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La circulation des armes aux Etats-Unis provoque aussi des tueries dans les pays voisins

Maureen Songne
La circulation des armes aux Etats-Unis provoque aussi des tueries dans les pays voisins

Depuis des années, la législation américaine ultralibérale permet un trafic illégal d’armes qui touche fortement les Caraïbes et l’Amérique latine. Alors que le débat sur le contrôle du port d’arme resurgit aux Etats-Unis après chaque tuerie de masse – dont les dernières en date à El Paso et Dayton –, les armes à feu états-uniennes envahissent les pays voisins. Véritable fléau, elles provoquent nombre d’agressions et de meurtres en Amérique latine et aux Caraïbes.

La Jamaïque, où le taux d’homicides est parmi les plus élevés au monde, est l’un des pays les plus touchés par le phénomène, relate le New York Times dans une longue enquête publiée le 25 août. La législation y est pourtant considérée comme relativement restrictive, la licence de port d’arme étant délivrée sous des conditions précises (contrôle d’antécédents médicaux, motif légitime à posséder une arme à feu, armes automatiques interdites…). Quelque 45 000 armes légales sont en circulation dans ce pays de près de 3 millions d’habitants.

Pourtant, l’île des Caraïbes est submergée par les armes illégales. Les autorités, qui estiment que 200 armes à feu entrent chaque mois illégalement dans le pays, demandent régulièrement aux autorités américaines d’examiner les armes saisies lors de raids de police, sur les routes et dans les ports. Sur les 1 500 armes examinées de 2016 à 2018, 71 % venaient des Etats-Unis.

Une arme achetée en Caroline du Sud retrouvée en Jamaïque

Le parcours d’une arme en particulier a pu être établi, des Etats-Unis à la Jamaïque, grâce à une analyse balistique. Dans un pays où les armes à feu jouent un rôle central dans les crimes, des noms leur sont même donnés pour tenir un décompte des victimes qu’elles font. Celle-ci, appelée Briana, en aura fait neuf.

A l’origine, ce Browning 9 millimètres a été acheté en 1991 par un fermier de Greenville (Caroline du Sud). Il disparaît ensuite des radars pendant vingt-quatre ans avant de subitement être mêlé à plusieurs bains de sang en Jamaïque pendant trois années. Il sera finalement récupéré par la police jamaïcaine à l’issue d’une fusillade.

Le suivi erratique de cette arme est loin d’être une surprise. Une loi ratifiée en 1986 par le président Reagan interdit toute création de registre national d’armes à feu, sous la pression du lobby exercé par la National Riffle Association (NRA). Si les marchands d’armes agréés enregistrent leurs ventes, ils ne sont généralement pas tenus de les signaler aux autorités. Si une arme à feu est volée, perdue ou remise à un tiers, des déclarations aux commissariats ne sont pas systématiquement nécessaires. Suivre la trace des 300 millions d’armes à feu en circulation aux Etats-Unis relève dès lors d’une mission impossible.

« C’est le crime à l’arme à feu typique, explique Joseph Blocher au New York Times, professeur de droit de l’université de Duke. Elles sont presque toutes issues d’une vente légale et sont ensuite transmises, volées ou disparaissent d’une autre manière avant de réapparaître dans un crime. »

Mexique, Honduras, Guatemala…

La Jamaïque est loin d’être le seul pays dans cette situation. Au Mexique, une étude balistique des armes à feu trouvées sur des lieux de crimes indique que 70 % d’entre elles sont d’origine états-unienne, expliquait en mai The Economist.

Le taux d’homicide par arme à feu au Mexique est passé de 16 % en 1997 à 66 % en 2017. Durant ces deux décennies, plus de 16 000 Mexicains ont été tués par une arme fabriquée aux Etats-unis, contre 14 542 Américains au cours de cette même période. Pour résumer : une arme états-unienne est plus susceptible de tuer au Mexique que chez elle.

Comment ces armes se retrouvent-elles au-delà des frontières des Etats-Unis ? Elles viennent principalement de ports de Floride, dissimulées au milieu d’autres biens importés. Au Honduras, où la moitié des armes non enregistrées proviennent également des Etats-Unis, il est connu que des passeurs emballent les armes à feu dans du papier aluminium et les immergent dans de la peinture pour éviter toute détection par les appareils à rayons X, quand ils ne soudoient pas simplement des agents des douanes.

Une fois au Mexique, les armes se retrouvent entre les mains de cartels de drogue ou sont expédiées à des gangs au Honduras, au Guatemala et au Salvador. Des pays confrontés à une épidémie de violence armée, poussant chaque année des milliers de personnes à fuir leur pays natal. Avec comme principale destination les Etats-Unis.

Post-scriptum: 
Des centaines de milliers d’armes vendues aux Etats-Unis disparaissent à cause d’une législation trop souple, et la plupart réaparaissent dans les pays voisins en proie à de fortes violences armées. EDGARD GARRIDO / REUTERS

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