Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

Le jeune garçon syrien et la mort

Raphaël CONFIANT
Le jeune garçon syrien et la mort

   Je veux dormir entre vos âmes foudroyées, sable gris et pierraille pour linceul, 

   ô pureté du ciel dans le jour qui s'effondre

   Je veux entendre la rumeur de vos pas, la litanie de vos rires intranquilles

   Le monde à notre entour n'existe plus,

   derrière son calme feinteur, il y a l'inénarrable déluge des bombes, des rockets, des missiles, la fureur orangée des éclairs artificiels

   Je veux dormir, ô père et toi mère éternelle, ma protectrice, mon étoile et tes deux pierres tombales

   entre vos âmes désormais figées,

   roulé dans le drap d'écarlate sombre qui ornait votre lit,

   Je sais que vous ne m'entendez plus, mais moi, je vous entends,

   En moi remonte peu à peu l'Obscur, l'Irréfragable

   Je ne suis point triste ni désespéré et cherche dans cette mort éphémère qu'est le sommeil

   un chemin ou un sens ou toute autre échappée-belle

   Je vous entends marcher souffle après souffle, indifférents désormais à la folie des hommes,

   au canon du char qui vous fixe de son œil inquisiteur, tout ce grotesque !

   Ces fumées d'avions, graffitis obscènes sur le visage du ciel, et leurs cargaisons d'oiseaux métalliques qui ne voleront qu'un bref instant avant d'irradier le sol

    Père ô Père, tu te tiens à mes côtés, j'éprouve ta douce chaleur, ta rudesse d'homme qui savait que la vie est un parchemin dont chaque méandre recèle l'Imprévisible

    Mère ô Mère, si je te tourne le dos, c'est pour me blottir contre ton sein comme l'enfant que je fus

    J'ai grandi en une nuit comme ces arbres magiques des contes hindous

    Ne prenez point chagrin de moi car je saurai vous suivre !

    Je m'inquiéterai de chacune de vos avancées dans les ténèbres

    Je m'efforcerai de conjurer les affres de l'absence, je chanterai, je rirai, je serai debout

    Ne m'abandonnez point, je ne vous abandonnerai pas !

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.