Un premier référendum avait eu lieu le 04 novembre 2018 et avait vu la victoire du "NON" par 56,40%. Au cas où le "NON" l'emporterait une seconde fois, un troisième et dernier référendum se tiendra en 2021. Cela suite à l'accord passé entre les indépendantistes du FLNKS (Front de Libération Nationale pour une Kanaky souveraine) et les partisans du maintien dans l'ensemble français du RPCR (Rassemblement pour la Calédonie dans la République).
En fait, l'électorat est divisé presque en deux : les Kanaks ou autochtones mélanésiens, majoritairement favorables à l'indépendance et les Caldoches ou Békés calédoniens majoritairement favorables au statut-quo. Sauf qu'aux Caldoches, il faut ajouter une importante et assez ancienne immigration tahitienne, wallisienne, réunionnaise et même antillaise. Sans même parler des Français de France installés dans le pays depuis 20 ou 30 ans. Du coup, les Kanaks, le peuple originel, se retrouvent minoritaires sur son propre sol.
Si l'anachronisme qui consiste pour la France, en plein XXIe siècle, à posséder une colonie située aux antipodes semble ne pas pouvoir perdurer ad vitam aeternam, il ne faut pas oublier le cas des îles Hawaï, possession américaine (lieu de naissance de Barak Obama soit dit en passant) situées elles aussi aux antipodes des Etats-Unis. Ces îles ont fini par subir ce qu'Edouard Glissant appelle dans Le Discours antillais (1981), "un processus d'hawaïsation". Il renvoie au fait que les Hawaïens autochtones ont été progressivement mais inexorablement noyés sous des vagues d'immigrants américains, japonais et d'autres originaires d'îles du Pacifique.
C'est ce qui pend au nez des Kanaks si jamais il perdent le deuxième puis le troisième référendum.
C'est ce qui nous pend aussi au nez, à nous Martiniquais qui, semble-t-il, préférons déboulonner des statues au lieu de déboulonner le statut de 1946 bien que ce dernier soit devenu complètement obsolète. Pourtant, il aurait suffi d'une étincelle d'intelligence de part et d'autre pour qu'en Kanaky comme en Martinique, les choses se débloquent : l'indépendance dans l'amitié avec la France. Sans délires anti-Blanc, sans haines recuites contre les Békés et les Caldoches, sans revanchardisme noiriste. Et évidemment, la première, la toute première étincelle aurait dû venir de l'Etat français et des Caldoches en Kanaky ainsi que des Békés chez nous. Une étincelle d'intelligence mais aussi de sincérité. Dès lors, Kanaks et Martiniquais noirs pourraient alors à leur tour tendre la main.
Or, c'est le contraire qui se passe !
L'Etat français continue imperturbablement son grand rêve impérial aux quatre coins de la planète. Les Caldoches et Békés, eux, s'enferment dans le déni de réalité. Ces deux attitudes sont tout simplement suicidaires à moyen terme en Kanaky et à long terme en Martinique. Elles sont grosses de conflits violents qui se sont déjà sporadiquement déroulés dans le passé et qui deviendront forcément plus fréquents et plus durs dans l'avenir.
Pli ta, plis tris, comme le dit sobrement la langue créole...
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