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La République ne peut être complice !

Guy FLANDRINA
La République ne peut être complice !

Le 02 février 2017, à Aulnay Sous-Bois, Théo, un jeune noir, est tabassé par quatre policiers. Selon la version des forces de l’ordre : la matraque utilisée pour frapper aurait dérapé et pénétré, à l’insu de son plein gré, dans l’anus du citoyen contrôlé.

M…. ! On aurait pu croire ces policiers dans le caca car, comme il y a eu « pénétration » non-consentie de la voie anale, il s’agit d’un « viol » au sens de la loi.

Mais, par le canal de la voix officielle, l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale), explique au bon peuple que le violeur présumé a commis un acte « non-intentionnel ». La matraque aurait… « glissé » ! 

Comment une République démocratique peut-elle admettre une version aussi abjecte !?

Le pantalon de Théo serait donc tombé tout seul, il est vrai que les jeunes portent souvent des baggies qui mettent leurs dessous dessus. Le slip se serait également volatilisé, laissant ainsi le champ libre à la matraque télescopique et… « sodomisante ».

Bien que cette action policière ait provoqué une déchirure de 10 centimètres, contraignant la victime à subir une intervention chirurgicale, les 4 policiers sont laissés en liberté. Il n’en faudra pas davantage pour que les jeunes des banlieues accordent leurs voix pour réclamer « Justice » ! Et les fonctionnaires de police, assumant déjà une bien difficile mission de protection des personnes et des biens, se voient infliger la peine supplémentaire d’assumer collectivement la faute de délinquants (ne nous gargarisons pas de mots) issus de leurs rangs.

Le 11 février, Bobigny (Seine-Saint-Denis) crie à l’injustice : voitures brûlées, magasins pillés, vitres cassées, mobilier urbain saccagé… Argenteuil (Val-d’Oise), en deuil de justice, s’embrase, des jeunes de la région parisienne s’indignent dans les Yvelines, aux Ulis (Essonne), dans les Hauts de Seine, à Nanterre on déterre la hache de guerre, et aussi à Torcy en Seine et Marne. En province, ça grince à Villeurbanne (Rhône), Chambéry (Savoie) à Rodez (Aveyron)…

Ces événements interviennent dans un climat dégradé. Déjà, le 19 juillet 2016, Adama TRAORÉ, un jeune homme de 24 ans, mourrait à la suite de son interpellation à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise). Les deux rapports d'autopsie diligentés, relèvent des "lésions", des "abrasions cutanées" au cuir chevelu, au front et sur l'épaule. Ils indiquent qu'elles n'ont "pas d'incidence dans le processus mortel". Le décès étant plus probablement lié à « une asphyxie » qui résulterait d'une « compression thoracique » due au poids des trois policiers que le corps de l’interpellé a eu à supporter.

Ce qui s’est produit aux USA −à Ferguson (Missouri) notamment qui a été le théâtre d'émeutes, en août 2014, après qu’un jeune noir ait été abattu par un policier− arrive aussi en France, « Patrie des Droits de l’Homme » !

La peste brune

 

Depuis les émeutes de 2005, le feu du racisme couve, dans les banlieues françaises, sous les cendres de la peur, voire de la haine de l’autre, de celui qui est différent. Un policier syndicaliste n’hésite pas, lors d'un débat télévisé sur l'affaire Théo à user d’une expression qui en dit long sur le respect qu’il porte à certains citoyens. Le comédien François CLUZET -à l’occasion de la 42ème cérémonie des Césars- reviendra sur les propos du policier en termes choisis : « si on peut dire ‘’Bamboula’’, c'est convenable, on doit pouvoir dire enculé de raciste c'est un compliment ».

Il est vrai que la montée du fascisme en Europe et la banalisation du discours du Front National en France, à la veille de l’élection présidentielle, créent un climat propice aux ratonnades et autres actes racistes et xénophobes, singulièrement dans les rangs de la police et des militaires, vivier naturel et historique de l’extrême-droite. Il n’est donc pas surprenant que le FN ait lancé une pétition en ligne « pour soutenir la police ».

La Marine héritière des gènes, fascistes, de son père a −en surface− dé-diabolisé le FN qui −au fond− reste un parti nazi. Le Ku Klux Klan ne s’y est pas trompé en lui déclarant son admirable soutien, pas plus tard que le 23 février en cours. Ceux qui ne sont pas de type aryen ont bien compris que pour eux le slogan du FN c’est : « Vote le Pen(is) tu l’auras dans le c.. » ! N’en déplaise à Huguette FATNA, la négresse caution des frontistes.

La France a été condamnée à de multiples reprises par la Cour européenne des droits de l'homme pour violation du droit à la vie ou traitement inhumain ou dégradant dans ses commissariats. Pourtant ces actes ne cessent de se multiplier avec même, on l’a vu, la complicité de certains de ceux chargés de faire éclater la vérité.

Nul ne peut gagner à cultiver l’ignorance, en gardant des œillères pour ne donner qu’un sens à l’Histoire; ce que d’aucuns refusent de voir, d’autres le regardent à la lumière des faits et des  archives et y puisent, parfois, de la rancœur.

Nul ne peut, lucidement, avancer en voulant rester aveugle au mélange des couleurs alors même que « l’avenir du Monde est dans le métissage ».

Nul ne peut rester sourd aux revendications identitaires, tandis que, du cœur de la Nation française, l’on entend mugir les battements de tambours du multiculturalisme.

La France brûle de façon cyclique, dans ses banlieues et aussi dans ses anciennes colonies, de Pointe-à-Pitre à Saint-Denis en passant par Cayenne, Fort-de-France ou encore Mayotte… 

 

Les voies du saigneur

sont… impénétrables

 

Pas morte, après HITLER et tous les autres, la bête immonde rode, toujours et encore, à la recherche de proies faciles, de victimes au cerveau fragile. Les djihadistes recrutent à tour de bras. Des mesures législatives et répressives leurs sont opposées. Mais quelles sont celles que la République érige contre les fascistes à l’œuvre ?

La jeunesse, singulièrement celle accouchée dans l’aire géographique des anciennes puissances coloniales, n’est plus prête à accepter ce que ses parents ont subi des foyers de la SONACOTRA aux HLM des banlieues dortoirs pour tout espace ; mouroirs … sans espoir !

La blessure coloniale saigne, aujourd’hui, jusque dans les banlieues de l’Hexagone où des fossés d’incompréhension, culturelle voire cultuelle, sont devenus des tranchées entre habitants de quartiers dits « chauds ».  

Si la « République est une et indivisible » elle doit  aussi accepter de se voir, dans le miroir à facettes de l’Humanité, comme un ensemble pluriethnique et multiculturel.

Il faut désormais prendre en main les fils d’une mémoire déchirée afin de tisser, entre nous, les liens de la Fraternité qui sont la trame de la Liberté républicaine et le drapeau de l’Egalité citoyenne.

Le voile de l’oubli, tel un haïk, jeté sur des pages d’une Histoire commune à la France, voire à l’Europe et les contrées au-delà des mers, s’est effiloché : mettant à nue une fracture sociale, raciale et, parfois, religieuse exigeant un devoir de mémoire.

Nous sommes à l’heure, vécue, du diagnostic de Frantz FANON : " La violence qui a présidé à l'arrangement du monde colonial, qui a rythmé inlassablement la destruction des formes sociales indigènes, démoli sans restrictions les systèmes de références de l'économie, les modes d'apparence, d'habillement, sera revendiquée et assumée par le colonisé au moment où, décidant d'être l'Histoire en actes, la masse colonisée s'engouffrera dans les villes interdites."[1]

Le feu ne couve plus sous les cendres, il lèche désormais, çà et là, les différentes capitales et villes d’Europe.

Ces flammes semblent désormais éclairer d’un jour nouveau la nécessité pour les dirigeants de ces pays mais aussi pour toutes les communautés, d’assumer le destin commun que l’Histoire a forgé pour l’ensemble de leurs ressortissants.

Il s’agit ici d’une invite, à l’adresse des candidats à l’élection présidentielle française et à chacun de nous, pour faire un pas afin d’exprimer, collectivement, que nous assumons notre Histoire, avec ses ombres et ses lumières.

C’est la réaffirmation de notre volonté, commune, de vivre Libres.  Mais aussi : Ensemble ! En nous projetant dans l’avenir, sans renier notre passé qui forge notre identité solidaire.                                              C’est : l’invention de notre aleph ![2]

Il importe d’élaborer des modèles, à partir de notre propre Histoire qu’elle soit insulaire ou continentale, du point de vue du colon ou de celui de l’esclave, du citoyen de sang ou de celui qui s’apprête à faire souche dans un sol où il n’a pas encore totalement ses racines.

Guy FLANDRINA




[1] Frantz Fanon : "Les damnés de la terre".

[2] Aleph : première lettre de l’alphabet hébraïque. C’est aussi, en mathématiques, un nombre cardinal caractérisant la puissance d’un ensemble infini...

 

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