En effet, nous faisons semblant d'ignorer que le littoral martiniquais__autrefois appelé les "50 pas du Roy"__a été privatisé par la caste békée depuis des lustres. Ils y ont bâti leurs grosses villas avec appontements pour bateaux dans des anses où les "gens de couleur", hormis leurs serviteurs, n'ont pas accès. On pense tout de suite au Cap Est, surnommé "Békéland", mais c'est un peu partout le long de nos côtes et même de nos îlets.
Or, que faisons-nous contre cela ?
Nous accourons au vernissages de la Fondation CLEMENT. Nous plantons "le courbaril de la réconciliation" avec le plus riche d'entre les Békés, tout en clamant notre Négritude, et nous venons même quinze après, voir comment il a poussé et l'arroser. Nous votons à plus de 70% contre une poussière d'autonomie (Article 74). Nous fricotons avec "TOUS CREOLES" qui est un détournement de la Créolité comme le Duvaliérisme fut un détournement de la Négritude. Nous changeons de voiture tous les deux ou trois ans (alors que dans la "Mère-Patrie" chérie, on attend en moyenne cinq ou six ans) bien que toutes les concessions automobiles appartiennent à des Békés. Nous squattons les supermarchés de ces derniers bonmaten-anmidi-oswè tout en défilant dans rues aux cris de "Bétjé déwò ! Péyi-a sé pa ta yo, sé ta nou !".
Alors à quoi riment nos cris d'orfraie ?
A rien du tout ! A faire du cirque...
Alors de quoi nous plaignons-nous ?
