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L'alternance ce n'est pas "je préside pendant 31 ans et toi tu présides pendant 20 ans"

L'alternance ce n'est pas "je préside pendant 31 ans et toi tu présides pendant 20 ans"

   Le président de l'Université des Antilles, Eustase Janky, vient de publier dans "France-Antilles", éditions de Guadeloupe et de Martinique, un long article à charge contre les politiciens martiniquais qu'il accuse d'intervenir dans le fonctionnement de l'établissement et de chercher à l'empêcher d'exercer correctement ses fonctions.

   Cet article est intitulé de manière peu conventionnelle : "L'alternance ce n'est pas "je préside pendant 11 ans et toi tu préside pendant 5 ans". Visiblement son auteur ignore l'existence d'une notion, forgée il est vrai par les historiens : celle de "temps long". On peut lui pardonner puisqu'il est médecin et pas historien. En effet, les disciples d'Hippocrate se doivent d'agir dans "le temps court" pour traiter leurs malades car imaginez un instant qu'ils mettraient 15 ou 20 ans à détecter un cancer chez un de leurs patients ! Sauf que lorsqu'ils sortent de leur domaine de compétence et s'engagent dans un autre domaine comme celui de la présidence d'une université__fonction essentiellement politico-administrative__, ils ne sauraient, sauf mauvaise foi, ignorer "le "temps long".

   Il faut donc en revenir à...1970. Il y a donc très exactement 51 ans.

   Pourquoi ?

   Parce que c'est le 31 juillet 1970 que fut créé le Centre Universitaire des Antilles et de la Guyane (C.U.A.G) à savoir un établissement public jouissant de la personnalité juridique et de l'autonomie financière et donc placé sur le même plan qu'une université. Puisqu'on est dans la comptabilité mesquine, allons-y ! En 51 ans, le CUAG, puis l'UAG et enfin l'UA ont connu 7 présidents du Pôle Guadeloupe contre 5 du Pôle Martinique. Il importe, pour le grand public, de conserver à l'esprit cette notion de "pôle" et non celle du lieu de naissance des différentes présidents (es). Pourquoi ? Parce qu'un Guadeloupéen ou un "Métro" exerçant sur le Pôle Martinique peuvent tout à fait être élus à la tête de l'établissement et un Martiniquais ou un "Métro" exerçant sur le Pôle Guadeloupe peuvent également le devenir.  D'autre part, la notion de "Guadeloupéen" ou de "Martiniquais" n'a aucune existence juridique, la loi ne reconnaissant que des "Français". Il est donc curieux de voir des personnes anti-indépendantistes, de droite même et donc farouchement attachés à "la Mère-patrie", sortir de leur chapeau ces notions factices quand ça les arrange.

   Il n'y a pas de Guadeloupéens, de Martiniquais ou de "Métros" exerçant à l'Université des Antilles, mais, juridiquement parlant, des Français exerçant pour certains sur le Pôle Guadeloupe et des Français exerçant sur le Pôle Martinique. Point barre.

   L'actuel président de l'établissement feignant de ne pas le savoir et s'exclamant dans "France-Antilles" que les Martiniquais ont présidé pendant 11 ans let les Guadeloupéens pendant seulement 5 ans, cela nous contraint à rappeler ce que nous avons dit au début de cet article à savoir que sur les 51 dernières années, de Charles Julius (1969-72) à Eustase Janky, l'établissement a eu 7 présidents "guadeloupéens" contre 5 présidents "martiniquais". Cela est aisément vérifiable en allant sur Google ! Et sur des 51 années, il y a eu 31 ans de présidence "guadeloupéenne" contre seulement 20 de présidence "martiniquaise". Cette différence considérable est aussi liée au fait qu'au départ, une présidence durait 7 ans et qu'elle fut raccourcie à 5 ans à compter de la présidence du "Guadeloupéen" J. Portecop (1989-94). Si elle ne l'avait pas été l'écart aurait été encore plus grand !

  Continuons la lecture de cet article du président de l'UA...

  Il écrit encore ceci : "Plusieurs politiciens martiniquais veulent décider à la place des universitaires qui dans leur grande majorité s'entendent et travaillèrent très bien ensemble. Ils veulent que le président soit rabaissé, sali et qu'un administrateur provisoire soit nommé alors que depuis 4 ans et demi toutes les propositions que j'ai soumises au vote lors des différents conseils décisionnaires de l'université ont été validées et votées". Ici, encore, on se voit obligé de faire intervenir la notion de "temps long" et cela en ne prenant que seulement trois exemples, parmi une bonne dizaine, d'interventionnisme "guadeloupéen" dans le fonctionnement de l'établissement. Et ce ne sont pas des interventions sans conséquence auprès de tel ou tel ministère mais des interventions aux conséquences considérables. Le premier concerne le transfert des études scientifiques du Martinique ver le Pôle Guadeloupe et le transfert des Etudes littéraires du Pôle Guadeloupe vers le Pôle Martinique. On conviendra aisément que ce jeu de chaise musicales est autrement plus important qu'un banal courrier émanant d'enseignants ou de syndicalistes adressé aux instances parisiennes. Qui a décidé cela ? Qui a été à la manoeuvre ? Notons d'abord qu'aucun politicien "martiniquais" ne s'y est opposé pour la bonne et simple raison que ceux-ci ne s'intéressent à notre université que depuis une dizaine d'années. Cette décision résulte de l'entregent de Lucette Micheaux-Chevry, proche comme chacun sait de Jacques Chirac lequel l'avait nommée ministre. Or, un ministre, ce n'est pas rien ! Sa parole vaut cent fois celle d'un obscur enseignant ou syndicaliste. Et des ministres, la Guadeloupe en a eu : Bambuck, Micheaux-Chevry, Lurel, Pau-Langevin, Penchard, Flessel etc...contre 0 pour la Martinique. 

   Le deuxième exemple d'interventionnisme guadeloupéen s'est produit quelques années plus tard avec la création d'une Faculté de Droit et d'Economie en Guadeloupe en violation de la règle dite du "non-doublonnage des filières". Pour le grand public, cette expression jargonnante signifie tout simplement que lorsqu'une filière ou une matière existe sur tel pôle de l'Université, il est idiot de la recréer sur l'autre pôle. Or, c'était la Guadeloupe elle-même qui avait dit : "Je prends les Sciences Exactes et Naturelles et je vous laisse les Lettres et Sciences humaines ainsi que Droit/Economie" ! Et dans ce petit coup d'Etat, Micheaux-Chevry fut également à la manoeuvre. Tout comme, des années plus tard, autre exemple d'interventionnisme, Victorin Lurel favorisera la création d'une Faculté des Lettres et Sciences humaines-bis à Basse-Terre, au lieu-dit Camp Jacob, faculté qui ne portera pas cette dénomination pendant des années pour mieux masquer la manoeuvre. Aujourd'hui, elle est devenue la Faculté Roger Toumson !

   La vérité dans toute cette affaire, c'est que les politiciens guadeloupéens se sont toujours occupés et préoccupés de notre université et sont moult fois intervenus pour en modifier la configuration en faveur du Pôle Guadeloupe, chose facilitée par leur strapontin ministériel, alors que leurs alter ego martiniquais s'en sont toujours désintéressés jusqu'à tout récemment. Conclusion : sur "le temps long", l'article d'E. Janky se lamentant du soi-disant l'interventionnisme martiniquais a de quoi faire sourire. Voire même éclater de rire...

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