Monsieur Nicolas Sarkozy s’est finalement exprimé sur la grave crise que traversent les dernières colonies de la France. Au-delà des mesures sociales, financières et autres annoncées, un point aura retenu l’attention de tous les observateurs : le président de la République est prêt à considérer toute demande d’évolution statutaire formulée par nos pays et se déclare même favorable au système de « collectivité unique ». Pour ce faire, il annonce une méthode : l’organisation d’états-généraux qu’il dit vouloir inaugurer au mois d’avril prochain en Guadeloupe.
_ Sans doute ce président qui n’est ni Gaulois, ni Français de souche, et qui n’a donc aucune culture coloniale ou de l’Outre-Mer (d’où sa non-crispation sur la départementalisation à l’inverse de ses prédécesseurs), ne se tient-il guère informé de ce qui se passe dans les dernières colonies. Car si c’était le cas, il aurait su qu’au moins une de ces colonies, à savoir la Martinique, a déjà organisé ses états-généraux et s’est déjà prononcée pour une collectivité unique dans le cadre de l’article 74 de la constitution française.
_ La Martinique n’a donc pas besoin des états-généraux de monsieur Sarkozy.
_ En effet, les Martiniquais ont élu, selon les règles de la démocratie française, un Conseil Régional et un Conseil Général lesquels se sont réunis en congrès au mois de décembre dernier, lequel congrès s’est prononcé à une très large majorité, et cela après 11 heures de débats, pour une évolution statutaire. Évolution statutaire qu’on peut qualifier d’autonomie.
_ Donc, à moins de remettre en cause le système électoral en vigueur en Martinique (qui n’est jamais que celui de la France !), à moins de décréter que la légitimité politique se trouve désormais, dans la rue, dans les meetings, dans les tracts, dans les journaux, sur les sites-webs, on ne voit pas comment on peut remettre en cause cette décision du Congrès. Et on ne voit pas pourquoi monsieur Sarkozy organiserait des États-généraux en Martinique.
_ En bonne logique, tout ce qu’il a désormais à faire -- pour la Martinique en tout cas -- c’est de fixer les modalités du scrutin et la date de ce dernier. Les Martiniquais n’ont pas de temps à perdre à recommencer un débat qui a commencé depuis… 2002, qui s’est concrétisé par un scrutin le 7 décembre 2003 lequel scrutin a vu le « NON » à toute évolution gagner par un minuscule 1 040 voix d’avance et cela parce que des maires-{lapia}, autrement nommés « Divers Gauche », n’ont pas fait campagne de peur de perdre leur strapontin suite à la virulente campagne dite du {Chat an sak} menée par la Droite martiniquaise.
_ Depuis 2003, les choses ont évolué. La question institutionnelle a été remise sur le tapis. De multiples articles de presse, dossiers, débats télévisées, réunions des deux conseils etc… en ont débattu.
_ 6 longues années se sont donc écoulées.
_ Les élus du peuple martiniquais, réunis en congrès, ont démocratiquement voté pour que la Martinique se dirige vers l’Autonomie.
_ Monsieur Sarkozy, tout ce que l’on attend de vous, c’est que vous respectiez ce choix.
_ La Martinique n’a pas besoin d’États-généraux !