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LA RISIBLE POLEMIQUE ESTIVALE AUTOUR DES LIVRES ANTILLAIS A LA FNAC

Jean-Laurent Alcide
LA RISIBLE POLEMIQUE  ESTIVALE AUTOUR DES LIVRES ANTILLAIS A LA FNAC

   Au cœur de l'été caniculaire parisien, un député amazonien, sans doute peu habitué à de si fortes chaleurs, a eu soudain le cerveau en ébullition et, tel un TRUMP basané, s'est fendu d'un tweet vengeur.

   Qu'est-ce qui avait bien pu susciter son ire ?
   La continuation des noyades de migrants en Méditerranée ? Les feux qui ravagent l'Amazonie ? Ou plus modestement la fin programmée de la chaîne ultramarine FRANCE O. Ou bien encore celle des congés bonifiés permettant aux compatriotes dudit député de fuir les insupportables chaleurs estivales pour se réfugier sous le climat tempéré des Tropiques et de l'Equateur.
   Que non !
   Notre homme à écharpe bleu-blanc-rouge s'est indigné parce qu'il venait de découvrir que les livres antillo-guyanais sont rangés dans le rayon "Littérature étrangère" dans cette célèbre librairie qu'est la FNAC et non__horreur et damnation !__dans le rayon "Littérature française". D'où l'on constate qu'il n'a pas dû entrer dans une librairie hexagonale depuis bien longtemps puisque ledit classement a...toujours existé. Jamais notre littérature n'a été rangée dans les rayons gaulois. Jamais !
   Risible son tweet donc...
 Mais encore plus risible fut le déchaînement de messages-whatsap et de post-Facebook, émanant pour la plupart d'Antillais et de Guyanais vivant dans l'Hexagone et dénonçant à leur tour ces "colonialistes", ces "racistes" et bla-bla-bla de la FNAC. Un déluge d'indignation d'autant plus risible et indécent que ces personnes n'ont jamais acheté un livre de leur vie. Nous exagérons ? Eh bien, une petite anecdote pour éclairer le sujet : deux écrivains, l'un Marocain, l'autre Antillo-Guyanais, ayant tout deux obtenu l'un des cinq grands prix littéraires français la même année, se sont vu offrir une tournée de promotion à travers la France et la Navarre. Pendant deux semaines, ils vont sauter de ville en ville. De Nantes à Bordeaux, de Bordeaux à Toulouse, de Toulouse à Marseille etc. afin de dédicacer leur ouvrage primé en librairie (FNAC).
    Un jour, à Toulouse (ou à Bordeaux ou à Marseille ou à Lyon), le Marocain, assis à côté de l'Antillo-Guyanais, chacun ayant une file de lecteurs devant lui avec un livre à dédicacer, se penche vers son confrère et lui murmure à l'oreille :
   __Il n'y a pas de compatriotes à toi dans cette ville ?
   __Bien sûr que oui ! Il y en a même beaucoup. Pourquoi tu me demandes ça ? répond l'Antillo-Guyanais
   __Pour rien...
   Les deux hommes de plume continuent à apposer leurs augustes signatures sur les ouvrages que leur tendent les clients de la librairie lorsqu'à nouveau, l'écrivain marocain se penche à l'oreille de son confrère antillo-guyanais :
   __Tu as vu le type à qui je viens de faire une dédicace ?
   __Oui, il n'a pas l'air de rouler sur l'or vu ses vêtements...
   __Exact ! Il est ouvrier du bâtiment.
   __Et alors ? fit l'écrivain antillo-guyanais, perplexe.
   __Tu sais ce qu'il m'a dit ?...Il m'a dit : monsieur, je ne sais pas lire, ça fait vingt-quatre ans que je travaille en France, je construit des HLM, eh bien, je suis fier, très fier, qu'un Marocain ait pu obtenir un si grand prix. J'achète votre livre, mon fils va le lire. Merci !
   Encore plus perplexe, l'écrivain antillo-guyanais se remet à ce travail de forçat, de bagnard même, qui consiste à signer des bouquins à la chaîne à de parfaits inconnus lorsque__Euréka !_enfin, il comprend la toute première question de son ami et confrère marocain : dans la file qui attend devant la table de ce dernier, il y a moitié d'acheteurs français moitié d'acheteurs marocains ou en tout cas maghrébins. Dans sa fille à lui, l'écrivain antillo-guyanais, il n'y a que des acheteurs...français. Oui uniquement des Gaulois !
   (Dans le déluge de whatsap et posts-Facebook indignés suscité par le tweet du député amazonien, un dérangé du cerveau écrit : "On n'a qu'a ranger tout ça dans "Littératures panafricaines" et puis c'est bon !". Mais non, pauv' con, a-t-on envie de lui répondre, "Littératures panaméricaines" serait mieux indiqué et puis va déjà acheter le premier bouquin de ta vie avant de t'autoriser à ouvrir ta grande gueule !)...

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