En ces lendemains de consultations référendaires où les « vainqueurs » - ceux qui avaient appelé à voter « NON » le 10 janvier et « OUI » le 24 » - osent à peine se regarder dans un miroir, honteux qu’ils sont de leur misérable victoire laquelle n’est autre qu’une forme d’humiliation de la Martinique, il est bon d’ausculter cette dernière au quotidien.
D’examiner quelques petits faits ici et là…
Dans une banque du sud de l’île, le 11 janvier au matin, au lendemain de la première consultation donc : des clients font la queue, majoritairement antillais. Devant, non loin du guichet, un Métro, et en bout de queue, un autre Métro. Le premier lance au second, à la cantonade et hilare :
« Depuis 22 ans que j’habite la Martinique, c’est le plus beau jour de ma vie ! »
Les clients antillais regardent ailleurs ou fond le dos rond…
Dans le magazine français « Télérama » (semaine du 11 au 16 janvier), un article d’une journaliste appelée Anizon entièrement consacrée à la campagne électorale à Saint-Anne et à la personne de Garcin Malsa, son maire écolo-souverainiste. Elle décrit (photo à l’appui) l’abattement de ce dernier lorsqu’il apprend l’ampleur du « NON » (près de 80%) au soir du 10 janvier. Quelques lignes plus loin, la journaliste fait parler un Béké, un certain De Gentile, propriétaire terrien à Saint-Anne :
« Garcin Malsa n’est là que pour un temps. Nous, la classe békée, nous sommes là pour toujours ! »
Il poursuit à propos du récent mariage d’une fille békée avec un Noir :
« Oh, il n’est pas très noir !...Mais vous savez, ma servante, qui est noire, m’a dit : « Mais monsieur De Gentile, vous n’allez tout de même pas assister à ce mariage ! Le marié est noir… »
Le Béké De Gentile espère sans doute, après ce « cri d’amour envers la France » (dixit Sarkozy) que représente ce vote à 80% contre le début d’autonomie, pouvoir enfin, lorsque Garcin Malsa ne sera plus élu, utiliser les terres qu’il possède à Saint-Anne à autre chose qu’à l’élevage et l’agriculture, activités peu lucratives s’il en est.
Dans une école maternelle : un parent dépose son enfant à la garderie du matin, vers 7h, lorsqu’il entend l’une des « taties » (gardiennes) crier à un enfant :
« On ne parle pas créole ici ! »
Le parent s’insurge mais trois taties (toutes âgées de moins de 30 ans) lui volent dans les plumes. L’une surexcitée, hurle presque :
« Ici, à la garderie, pas de créole ! Vous entendez ? Pas de créole !...Il y a une Journée du Créole, ça suffit bien ! »
Dans une thèse de doctorat qui va bientôt être soutenue sur le campus de Schoelcher, sous la direction du professeur Jean Bernabé, il est démontré, enquêtes à l’appui, que c’est à l’école maternelle que le créole est le plus fortement stigmatisé et que, la plupart du temps, ce ne sont pas les professeurs des écoles (instituteurs/institutrices) qui sont les responsables, mais les « taties »…
Peuple enténébré…
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