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LA « RE-ETATISATION » OU L’AUTONOMIE A REBOURS

Yves-Léopold MONTHIEUX
LA « RE-ETATISATION » OU L’AUTONOMIE A REBOURS

   Dans sa lettre adressée récemment au président de la république, où il avait dit son souci de voir disparaître toutes les dépendances, usant ainsi des mots de l’indépendantisme pour dire sa volonté d’autonomie, Serge Letchimy avait dit vouloir que soit mis de l’ordre dans le vocabulaire utilisé pour définir les rapports entre la France et ses territoires éloignées, la Martinique, en particulier. Plusieurs vocables avaient été cités, comme « outre-mer » ou « métropole » qu’il fallait éradique

   Plusieurs vocables avaient été cités, comme « outre-mer » ou « métropole » qu’il fallait éradiquer. Le député martiniquais s’inscrivait ainsi dans une conception nombriliste, sans trop s’attarder sur ce que pourrait penser d’autres territoires français d’outre-mer qui ont des préoccupations autres que de nature sémantique. La Martinique aurait donc vocation à se retrouver plutôt au centre qu’à la périphérie, d’où le caractère horripilant, aux yeux de certains, des expressions décriées. Métropole ? Oui, à la rigueur, mais c’est elle qui serait accrochée à la Martinique, pas le contraire. Et outre-mer n’aurait qu’un sens : vu de la Martinique.

   On sait ce que cette tentation centraliste, qui a pu être partagée par d’autres partis nationalistes, coûte à la Martinique, notamment dans ses rapports avec la Guyane et la Guadeloupe, et même avec d’autres pays de la Caraïbe, qui, tous, n’y voient qu’arrogance à nos comportements. C’est peut-être de là que vient la partition de certaines structures comme la SIAG devenu SIMAG puis SIMAR, l’académie des Antilles et de la Guyane ainsi que l’université du même nom, également rétrécies. D’ici peu, certains pourront peut-être s’enorgueillir de posséder une université de Martinique,  dont la centralité, à l’évidence, ne pourrait pas être remise en question, même si elle ne le serait qu’à l’égard de Grand-Rivière et de Ste Anne. 

   Alors que la sémantique de rattachement à la France est de plus en plus insupportable à d’aucuns, se développent des expressions et locutions auxquelles s’accommode avec gourmandise la classe politique martiniquaise dans son entièreté. Des formulations qui s’écartent très sensiblement des canons du bien-parler politique martiniquais. Il en est ainsi depuis quelques années de la « continuité territoriale » et, d’aujourd’hui, de « Re-étatisation », de retour à l’Etat. De même, si on ne supporte pas « DOM » on adore « ultrapériphérique ». L’Europe, que dis-je ?, l’Euro plutôt que la France, qui n’a d’ailleurs plus le Franc.

   Re-étatisation ? Qui aurait cru, il y a seulement quelques années, qu’une motion reprenant ce néologisme rétrogradant (si l’on peut dire), eu égard  au moins-Etat militant de rigueur, serait votée à l’unanimité des élus de la CTM ? Au lendemain d’une évolution institutionnelle ? Il est vrai que l’enjeu, des dizaines millions d’euros, a de quoi faire fléchir les consciences les plus affirmées. On est dans la même réalité pour l’hôpital martiniquais où nous puisons 33% - encore bien insuffisants - des aides nationales allouées à l’ensemble des hôpitaux français. 

   Lorsqu’il s’agit de demander à la « métropole » de suppléer en espèces tremblantes et trébuchantes aux insuffisances de nos « spécialistes », on est peu regardants sur le vocable utilisé et prompts à jeter la fierté martiniquaise à la rivière. En effet, la nouvelle collectivité, dans son tout majorité - opposition, n’a pas su à ce jour découvrir de relents impurs aux euros qui nous viennent du froid. Bref, on vous le jure, la Martinique responsable est en action !

   Fort-de-France, le 18 novembre 2016

   Yves-Léopold Monthieux 

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