Les affidés en question avaient omis de lui dire (à moins qu'ils ne le sussent pas vu le niveau de culture de la plupart d'entre eux) que l'usine qui produit ce sucre, celle du Galion donc, n'appartient plus aux Békés depuis un bon demi-siècle et même qu'elle est largement soutenue financièrement par les impôts des Nègres martiniquais via les collectivités locales. Cette action héroïque avait évidemment fait la Une des médias et le buzz sur les réseaux sociaux avec force vidéos à l'appui.
Or, voici qu'aujourd'hui, un pays africain, le Zimbabwe, décide de rembourser ses Békés à hauteur de 3,5 milliards de dollars ("milliards", pas "millions", vous avez bien lu !) en dédommagement de la saisie de leurs terres il y a une vingtaine d'années par le régime précédent, celui du président Robert Mugabe. Ce dernier avait, en effet, fait saisir les propriétés de 4.000 Blancs zimbabwéens (les cousins des Afrikaners racistes sud-africains soi-dit en passant) et les avait distribuées à des paysans noirs. Seulement cette mesure qui n'était que justice et réparation de l'appropriation scélérate des terres noires par les colons blancs au moment de la colonisation britannique, a fait chou blanc (sans mauvais jeu de mot). Pourquoi ? D'abord, parce que Mugabe n'avait pas la sagesse de Nelson Mandela. Des extrémistes noiristes n'ont cessé d'accuser ce dernier d'avoir pactisé avec les Békés sud-africains parce qu'il avait préféré une réforme agraire progressive (d'ailleurs non achevée à la date d'aujourd'hui) à une saisie spectaculaire de leurs biens tant agricoles qu'industriels. C'est que Mandela savait pertinemment que les Noirs, victimes de l'apartheid, n'étaient pas en mesure de remplacer tout de suite, au pied levé, les fermiers et entrepreneurs blancs. Il fallait préparer la relève noire de manière sérieuse au lieu de se livrer à des actes qui s'il satisfont l'ego, conduisent inévitablement à la catastrophe.
Mandela a eu raison : l'Afrique du sud post-apartheid ne s'est pas effondrée économiquement et la redistribution des terres et des usines se fait, sans doute trop lentement, mais elle se fait bel et bien. On ne change pas trois siècles et demi de colonisation en trois décennies ! A l'inverse, le bouillant Mugabe a plongé le Zimbabwe dans la désolation : de pays exportateur de denrées agricoles qu'il était, il a fini par devenir dépendant de...l'aide alimentaire internationale et l'inflation a atteint 1200% !!! Les terres des Békés zimbabwéens furent distribuées à des proches de Mugabe, souvent des chefs militaires, dépourvus de toute compétence à la fois agricole et entrepreneuriale, lesquels se sont mués au fil du temps en...Békés noirs. La compétence en moins !
Voilà qui devrait donner à méditer aux partisans de la souveraineté nationale martiniquaise ! Two présé pa ka fè jou ouvè...
Aujourd'hui, suite au renversement du régime Mugabe, le nouveau régime zimbabwéen opère un virage à 180% sur la question : il va rembourser des milliards de dollars aux Békés zimbabwéens qui furent dépossédés. Cela au moment où le pays est toujours et encore en pleine déroute financière ! Logiquement pareil geste aurait dû avoir suscité la colère d'Alexandre Capo-Chichi, dit Kémi Séba, et il aurait dû avoir débarqué toutes affaires cessantes à Harare, la capitale du Zimbabwe, pour tancer le gouvernement et l'obliger à faire machine arrière. Détenteur d'un passeport français, l'activiste ne risquerait rien du tout : il aurait juste et arrêté et remis illico presto dans un avion pour Paris.
Or, motus et bouche cousue chez notre grand panafricaniste !
Conclusion : il lui est beaucoup plus facile de venir mettre le souk dans une colonie française d'Amérique comme la Martinique, où il sait qu'il ne subira ni arrestation ni expulsion, que d'aller dans un pays africain souverain et d'agir de la sorte. S'emparer de trois sachets de sucre prétendument béké (mais en réalité financé par les Martiniquais) est beaucoup plus facile que d'aller contester les 3,5 milliards de dollars reversés aux Békés zimbabwéens.
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