Elisabeth n'est pas une pièce de théâtre mais un livre d'histoire. De même Histoire économique de la Guadeloupe et de la Martinique (2000) d'Alain Blérald n'est pas un recueil de poésies mais un livre d'économie comme son titre l'indique. Fondal-Natal, Grammaire comparée des créoles guadeloupéen  (1978) de Jean Bernabé est un ouvrage de linguistique etc...
  Le Livre, chers (ères) politiques c'est tout autant que la littérature, ce qu'écrivent depuis bientôt quatre siècles nos chroniqueurs, historiens, économistes, anthropologues, sociologues, psychologues, politologues ou linguistes. Or, tout ce patrimoine soit se perd soit est enfermé dans des archives ou dans les bibliothèques c'est-à-dire le plus souvent hors de portée du Martiniquais moyen. Or, comment expliquer qu'au pays de Césaire, Fanon, Zobel, Glissant, Orville, Chamoiseau, Confiant, Lucrèce et tant d'autres, auteurs certes écrivains mais qui ont publié maints ouvrages non littéraires comme Discours sur le colonialisme (1950), les Damnés de la terre  (1981) ou Le Discours antillais (2001), il n'y ait jamais eu de Salon du Livre pérenne en Martinique.
  Nous disons bien "pérenne" c'est-à-dire durable comme c'est le cas de la Guyane qui a pourtant 100.000 habitants de moins que nous. Les salons martiniquais ne durent qu'une année, une seule, et puis disparaissent comme par enchantement ! Quel que soit le parti politique au pouvoir. C'est ne pas comprendre que c'est grâce au Livre et donc à la Pensée que les différentes civilisations qui se sont succédées depuis l'invention de l'écriture sont parvenues à s'imposer dans le monde. Que serait l'Europe, pour ne prendre que ce seul exemple, sans Montaigne, Hobbes, Hegel, Marx, Schopenhauer, Adam Smith, Tocqueville ou Gramsci ? Europe où d'ailleurs le Livre scientifique a fortement contribué à l'édification de sa civilisation : Newton, Einstein, Lemaître, Heinsenberg, Hawking, Penrose, Rovelli etc...Tous ces éminents scientifiques se sont astreints à publier des ouvrages de vulgarisation pour faire comprendre la Relativité générale ou la physique quantique.
  En Martinique, nos politiques croient que l'épanouissement du peuple consiste seulement dans la construction de routes, des ponts, de gymnases, de stades et de salles de concert, ce qui explique qu'au cours de leur carrière ou à la fin de cette dernière, très peu font l'effort de coucher sur le papier le bilan de leur vie politique. Ils laissent aux chercheurs, souvent européens ou nord-américains, le soin de le faire et certains (es) auront même le culot de critiquer ces derniers aux motif que "les meilleurs spécialistes de la Martinique sont les Martiniquais". Slogan risible qui reflète bien le nationalisme de pacotille de nos élites politiques. Or, comme nous sommes redevables à Jean Benoist (anthropologie), Robert Damoiseau (linguistique), Raymond Massé (psychologie) ou J-P. Fiard  (botanique) pour ne citer que quelques-uns de ceux qui ont consacré une bonne partie de leur existence à étudier notre société !
  Il faudrait donc que ceux qui auront les rênes de la CTM en juin prochain se décident à créer un Fond de Republication du Patrimoine Livresque de la Martinique. Sous forme-papier et sous forme de livre électronique.
  Comment peut-on, par exemple, être citoyen de la commune du Morne-Rouge et ignorer le formidable ouvrage d'anthropologie de l'Américain Mickael Horowitz intitulé Morne-paysan (1967) ? Après, certains dénonceront l'inculture de cette partie de notre jeunesse qui déboulonne des statues, les traiteront de "vandales" et autres noms d'oiseau. Sans voir qu'eux, les politiques, portent, par mépris de la culture livresque, une lourde, très lourde, responsabilité, dans cette supposée ou prétendue...inculture. 

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