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Le Zimbabwe rembourse 3,5 milliards de dollars aux Békés du pays et pourtant on n'entend pas Alexandre Capo-Chichi

Le Zimbabwe rembourse 3,5 milliards de dollars aux Békés du pays et pourtant on n'entend pas Alexandre Capo-Chichi

  Grand panafricaniste devant l'Eternel, Alexandre Capo-Chichi, alias Kémi Séba, était venu, avec des affidés locaux, saisir des sachets de "sucre béké" au supermarché de Génipa.

 Les affidés en question avaient omis de lui dire (à moins qu'ils ne le sussent pas vu le niveau de culture de la plupart d'entre eux) que l'usine qui produit ce sucre, celle du Galion donc, n'appartient plus aux Békés depuis un bon demi-siècle et même qu'elle est largement soutenue financièrement par les impôts des Nègres martiniquais via les collectivités locales. Cette action héroïque avait évidemment fait la Une des médias et le buzz sur les réseaux sociaux avec force vidéos à l'appui. 
 Or, voici qu'aujourd'hui, un pays africain, le Zimbabwe, décide de rembourser ses Békés à hauteur de 3,5 milliards de dollars ("milliards", pas "millions", vous avez bien lu !) en dédommagement de la saisie de leurs terres il y a une vingtaine d'années par le régime précédent, celui du président Robert Mugabe. Ce dernier avait, en effet, fait saisir les propriétés de 4.000 Blancs zimbabwéens (les cousins des Afrikaners racistes sud-africains soi-dit en passant) et les avait distribuées à des paysans noirs. Seulement cette mesure qui n'était que justice et réparation de l'appropriation scélérate des terres noires par les colons blancs au moment de la colonisation britannique, a fait chou blanc (sans mauvais jeu de mot). Pourquoi ? D'abord, parce que Mugabe n'avait pas la sagesse de Nelson Mandela. Des extrémistes noiristes n'ont cessé d'accuser ce dernier d'avoir pactisé avec les Békés sud-africains parce qu'il avait préféré une réforme agraire progressive (d'ailleurs non achevée à la date d'aujourd'hui) à une saisie spectaculaire de leurs biens tant agricoles qu'industriels. C'est que Mandela savait pertinemment que les Noirs, victimes de l'apartheid, n'étaient pas en mesure de remplacer tout de suite, au pied levé, les fermiers et entrepreneurs blancs. Il fallait préparer la relève noire de manière sérieuse au lieu de se livrer à des actes qui s'il satisfont l'ego, conduisent inévitablement à la catastrophe.
 Mandela a eu raison : l'Afrique du sud post-apartheid ne s'est pas effondrée économiquement et la redistribution des terres et des usines se fait, sans doute trop lentement, mais elle se fait bel et bien. On ne change pas trois siècles et demi de colonisation en trois décennies ! A l'inverse, le bouillant Mugabe a plongé le Zimbabwe dans la désolation : de pays exportateur de denrées agricoles qu'il était, il a fini par devenir dépendant de...l'aide alimentaire internationale et l'inflation a atteint 1200% !!! Les terres des Békés zimbabwéens furent distribuées à des proches de Mugabe, souvent des chefs militaires, dépourvus de toute compétence à la fois agricole et entrepreneuriale, lesquels se sont mués au fil du temps en...Békés noirs. La compétence en moins !
 Voilà qui devrait donner à méditer aux partisans de la souveraineté nationale martiniquaise ! Two présé pa ka fè jou ouvè...
 Aujourd'hui, suite au renversement du régime Mugabe, le nouveau régime zimbabwéen opère un virage à 180% sur la question : il va rembourser des milliards de dollars aux Békés zimbabwéens qui furent dépossédés. Cela au moment où le pays est toujours et encore en pleine déroute financière ! Logiquement pareil geste aurait dû avoir suscité la colère d'Alexandre Capo-Chichi, dit Kémi Séba, et il aurait dû avoir débarqué toutes affaires cessantes à Harare, la capitale du Zimbabwe, pour tancer le gouvernement et l'obliger à faire machine arrière. Détenteur d'un passeport français, l'activiste ne risquerait rien du tout : il aurait juste et arrêté et remis illico presto dans un avion pour Paris.  
   Or, motus et bouche cousue chez notre grand panafricaniste !
  Conclusion : il lui est beaucoup plus facile de venir mettre le souk dans une colonie française d'Amérique comme la Martinique, où il sait qu'il ne subira ni arrestation ni expulsion, que d'aller dans un pays africain souverain et d'agir de la sorte. S'emparer de trois sachets de sucre prétendument béké (mais en réalité financé par les Martiniquais) est beaucoup plus facile que d'aller contester les 3,5 milliards de dollars reversés aux Békés zimbabwéens. 

Commentaires

michel mirgan | 01/08/2020 - 15:13 :
Bien vu !!!
michel mirgan | 01/08/2020 - 15:19 :
Bien vu !!!
Frédéric C. | 24/08/2020 - 17:30 :
Oui, pas mal vu. Concernant K.Séba (il sé bat contre quoi, au fait?), mais aussi concernant les békés martiniquais. Car, qu'on le veuille ou pas, les békés sont des Martiniquais. Fraction importante de la classe dominante (foncière, industrielle et surtout commerciale, import-export, grande distribution, etc) et minorité ethnique, certes. Tentant des récupérations via "Tous créoles", mais ils ne sont pas tous suprémacistes pro-apartheid. Et sont-ils à mettre tous dans le même sac? Certains seraient partisans d'une ceinture douanière pour protéger la production mquaise et le marché intérieur (çà protégerait leurs profits, bien sûr, mais si on veut une production mquaise on ne peut pas leur dénier le droit à exister, sauf à entrer dans une logique racialiste qui serait une discrimination à rebours).. Une question qui se posera sans doute, et il faudrait s'en occuper autrement que par de vagues slogans. 1/Pour demain: faudra-t-il nationaliser, ou plutôt socialiser, les entreprises "békées" ou non (car il existe une bourgeoisie de couleur), l'import-export, la gde distribution, le grand capital foncier? Si oui, socialiser avec ou sans indemnisation? Ce n'est pas un détail, et c'est exactement le pb soulevé par l'auteur de l'article (même s'il ne le dit pas comme çà)? Faudra -t-il des Stés d'Economie Mixte (comme celle qui assure la production du Galion)? Quid de la dualité "plan-marché", puisque de toute façon il faudra une planification, qui ne sera pas forcément "à la la stalinienne", car merci on a déjà donné! Ne faudra-t-il pas une "mixité conflictuelle" entre le secteur productif public et le privé? Ces questions il faut les poser, car il faut préparer demain.... 2/Pour revenir à aujourd'hui, quand on parle de réparation par rapport au chlordécone, il la faut, oui, mais sous quelle forme? Des soins pour les malades, oui! De la prévention, oui! Un examen médical systématique pour toute la population, oui! Des examens scientifiques précis des terres (lesquelles?) par des équipes d'agronomes et de biochimistes, pour savoir exactement où on en est, afin de dépolluer: oui! Mais les morts, on les dédommage comment? "On" paie les membres de la famille au prorata? Cela promet des calculs et des chamailleries, mais bon! Et concrètement, qui paie: l'Etat? Ou les gros planteurs? Mais des moyens (voire des petits) planteurs n'ont-ils pas utilisé aussi un petit peu de chlordécone? Désolé si ce sont des questions qui fâchent... Pour revenir à Mandela, il n'a pas exproprié brutalement les gros Afrikaaners, mais on peut se demander si, au nom de l'"unité nationale", il n'y est pas allé de façon trop douce...

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