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LAURICISQUE - QUARTIER POPULEUX ET PORT DE PÊCHE POINTOIS

LAURICISQUE - QUARTIER POPULEUX ET PORT DE PÊCHE POINTOIS

«Lauricisque» est le nom plus administrativement pompeux donné il y a quelques décennies à ce quartier par la municipalité de Pointe-à-Pitre, alors communisque.

Syllabe finale peut-être en souvenir de la francisque et du marteau, car ce cadre populeux était anciennement appelé tout bonnement «Loricis». Ce que d’aucuns s’amusaient à chiffrer : «Lori VI»…

Le nom proviendrait de «l'eau ici», à cause d'une source autrefois vive, maintenant tarie.

Le quartier fut longtemps un grouillant ferblanc-ville en ras de mer de cette zone négligée de l’ancienne Pointe-à-Pitre.

Il en reste encore un noyau dur de cases traditionnelles vétustées, scotchées ou bien reparées, et des chantiers de réparation de canots de pêche et de plaisance, tel celui des Sahati.

L’endroit bordé d'amandiers et de manguiers a subi le remplacement progressif de la plus grande partie des cases par des HLM aux noms d’arbustes – acacia, héliconia… , et par les deux fameuses Tours Gabarre, écorche-ciels à 19 étages, sinistres building-taudis mal fréquentés aujourd'hui devenus, dont l'implosion serait programmée pour la prochaine décennie de rénovation urbaine...

Le petit port de pêche de Lauricisque vibre au petit matin. L’eau de mer stagne puamment hélas, comme dans toutes ces marinas où l'homme a fait main basse sur un frais bord de mer vivant… Il procure du poisson frais aux habitants d’à l’entour et de plus loin. Et au célèbre restaurant "Aka Man Dolmare".

Le court-bouillon que concoctent avec leur secret ladite dame et ses commères bien gentill’aises, avec son racines, son banane jaune ou son riz-pois rouges est goûteux et bien tassé. Il attire chaque midi, depuis des décennies, aussi bien l'employé de banque cravaté avec BMW que le touriste qui s’aère en tongs et bermuda, qui côtoient des specimen de toutes nos couches sociales, villoises ou communales.

En attendant l’arrivée du plat toujours copieux, les clients s'arrosent d’ores et déjà de ti-punch, suivi de limonade ordinaire ou vin rouge pas cher, sur glace concassée-main, servie à la cuiller d’un seau à champagne. Cailloux-fraîcheur qui font bruitage en verre dans l’air du coin, quand on les fait tourner avec le doigt.

Le cadre de chez Man Dolmare est bien aéré, bâtisse créole en bois au confort ventilé de la mer proche, simplissime sous sa tôle, au ras des arbres à pain.

Il vaut mieux arriver et garer sur le coup de midi. Une inscription au mur prévient d’ailleurs de leur destin les arrivés tardifs :

«En Guadeloupe, le poisson se mange avec la tête, soyez patients».

Dominique, fille de la patronne, par ailleurs couturière de talent, prend votre argent et vous rend la monnaie avec un sukamant bleu, et un sourire doux qui vous tiendra debout tout l’après-midi.

Un cadre dont l'attrait ne se dément pas...
Mais, gare aux modernisations, aux subreptices additions de plasticotille moderne !…

{ {{J.S. Sahaï.}} }

_ Photo de l'auteur 2007,
_ Cliquer pour l'agrandir.

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