Ce mouvement de contestation, qualifié tantôt d'"activiste" tantôt de "Rouge-Vert-Noir" par les médias, témoigne non seulement d'un malaise identitaire mais aussi du refus de l'autorité de l'Etat français, mais aussi, ce qui est nouveau, des autorités politiques martiniquaises et s'agissant de la ville-capitale, du PPM qui la dirige depuis un demi-siècle. D'un refus sans concession puisque des manifestants sont allés jusqu'à placer une chaîne autour des reins du maire, D. Laguerre, tout en l'invectivant copieusement parce qu'il refusait leur injonction de se rendre au commissariat de Fort-de-France afin de demander la libération de l'un des leurs.
Qui sont ces "jeunes" (dixit les médias) entrés en rébellion ?
D'abord, on constate que si, en effet, ces manifestations comportent une majorité de jeunes, celle-ci n'est pas écrasante. Une bonne moitié des "activistes" est composée, à vue d'oeil, de gens âgés de 30 à 60 ans, voire plus. Ensuite, toujours à vue d'oeil, on note une forte présence du mouvement rasta lequel déploie son drapeau à côté de celui (rouge-vert-noir) de la Martinique au point qu'il est difficile de savoir si ce qui prédomine est le panafricanisme ou bien le nationalisme martiniquais. On constate également que ce sont toujours les mêmes 200 ou 300 personnes qui manifestent, le plus souvent pacifiquement pendant la journée, mais qu'elles sont débordées, en début de soirée, par des groupes non identifiés, parfois cagoulés, qui cherchent à en découdre avec les forces de l'ordre, s'en prennent au mobilier urbain ou pillent des magasins.
Qui sont ces "casseurs" ?
Difficile à dire mais une chose est claire : en noyautant les manifestations des activistes et en se livrant à pareils actes, ils contribuent à ternir celles-ci aux yeux des Martiniquais. Toutefois, leur existence même révèle quelque chose : il y a toute une fraction de notre jeunesse urbaine qui n'a plus rien à perdre, qui n'espère plus rien des politiques et qui ne croit en rien. Nos politiques auront beau publier des communiqués dénonçant les actes de vandalisme, si personne ne prend cette question à bras le corps et ne met pas en place des mesures autres que cosmétiques, les choses iront en empirant.
Quant au spectacle que donne l'édilité foyalaise, il est tout simplement affligeant : elle est aux abonnés absents. Tout simplement ! Alors que le Préfet et le Procureur de la République se sont rendus aux abords de la préfecture sur le coup des 2h du matin, personne n'y a vu D. Laguerre. Et le lendemain, on a pu lire sur sa page Facebook qu'"une délégation d'élus municipaux" est allée à la rencontre des commerçants dont les magasins avaient été pillés durant la nuit.
Ouais !...