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LES IUFM DES ANTILLES-GUYANE COMPLICES DU GÉNOCIDE CULTUREL

LES IUFM DES ANTILLES-GUYANE COMPLICES DU GÉNOCIDE CULTUREL

Année après année, le phénomène s’accentue en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane : le nombre d’enseignants non-Antillo-Guyanais devient de plus en plus considérable. À tel point que dans certaines écoles, ils sont devenus majoritaires (comme dans une école maternelle de Rivière-Pilote, Martinique) ou constituent carrément la totalité du personnel enseignant (comme dans une école primaire de Saint-Anne, Martinique). Nous n’avons pas choisi de citer ces deux communes par hasard : elles sont dirigées par des indépendantistes. La première par le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais), la seconde par le MODEMAS (Mouvement des Démocrates et Écologistes Martiniquais pour la Souveraineté). Certes, ce ne sont pas les maires qui nomment les enseignants et ils n’ont aucun pouvoir à ce niveau, mais cela démontre tout de même à quel point, malgré nos discours radicaux, nous sommes devenus impuissants devant ce qui constitue une terrible menace pour l’intégrité même nos pays. En Guyane, ce phénomène est devenu si banal qu’il n’interpelle plus grand monde.

Car quel est le problème ?

Il n’est certainement pas racial. En effet, si la majorité de ces enseignants non-Antillo-Guyanais sont des Français blancs, on en trouve un certain nombre qui sont d’origine africaine, maghrébine, voire asiatique. Sans compter les «Négropolitains». Le problème n’est donc pas la couleur de peau ou l’ethnie de ces personnes. Il est ailleurs. Il s’agit d’un problème culturel. En effet, ces personnes sont amenées à se trouver devant des élèves dont ils ne parlent pas la langue (le créole, le bushinenge etc.) ni ne partagent la culture. Des élèves jeunes, très jeunes. Des presque bébés en classe de maternelle. Autant cela ne nous dérange pas du tout qu’un non-Antillais enseigne au collège, au lycée ou à l’université, autant il nous semble criminel qu’il exerce en maternelle et en primaire.

Il s’agit là, ni plus ni moins, d’un génocide culturel.

À Tahiti, qui est un TOM (Territoire d’Outre-Mer) et non un DOM (Département d’Outre-Mer) et qui dispose donc de pouvoirs plus élargis que les nôtres, il est interdit à un non-Tahitien d’enseigner au niveau de la maternelle et au primaire, l’enseignant non-Tahitien doit passer un certificat de langue et culture tahitiennes pour être en mesure de le faire. Aux Antilles et en Guyane, rien de tout cela ! L’enseignant non-Antillo-Guyanais débarque de Carcassonne, de Dakar, de Tunis ou de Créteil (s’il est Négropolitain), ne connaissant que « Sa ou fè ? » (comment ça va ?) en créole et ignorant ce qu’est un « zanndoli » (lézard), un « mannikou » (opossum) ou un « acoma » (arbre tropical) et est placé devant des élèves après une dérisoire stage de quelques heures sur la culture dite locale s’il sort d’une de nos trois IUFM ou sans rien du tout s’il est muté depuis l’Hexagone. Résultat : cet enseignant se croit en terre de mission. On est revenu au bon vieux temps de la colonie. Certes, les méthodes et les discours ont changé, mais le fond de la «mission civilisatrice» demeure identique. On ne vante plus «Nos ancêtres, les Gaulois» mais les «11 joueurs noirs de l’Équipe de France de Football» ou «Tel Domien qui a gagné ou a été finaliste de la Star-Academy». Il s’agit d’un assimilationnisme new-look. Post-moderne en quelque sorte. Nous ne parlons pas en l’air : il y a une école primaire de Guadeloupe, que nous n’aurons pas la cruauté de nommer, qui a fait afficher les photos des neuf joueurs guadeloupéens de l’équipe de France de football dans une salle de classe. Avant, il fallait donc être «Gaulois blond aux yeux bleus» ; aujourd’hui, on nous invite à devenir des «Gaulois noirs» comme Thuram ou Malouda. Et l’assimilationnisme négriste est plus dangereusement efficace que son alter ego du passé car il joue sur la complicité raciale pour faire passer ses messages.

Alors que pourrait-on faire pour arrêter cette marée assimilationniste ?

Les IUFM, qui seront bientôt intégrées à l’université et qui perdront une partie de leurs prérogatives de formation, pourraient avoir là une occasion de se relancer et de justifier leur utilité en organisant de vrais sessions de formation des enseignants non-Antillais à la langue et à la culture créoles et bushinenge. Pas ces mini-stages d’un jour et demi dont ils sont coutumiers et qui ne sont qu’une farce ou un paravent. Mais, hélas, nos IUFM sont bien trop occupées à batailler avec l’Université pour savoir qui avalera l’autre (alors que la loi dit que c’est l’université qui absorbe l’IUFM et pas l’inverse !) et leurs directeurs trop occupés à préserver leur pré carré et à soigner leur petite carrière de fonctionnaires d’autorité coloniaux pour examiner une telle proposition.

La seule qui permettrait de limiter la casse culturelle dont nous sommes les victimes.

Commentaires

le_toto | 26/09/2008 - 23:52 :
Nos petits Antillo-Guyanais passent en effet 6 heures par jour, 4 jours par semaine, 9 mois par an, avec des enseignants pas toujours du coin. Mais tout de même. Il reste les soirées, les mercredis, les week-ends, les vacances, et les années où ils tombent sur un 971/2/3. Ils passent beaucoup de temps avec les parents, la famille. Sans oublier les taties de l'école, qui ne brillent pas par l'éveil culturel qu'elles apportent à nos enfants ("pa bougé" ou autre "paix-là" sont leur quotidien). Cette diversité parfois apportée par l'enseignant métro ou autre non-local ne peut qu'éveiller l'enfant à l'autre, ce qui le fortifiera dans ce monde en mouvement.

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