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Le « Petit Blanc » des dernières colonies françaises

Le « Petit Blanc » des dernières colonies françaises

Aux colonies du temps jadis, on trouvait deux spécimen de coloniaux : les Grands Blancs et les Petits Blancs. Les premiers, hauts fonctionnaires ou hauts gradés de l’armée coloniale, tentaient de reproduire sous les Tropiques ou dans le Djebel, un certain style de vie aristocratique, voire monarchique, comme le décrivent les romans de Pierre Benoît ou Marguerite Duras première manière. Les seconds, piétaille de l’entreprise coloniale, au contact direct avec les indigènes, ne s’embarrassaient pas de tant de manières. Ils avaient quitté la « doulce France » non pas par goût de l’aventure ou passion humanitaire, mais parce qu’ils espéraient s’enrichir rapidement en faisant « suer le burnous ». Ce qu’ils firent magnifiquement en Indochine, en Algérie ou au Congo, par exemple.

A l’effondrement de l’Empire français, si les Grands Blancs purent se recaser assez facilement dans la Métropole, les Petits Blancs y furent plutôt mal accueillis et nombre d’entre eux durent se rabattre sur les confettis dudit empire, ce qu’on appelait à l’époque « les vieilles colonies » à savoir la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion. Vieilles colonies rebaptisées depuis 1946 « départements d’Outre-Mer » et depuis peu, de manière pompeuse et comique à la fois, D.F.A. (Départements français d’Amérique). Ils y trouvèrent une autre variété de « Petits Blancs » déjà installés, venus directement de la Métropole, pour la plupart enseignants, variété avec laquelle ils ne tardèrent pas à se mêler et progressivement à fusionner à compter des années 60-70 du siècle dernier. L’alliance de Bab-el-Oued et de Bécon-les-Bruyères en quelque sorte !

Qui est donc le « Petit Blanc » des dernières colonies françaises ? Quelle est sa mentalité ? Comment se comporte-t-il avec les ex-néo-indigènes ?

Il s’agit de quelqu’un qui, s’il était resté dans son trou de Bécon-les-Bruyères, de Hazebrouk ou de Roubaix-Tourcoing, n’aurait été qu’un quidam quelconque dont personne n’aurait jamais entendu parler. Ici, aux colonies, il est quelqu’un ou plutôt il se croit quelqu’un. Normal ! Il est invité dans les cocktails, il assiste ou participe à des conférences, il écrit dans les journaux et passe parfois à la télé, toutes choses dont il n’eut jamais pu rêver s’il était resté dans sa province natale. Rien de bien méchant dans tout ça puisque après tout, l’un des rôles des colonies, c’est bien de servir d’ascenseur social à tout ceux qui soit ont raté leur vie dans la métropole soit sont trop médiocres ou obscurs pour y réussir. Donc si Fort-de-France, Cayenne ou Basse-Terre permettent à des gens qui n’étaient rien chez eux de devenir des « quelqu’un », pourquoi pas ? Quel mal y a-t-il à cela ? Qu’un petit prof d’espagnol de Lagarenne-Vezon devienne une personnalité en pays colonial, qu’un universitaire qui n’a pas trouvé de poste dans l’Hexagone se rabatte sur les îles ou l’Amazonie, tant mieux au fond !

Le problème__et c’est là le hic du hic comme disait feu ma grand-mère__c’est que ces messieurs-dames veulent en remontrer aux indigènes. Certes, pas de manière aussi ouverte qu’au temps jadis puisque les temps ont changé et que « Black is beautiful ». Ces « Petits Blancs » vont donc s’avancer masqués. Dans un premier temps, ils vont multiplier courbettes et salamalecs devant ceux qu’ils ont repéré comme étant les chefs tribaux indigènes dans les différents domaines de la société (musique, littérature, peinture, syndicalisme, université, medias, politique etc.). Ils vont faire ami-ami avec ces chefs quitte à s’humilier plus bas que terre, quitte à jouer à la carpette ou à se transformer en porteurs d’eau bardés d’une obséquiosité dégoulinante. Bref, ils vont incarner l’image du « Bon Blanc », celui qui « aime les Nègres » ou qui « les comprend ». Certains pousseront même le zèle jusqu’à concubiner ou épouser des femmes du cru (pas trop foncées tout de même), histoire de se faire définitivement adopter. De « Pieds Noirs » ils deviendront « Pieds rouges », la plupart se disant « de gauche », voire d’extrême-gauche.

Mais, secrètement, ils vont dans le même temps tisser leur toile, s’arrangeant pour devenir indispensables à des postes-clé et ménageant tout le monde, ils finiront par se faire accepter par toutes les couches de la société. Par exemple, ils dîneront chez les Békés dont ils diront pis que pendre lorsqu’ils déjeuneront avec quelque gauchiste indigène, indigène gauchiste qu’ils ont descendu en flamme la veille à la table des mêmes Békés ! Bientôt, ils se retrouveront en position d’arbitre et commenceront à dispenser des avis, des conseils soi-disant neutres mais empreints d’une condescendance et d’un mépris mal dissimulé. C’est qu’au fil des années le « Petit Blanc » a pris de l’assurance. De péquenot, natif de Bécon-les-Bruyères qu’il était à son arrivée aux colonies, petit à petit il se vivra comme un intellectuel, voire une sommité intellectuelle, qui a son mot à dire sur tout et su rien parce que voulant « le bien des Nègres ».

A bien observer l’attitude du « Petit Blanc » moderne, par rapport à son ancêtre d’Indochine, d’Algérie ou du Congo, on notera que désormais, il fait un usage tous azimuts de l’humour. Tout est matière pour lui à plaisanter car « il ne faut rien prendre au tragique ». Vous êtes bien trop sérieux, messieurs les indigènes, avec vos histoires de réparation des crimes de l’esclavage, d’esclavage-crime contre l’humanité, d’autonomie ou d’indépendance ! Allons, tout ça c’est du passé ou c’est du farfelu. Nous vivons au troisième millénaire, bon sang ! Il faut sortir des vieux nationalismes d’antan et se vouloir des citoyens du monde luttant contre la mondialisation capitalistes et bla-bla-bla. Le tout entrelardé de blagues franchouillardes à trois balles et de ricanements faussement complices. Le « Petit Blanc » moderne est un marrant. Un p’tit marrant en plus d’être un grand condescendant. Il sait qu’il ne risque pas grand-chose. Aux colonies, les indigènes n’ont jamais ratonné personne et quand ils se sont révoltés, c’étaient parce qu’on les y avait acculés.

Mais après l’étape du condescendant et du marrant, le « Petit Blanc » cherche toujours forcément à franchir une troisième et ultime étape dans sa marche triomphale vers ce qu’il s’imagine être son destin : il va chercher à commander les Nègres. A leur dicter leur mode de vie. A contrôler leurs dires et leurs rêves. Pour ce faire, il usera de toutes les facilités liés aux différentes positions qu’il a pu acquérir ici et là grâce à son obséquiosité : il inondera la presse d’articles dénonciateurs dans lesquels il brandira haut et fort l’étendard des « droits de l’homme », oubliant comme par hasard que le premier des droits de l’homme, c’est d’être libre et donc de s’autogouverner, droit qui est dénié aux populations des pseudo-départements français d’Outre-Mer. Il militera dans les syndicats ou les organisations féministes, défilera avec les altermondialistes etc. tout en se ménageant secrètement des entrées dans les mieux bourgeois à travers les loges maçonniques et les clubs-service du genre Rotary-Club. D’une manière générale, le « Petit Blanc » usera de l’arme de la dissimulation, de l’hypocrisie, du mensonge, du double langage, de l’obséquiosité, de la veulerie, de la traîtrise, de la méchanceté gratuite, de la perversité, cela avec une maestria à nulle autre pareille. Bref, il cherchera à jouer gagnant sur tous les tableaux et y parviendra assez souvent tant la crédulité de certains indigènes, pour ne pas dire leur lâcheté, est grande chaque fois qu’ils se trouvent face à un représentant de « la race supérieure » comme l’écrivait le comte De Gobineau.

Car le « Petit Blanc » new-look possède des alliés, alliés sans lesquels il pourrait difficilement parvenir à ses fins. On en distingue au moins deux types : les Indigènes lobotomisés-colonisés-aliénés-assimilés d’une part et les Caldoches de couleur (pour la plupart africains) de l’autre. Les premiers sont le produit de bientôt quatre siècles de lavage de cerveau colonial. Atteints de viscosité mentale irrémédiable, ils sont prêts à tout pour se faire bien voir du « Petit Blanc », lui ouvrant toutes grandes les portes de leur maison, leur entreprise, leur association, leur syndicat, leur groupe de recherches, leur loge maçonnique, voire leur parti politique. Tout cela au nom de l’universalisme ! Comme si aux colonies, les grandes valeurs de l’humanité avaient cours ! Comme si quelqu’un qui est dépouillé du droit le plus élémentaire, à savoir celui d’être lui-même, pouvait se montrer humaniste ! Il faut dire aussi que l’indigène lobotomisé espère aussi ce faisant monter en grade, avancer dans sa carrière ou obtenir tel ou tel avantage matériel. Il fait la courte échelle au « Petit Blanc » en espérant que ce dernier lui rendra la pareille un jour.

La deuxième catégorie d’alliés du « Petit Blanc » est celle qui est composée des Caldoches noirs ou basanés. Africains, Maghrébins ou Asiatiques installés dans les dernières colonies, loin d’aider les indigènes à se libérer du joug français, ils contribuent au contraire à lui enfoncer la tête sous l’eau, alors même qu’ils sont bien contents et fiers que le Mali, la Tunisie ou le Vietnam soient devenus des pays indépendants. Autrement dit ce qui est bon pour leur ex-pays natal n’est pas bon pour la Martinique, la Guadeloupe ou la Guyane ! Ce faisant, ils se comportent exactement comme des Caldoches blancs et il n’y a aucune raison, au nom d’un noirisme imbécile, à leur pardonner ce comportement hostile à notre lutte pour la souveraineté nationale.

Ainsi donc, fort de ses différents alliés, sûr de son bon droit d’homme de gauche ou se prétendant tel, notre « Petit Blanc » new-look est toujours prêt à en découdre avec tous ceux d’entre les Indigènes qui refusent d’entrer dans leur jeu et qui rejettent leur esprit néo-colonialiste. Ils vont tout faire pour tenter de le salir et le discréditer aux yeux de l’opinion, le qualifiant à tour de bras d’agressif, de raciste ou d’anti-sémite. Sauf que l’Indigène rebelle en question n’a jamais ratonné un Blanc ou un Juif qui se balade dans les rues de Fort-de-France, Cayenne ou Basse-Terre, ni ne l’a agressé lorsqu’il bronze sur quelque plage de Saint-Anne ou se baigne dans le Maroni. Sauf que ce même Indigène rebelle, pour peu qu’il ait vécu quelque temps en France, n’a pas pu ne pas subir mépris, insultes, voire agressions physiques de la part des Français moyens, cousins germains des « Petits Blancs » des colonies.

Ce « Petit Blanc » est donc un monstre de culot et de mensonge. Et comme tous les monstres, eussent-ils sept ou trente-douze mille têtes, il faudra bien qu’un jour, il ait une fin apocalyptique.

Ah ! Avant de finir avec ce portrait forcément succinct (la réalité est bien pire !), il faut mentionner le goût du « Petit Blanc » pour les espèces sonnantes et trébuchantes. Tout lui est bon pour grappiller ici 100 euros, là 300 euros. Pour ce faire, il se bombardera traducteur de créole, rédacteur de guide gastronomique, organisateur de colloque etc…tout en évitant soigneusement__en dépit de son discours soi-disant de gauche__de faire la moindre action bénévole ou faiblement rémunératrice. Il faut bien se payer sur la bête, c’est-ce pas ? Arrivé sans un sou Vaillant, notre Vaillant missionnaire moderne va Pinailler sur la moindre pésette.

(Heureusement, un bon tiers des Français installés dans les dernières colonies n’ont pas la mentalité « Petit Blanc ». Ils respectent notre langue et notre culture et soutiennent notre combat pour la dignité sans jamais chercher à nous dire ce que nous devons ou ne devons pas faire. Certains Africains, Maghrébins et Asiatiques vivant chez nous sont aussi sur cette même position. ILS SONT ET SERONT, BIEN ENTENDU, TOUJOURS LES BIENVENUS.)

_ Raphaël CONFIANT
_ Décembre 2006

Commentaires

Alfred LARGANGE (non vérifié) | 05/02/2007 - 05:29 :
Est-ce à dire que les "Petits Blancs" se sont, dans leurs comportements (larbinismes et épousailles avec des femmes "pas trop foncées") et leurs stratégies (larbinisme, entrisme et construction de réseaux occultes), fondamentalement {{CRÉOLISÉS}} ? Il n'y a rien que l'on puisse reprocher aux "Petits Blancs" que l'on ne puisse retrouver chez les "Petits Nègres".
indigène (non vérifié) | 06/02/2007 - 01:38 :
pourquoi passer par le petit blanc pour éviter de dire votre haine du martiniquais, de vous mêmes? est ce de la lacheté? “ devant ceux qu’ils ont repéré comme étant les chefs tribaux indigènes dans les différents domaines de la société (musique, littérature, peinture, syndicalisme, université, medias, politique etc.)” «Certains pousseront même le zèle jusqu’à concubiner ou épouser des femmes du cru (pas trop foncées tout de même)» “gauchiste indigène, indigène gauchiste” “Aux colonies, les indigènes n’ont jamais ratonné personne et quand ils se sont révoltés, c’étaient parce qu’on les y avait acculés.” “ tant la crédulité de certains indigènes, pour ne pas dire leur lâcheté, est grande” “ les Indigènes lobotomisés-colonisés-aliénés-assimilés d’une part”
lila_benzid | 09/02/2007 - 05:41 :
Pour ma part je suis très sensible à ce texte. Arrivée en Martinique en 1995 épouse d'officier supérieur en poste à Fort de France pour deux ans, j'ai été accueillie par la communauté des épouses de militaires. Certaines ont cru bon de me "brieffer" sur la Martinique et les Martiniquais. En même temps que je découvrais un pays nouveau, je découvrais cette communauté pour laquelle là-bas, je devenais digne. Etant d'origine Algérienne, cette communauté m'était fermée en France. Il faut dire que je ne cherchais pas non plus à en faire partie... Tant de tentatives d'intégrations jalonnent mon existence, que je fini par ne plus chercher à m'intégrer nulle part. Il fallait entendre le brieffing auquel j'ai eu droit durant trois mois... De quoi passer deux années enfermée chez moi ou avec les gens de la condition qui devenait mienne là-bas. Là-bas je pouvais si je le voulais être blanche... Là-bas tout est possible quand on vient de France. Le problème c'est qu'en France en tant qu'immigrée tout m'a appris que blanche je ne l'étais pas. Issue de la population méprisée et pauvre, rejetée et refoulée en permanence, sans nationalité précise, j'ai du développer un sixieme sens ou une sorte de méfiance, ou un don d'observation aiguisée, je ne sais pas au juste. Toute fois, moi qui en France habitait une petite maison sans prétention ... moi qui suis née dans un gourbi d'indigènes en Algérie sur de la terre patinée à force d'avoir été battue, moi qui ait vécu mon enfance dans une cité provençale à peine salubre, je me suis retrouvée en Martinique dans une somptueuse maison avec domestiques et tout et tout... J'avais là de quoi me poser mille questions. je n'ai pas fait l'économie de ces questions et d'autant moins quand je regardais l'état du parc immobilier réservé aux Martiniquais en Martinique. Et bien sûr j'ai trouvé injuste que moi qui venait d'ailleurs, qui n'avait aucun lien à cette terre j'y vive mille fois mieux que les mères de famille Martiniquaises que je croisais à l'école où allaient mes enfants, alors qu'en France, moi que l'on traitait en beurette intégrée par le "cul" ou par le mariage en fonction des lieux, je vivais à peu près comme tout le monde. J'ai voulu creuser, comprendre pourquoi moi et pas elles. j'ai creusé, et j'ai eu honte, et j'ai tout fait durant deux ans pour ne plus avoir honte. J'ai déménagé pour moins somptueux, mais ô surprise, dans la résidence dans laquelle je me réinstallais en Martinique, il y avait une métro avec qui nous avions des connaissances communes dans la mesure où elle avait vécu elle aussi quelques temps de sa jeunesse dans la ville provençale de mon enfance... A l'énumération de nos connaissances communes (certains de mes copains de la cité avec qui elle partageait des goût pour toutes sortes de drogues et qui eux pour la plupart sont morts du SIDA) et à l'énumération des différents lieux de son existence il me fut facile de me rendre compte de sa petite condition quand elle vivait en France. Elle n'était pas allée longtemps à l'école, avait fait plusieurs tentatives d'apprentissage de petits métiers, mais en Martinique elle était de grande condition... Très belle demeure avec piscine et domestiques, un mari travaillant avec les maires de différentes communes lui permettant ainsi d'obtenir des marchés (elle était devenue maquéttiste) que les maquettistes Martiniquais ne pouvaient obtenir... J'ai eu à cette époque un ami Martiniquais maquettiste aussi, mais qui lui réapprovisionnait les rayons de coca-cola à Cora... Tout ça pour dire qu'elle était comme moi, en France nous n'étions rien pour ainsi dire et en Martinique nous étions deux dames de haute condition. J'ai mille et un souvenirs, mille et une histoires vécues qui vont dans le sens du texte de Raphaël Confiant, je les ai racontés, écrits en 1998, mais aucune maison d'édition n'a voulu les entendre... Je décrivais la complexité de la situation de dominante dans laquelle je me trouvais projetée en arrivant en Martinique alors que tout m'avait formatée, en France, par ma couleur de peau, ma condition d'immigrée Algérienne à n'être qu'une dominée. La Martinique m'a appris qui avaient été mes parents, comment on les avait traités en tant que colonisés quand je regardais les gens de Coridon ou ceux de Gondeau. Un choix s'est imposé à moi : perpétuer ou ne pas perpétuer de manière douce ce qu'avaient subi mes parents. Le plus facile aurait été sans doute que je fasse comme la majorité des métro, c'est à dire ne pas me poser les bonnes questions parce qu'il est dur d'entendre ou de regarder en face comment on construit notre confort, de manière plus ou moins consciente sur la douleur del'autre. Et parfois quand on se rend compte qu'on peut participer à sa misérable condition, pour s'en défendre on lui trouve mille tares... Hors de question pour moi de participer à la perpétuation de la colonisation... J'ai eu, comme tout un, chacun la chance de choisir mon coté de la domination... Parce que je me suis posé la question "pourquoi moi et pas elles" je suis partie riche de cette Martinique si bien qu'en me retrouvant à Papeete quelques huit ans plus tard, je n'ai pas perdu de temps, juste celui de passer d'une maison de milliardaire à une case sans prétention. J'ai milité tout de suite avec les mères de familles Tahitiennes, dont le doux écrasement par les poopa (métro de là_bas)est une indignité supplémentaire pour tous les indigènes des "DOM TOM"... Lila Benzid-Basset
lila_benzid | 09/02/2007 - 06:18 :
Juste corriger : j'ai eu, comme tout un chacun DES METRO, la chance de choisir mon côté de la domination. Lila Benzid-Basset
Firmin G. | 09/02/2007 - 13:20 :
Votre témoignage est très explicite et très éclairant sur la manière avec laquelle n'importe qui venu de l'extérieur, et qui n'était rien chez lui, devient tout de suite un nabab en Martinique. Cette possibilité d'ascension sociale fulgurante n'existe que dans les colonies. Un immigré algérien ou antillais qui s'installe en France passe généralement sa vie entière à toucher le SMIC et à galérer, hormis de rares cas de chanteurs ou de footballeurs. Mais là où le bât blesse encore plus, comme vous le soulignez, c'est quand de jeunes Antillais brillants, formés, diplômés et tout restent sur le carreau, pointent à l'ANPE, parce que ce genre d'oiseaux migrateurs, sans formation spécifique, joue de sa couleur, une fois arrivés en Martinique, pour obtenir des postes dont jamais ils n'auraient pu ne serait-ce que rêver dans leur pays. Enfin, le pire c'est que nombre d'Antillais n'y voient aucun inconvénient. Notre problème se situe là aussi : les nègres-banania. Par exemple, ces joueurs noirs qui s'époumonnent à chanter "La Marseillaise" à l'ouverture des matches de football de l'équipe de France alors que les joueurs blancs restent bouche fermée. Triste spectacle d'indigènes lobotomisés. En tout cas, bon courage à Tahiti auprès des femmes polynésiennes dont il est facile de deviner l'ampleur du combat qu'elles mènent pour sauvegarder leur dignité. Car garder cette dernière dans une colonie est l'une des choses les plus difficiles au monde. R.
lila_benzid | 09/02/2007 - 14:38 :
Je ne suis plus à Tahiti, je vis dans le Nord de la France en chomeuse à galère et tutti quanti... S'il y a une vraie résistance dans les diverses colonies françaises que j'ai pu approcher, c'est celle, comme vous le dites si justement, pour la dignité. Et ce qui est très formateur c'est de voir combien et ce que peuvent supporter les colonisé-e-s pour préserver leur dignité.
noko | 13/09/2007 - 03:13 :
Quel a été le soutien de votre mari ?
lescolibris | 28/06/2011 - 14:58 :
Je suis abasourdi par cette réthorique. Je ne me sens ni un petit blanc ni un grand blanc. Je sui arrivé en Martinique en 1977 suite à un divorce difficile et sur les conseils de mon ex employeur qui travaillait avec une société martiniquaise. J'étais le seul "blanc" dans cette société et je n'ai retrouvé mon niveau de salaire (d'en France) qu'en 1982 ... J'avais beaucoup voyagé pour mon travail dans de nombreuses régions française. Je me suis aperçu que la Martinique n'était pas une région française, mais n'était non plus tout à fait étrangère. Il y a de nombreuses régions en France où l'on se sent beaucoup plus "étranger" qu'en Martinique. Il est trop facile de citer le pays basque et l'Alsace, mais il y en a beaucoup d'autres. Au début j'ai eu d'énormes difficultés avec les békés mais aussi avec des martiniquais. Je pense que si le racisme n'existe pas, la xénophobie oui existe! Peu à peu, j'ai eu beaucoup d'amis (pas des békés ni des blancs , car je n'ai fréquenté que la "population générale"). Malheureusement, quelquefois j'avais l'impression d'être "le blanc de service". Puis je me suis (re)marié. Désolé, avec une femme normale dont la couleur de peau ne m'intéressait que parce qu'elle était belle. En fait elle est plutôt noire et comme moi "d'extraction" plutôt populaire. J'ai longtemps hésiter avant de me marier, je ne voulait pas ni interférer dans la vie d'une famille ni influencer le destin de la martinique (bien sûr à mon humble niveau). Pour la même raison, ce n'est qu'après mon mariage que je me suis inscrit sur les liste électorales en Martinique. Puis nous avons des enfants et tout le bonheur qui va avec. Je me souviens d'avoir été "outré" de propos qui me furent adressés lorsqu'un jour voulant protéger mon fils tout petit bébé du soleil qui dardait ce jour-là, je me suis fait insulté sous prétexte que je voulais "éclaircir la peau"! En fait, mon fils est plutôt foncé et ma fille un peu plus claire (ceci pour les autres, car moi, je ne vois aucune différence et, contrairement à ce que j'entend, cela est absolument vrai). Maintenant, je suis à la retraite, j'ai 2 petits enfants et je ne me suis jamais inquiété de leur couleur (tous deux plutôt foncés). Je ne comprends pas la fixation du texte sur "grand blanc et petit blanc". A mon avis, il y a les békés et... soit des gens normaux, soit des malades (tant français que martiniquais). Et cela est dû à la situation de la Martinique: ni française, ni vraiment colonie... en tout cas pas elle-même car subissant une domination dont elle voudrait se défaire et n'y arrive pas tout en sachant que si elle le voulait vraiment, elle le pourrait. Merci de votre compréhension.

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