Au Sénégal, pays de Senghor, des langues locales occupent une place importante que ce soit dans la vie courante ou sur internet. En effet, lors du 15eme Sommet de la Francophonie abrité par le Sénégal, les usages de la langue française étaient au cœur des débats. Bien que le français soit la langue officielle du Sénégal, force est de constater que le wolof reste omniprésent dans les échanges sociaux et commerciaux. A vrai dire, c'est la langue par excellence des affaires.
Le wolof, langue des affaires
''Il suffit de se placer aux artères des grands marchés de Dakar pour entendre les vendeurs de rue faire la promotion de leurs articles'', a déclaré Ismael Cabral Kambell, Chargé des Relations Publiques et événements de Jovago Afrique de l'Ouest.
Pour sa part, Harouna Ba, président de Jovago.com, un site de réservation hôtelière en Afrique de l'ouest, précise : '' Un résident francophone averti sait que parler français de premier abord à un marchand sénégalais, réduira ses chances de 50 % d'acquérir le produit au prix voulu. Tandis qu'un nouveau résident, s'il n'est pas accompagné d'un natif sénégalais, se fera parfois arnaqué par un vendeur qui lui proposera un prix de vente largement au-dessus de sa marge de bénéfice''.
Au Sénégal, le «waxalé» (la négociation en français) est obligatoire pour la moindre chose que vous voulez acheter ou quand vous voulez même prendre le taxi.
Cet état de fait inévitable pousse le vendeur et l'acheteur à s'engager parfois dans un sempiternelle «waxalé» qui s'apparente parfois à de la vente aux enchères : (moment précédant l'achat où le vendeur propose un premier prix que l'acheteur rabaisse automatiquement de 50 % pour conclure la transaction).
Cependant, l'issue du «waxalé» peut ne pas aboutir et entrainer parfois l'énervement de l'un ou de l'autre protagoniste ou alors, se conclure de manière favorable ou défavorable pour l'un ou l'autre.
Place de marché physiques et places de marché virtuelles
Comment ces dernières s'adaptent-elles aux réalités sénégalaises décryptées ci-dessus ? La réponse à cette interrogation n'est pas, à l'heure actuelle au bout des lèvres. Il serait pour l'instant difficile d'imaginer une plateforme de e-commerce en wolof où les transactions entre vendeurs et acheteurs s'effectueraient par vente aux enchères. Ce, malgré l'émergence notoire des e-services sur la toile Sénégalaise, notamment des « marketplaces » comme Kaymu.sn, un site web dont l'objectif est de représenter au mieux le marché local en termes d'offre de gamme de produit et de prix attractifs.
''Dans ce genre de marché, le «waxalé» est plutôt mis de côté. Car pour la plupart des « marketplaces » sénégalais, de petits outils permettent la conversation en wolof entre les internautes et un interlocuteur dédié afin de faciliter la compréhension de l'utilisation des plateformes de e-commerce au travers de systèmes de messagerie intégrés'', a renchéri, Ismael Cabral Kambell, Chargé des Relations Publiques et événements de Jovago Afrique de l'Ouest.
Dans un espace francophone, les entreprises évoluant dans le e-commerce n'ont de choix que d'adapter leurs services en fonction des réalités sociolinguistiques ; si celles-ci sont d'un critère déterminant pour toucher la cible voulue. Et c'est que l'on appelle la diversité linguistique dans la francophonie.
JB – www.rts.sn