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Le Pays d’où l’on ne vient pas de Mérine Céco

Priscilla ("Blog "Livresque 78")
Le Pays d’où l’on ne vient pas de Mérine Céco

C’est le premier texte de Mérine Céco que je lis. Je crois me souvenir qu’elle avait connu beaucoup de succès avec D’autres vies sous la tienne. J’ai bien aimé découvrir cette autrice dont les thèmes de prédilection semblent être le sentiment d’appartenance et la quête d’identité.

Voici la quatrième de couverture :

De son père, Fèmi ne sait rien, ou presque. Face au silence de sa mère, la jeune Béninoise se lance à la recherche de ses origines. Après une étape en banlieue parisienne, elle gagne la Martinique, patrie de son père. Menant une enquête pour la réalisation d’un documentaire, Fèmi découvre une société en proie au malaise, traumatisée par la colonisation et l’esclavage qui rendent difficile la construction d’un récit sur ses origines.
Sur place, elle apprend l’arrivée d’une délégation, composée d’administratifs et de scientifiques. Leur objectif ? Effacer la mémoire collective et individuelle des habitants pour briser leurs revendications liées aux réparations de l’esclavage et à la néo- colonisation qui s’accélère. Se met alors en place une farouche rébellion féminine…

Du Bénin à Paris et de Paris aux Antilles, ce roman met en scène, entre amitiés, secrets de famille et souffrances, l’action de femmes décidées à forger un projet de vivre-ensemble compatible avec les tourments de la mémoire et les défis du présent.
Un roman sur le refus des identités assignées, la mémoire de l’esclavage, le racisme, les diasporas par une écrivaine antillaise remarquée.

Ce roman est une d’une grande originalité, parce qu’il lie la quête personnelle du personnage principal, à celle d’une île en crise et en proie à une situation digne de 1984 d’Orwell, à celle des femmes. Ce sont donc les questions de l’identité, du devoir de mémoire et du féminisme qui sont au cœur de l’intrigue.

J’ai été profondément touchée par l’histoire de ce peuple, que j’aime, que j’ai fréquenté assez régulièrement dans mon enfance, en France et là-bas, sur cette île paradisiaque, sans jamais me rendre compte de cette ambivalence, de cette déchirure entre l’attrait pour la métropole, la haine pour les maîtres des esclaves, l’envie d’appartenir encore à l’Afrique, et la colère envers ses Africains qui auraient vendu leurs propres frères. Comment dans ce cas, construire une identité propre aux Antilles, à la Martinique ?

A l’instar de cette île, Fèmi se sent incomplète, déchirée entre le Bénin qui l’a vue grandir, la Martinique qu’elle a rêvé à travers ce père qu’elle n’a jamais connu et la France, pays d’accueil parfois trop peu accueillant pour toutes ces cultures si différentes les unes des autres qui essaient de survivre ensemble au « pays de froidure ». Dans cette Martinique qui l’a toujours attirée, Fèmi ne se sent pas chez elle, car elle n’y est que la fille de la maîtresse, et en tant que telle, elle se sent indésirable. Comment se présenter ? Comment trouver sa famille, elle, qui n’est que la fille de sa mère ?

Dans ce contexte, l’autrice réunit ces deux destins grâce à une histoire effrayante de délégation qui, pour des raisons, que vous ne connaîtrez qu’à la fin du récit, tente d’effacer la mémoire sombre de l’esclavage des souvenirs des Martiniquais, officiellement pour les rendre plus heureux. Mais un peuple reste-t-il un peuple, sans son histoire, même douloureuse ? Une famille reste-t-elle une famille sans les histoires de ses ancêtres ? C’est contre cela que Sandrine, Da Léonie, Frida et Sonia vont se battre.

Des femmes, surtout. Des femmes seulement. Qui veulent profiter de l’absence de réactions des hommes pour rappeler qu’elles ne sont pas que des mères, qu’elles sont aussi la mémoire vive de cette île, qu’elles sont aussi l’intelligence fine et discrète des familles, qu’elles sont la force tranquille de toute famille et de tout peuple.

C’est une histoire riche de sens pour tous ces individus en nous qui cherchent à trouver leur place, dans leur famille, dans leur passé, dans leur pays. Les choix de l’autrice sont assez efficaces car le lecteur est autant pris par le désir de savoir comment la Martinique va se débarrasser de la délégation que par celui de savoir si Fèmi va retrouver les siens. Ce n’est pas un coup de cœur, mais c’est un livre que j’ai aimé découvrir et qui m’a poussée à me poser beaucoup de questions, sur une île que je pensais connaître. Et je pense que c’est salutaire…

Priscilla

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